qui dit élections, dit « fraudes »
Des agents de la CEI impliqués jusqu’à la moelle, des candidats qui vont à la compétition en misant sur la fraude, même les représentants de candidats qui se laissent acheter. C’est notre société elle-même qui a un problème avec la transparence et l’honnêteté parce que le poisson commence toujours à pourrir par la tête. Depuis la fin des élections, avez-vous entendu qu’un seul agent d’une CEI a été arrêté ? Avez-vous entendu qu’il y a eu une seule plainte contre un agent véreux ? Voilà la société qu’on veut laisser nos enfants…
Andre Silver Konan
Moronou, Véronique Aka accuse : « Il y a eu braquage, Affi n’est pas au-dessus des lois »
« Affi N’guessan a séquestré le président de la CEI locale de 14 heures à 22 heures », accuse Véronique Aka, candidate du PDCI qui soutient qu’il y a eu « braquage » dans la région du Moronou.
Les résultats des élections du Conseil régional du Moronou ont été finalement proclamés et ne sont pas en votre faveur. Quels sont vos commentaires?
– Il y a eu fraude. Affi N’guessan n’est pas à la hauteur. Il n’est pas normal qu’un ancien Premier ministre et président d’un parti puisse se comporter de cette façon.
Comment s’est-il comporté? Dites-nous ce qui s’est passé avant la proclamation des résultats?
– Affi N’guessan a fait bourrer les urnes. Dans un village qu’on appelle Assiaffiassou, on a pris un individu la main dans le sac.
Qu’est-ce qu’il tentait de faire?
– Il avait huit spécimens déjà préparés en faveur d’Affi N’Guessan et il s’apprêtait à les introduire dans les urnes. Il est aux mains de la gendarmerie. J’ai appelé Madame le préfet pour lui en parler. Elle m’a répondu que c’est une tentative de fraude. Mais j’ai plaidé pour qu’on le relaxe. La situation était telle que j’ai invité les uns et les autres à faire en sorte que le Moronou ne s’embrase pas. Entre temps, Affi N’Guessan a séquestré le président de la Cei de 14 heures à 22 heures.
Le président Affi N’guessan a séquestré le président de la CEI vraiment ?
– C’est ce qu’il a fait. Affi N’guessan a séquestré le président de la Cei. Madame le préfet a même appelé le président de la Cei lui demandant de proclamer les résultats. Mais celui-ci n’en était pas capable parce qu’enfermé avec Affi N’Guessan.
Dans quel objectif Affi N’guessan a-t-il agi ainsi. Voulait-il changer les résultats?
– Oui. Il a changé les résultats. D’ailleurs le 13 octobre, dès 17 heures, il a proclamé lui-même les résultats. Et on m’appelait de partout pour m’informer qu’Affi N’Guessan faisait la fête en ville. J’ai répondu que j’attendais les résultats proclamés par la CEI. Le 14 octobre à 11 heures, mes représentants à la CEI m’ont informée que j’ai été proclamée vainqueur avec un taux de 44, 19 contre 41 et plus.
Ces résultats ont même été transmis à Madame le préfet qui me les avait montrés en attendant de les transmettre au ministère une fois en possession du support. Malheureusement, c’était impossible de joindre le président de la CEI et pis, on ne pouvait plus circuler à Bongouanou à cause de la présence de plus de 500 jeunes gens armés de bois et autres. Pendant ce temps, Affi N’Guessan était avec le président de la CEI.
Aujourd’hui, est-ce que vous maintenez que c’est toujours vous la gagnante de ces élections?
– C’est moi qui ai remporté ces élections. Mes parents m’aiment dans le Moronou. Contre le président Ahoua N’Doli, j’ai gagné avec un taux de 78%. C’est une honte ce qui s’est passé. Je ne comprends pas qu’un ex-premier ministre et un président de parti puisse se comporter ainsi. C’est une honte.
En tant que mère, je ne peux pas cautionner qu’on puisse mettre des gens dans la rue. Non je ne peux pas cautionner cela. Je ne peux pas cautionner qu’il y ait un affrontement. C’est pour cela d’ailleurs que j’ai refusé de faire sortir mes partisans.
Vous dites que c’est vous la gagnante. Est-ce que vous avez des documents qui justifient votre victoire?
– J’ai tous mes documents mais je n’ai pas envie de faire de recours. Qu’Affi N’guessan prenne la région et on verra ce qu’il est capable de faire.
La loi vous donne la possibilité de faire une réclamation?
– Je suis sidérée. On ne peut pas me dire que je suis vainqueur et le lendemain on me dit il faut faire attention. Pour moi, quand on ne peut pas aller aux élections, il ne faut pas y aller. Affi N’Guessan savait qui il affrontait. Il sait qu’avec moi, il ne pouvait pas gagner. Sa seule possibilité, compter sur la fraude. Et puis, il dit des contrevérités.
Sur le document final, avez-vous apposé votre signature?
– Non. Il a signé tout seul avec le président de la CEI qu’il a obligé à signer. C’est du jamais vu. Même le représentant du préfet n’a pu signer. Affi N’Guessan seul a sa signature sur le document. Je ne comprends pas comment la Côte d’Ivoire peut proclamer de tels résultats.
Le président de la CEI dont vous parlez a-t-il fait des révélations?
– On l’a interrogé et il a demandé que madame le préfet puisse proclamer les résultats parce qu’il ne peut pas le faire. Madame le préfet a dit, moi aussi, je ne peux pas parce que ce n’est pas de mon ressort de proclamer les résultats. Il m’a dit qu’il a téléphoné à la CEI de ne pas proclamer les résultats qu’elle a reçus parce qu’il y a des problèmes dans le Moronou. C’était en ma présence.
Avez-vous eu l’impression que les gens n’ont pas voulu prendre leurs responsabilités?
– J’ai senti que la vie de Madame le préfet était en danger. Pour des élections locales, il y a des troubles je me demande ce qui va se passer en 2020.
Voulez-vous qu’on vous donne votre victoire ou réclamez-vous la reprise des élections?
– Je veux qu’on reprenne ces élections pour qu’Affi sache qu’il a quelqu’un en face. Et je souhaite que ces élections se fassent en présence d’observateurs. Mes parents m’aiment. Et cette situation me fait de la peine.
Soutenez-vous que ces résultats ne sont pas exacts?
– Il y a eu un braquage. Affi N’Guessan n’est pas au-dessus de la loi. Je l’ai démystifié parce qu’il n’est plus rien dans le Moronou.
NDLR : La réaction de Pascal Affi N’Guessan, déclaré élu par la CEI, est attendue.
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Un des éléments de preuve: voici le document sorti du conclave entre Affi et le président de la CEI, à l’exclusion des représentants des autres candidats.C’est ce document qui donne Affi N’Guessan gagnant. Il ne comporte que la signature du président du FPI lui-même.
En l’examinant vous constaterez que le total des voix qu’on lui attribue ne correspond pas à la somme des chiffres donnés dans le détail. Au lieu de trouver 26036 voix on affiche 27389 voix.
Il y a indubitablement manipulation en faveur de Pascal Affi N’Guessan.
Côte d’Ivoire Lucide
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Voilà ce qui était dit du duel Affi/Véronique AKA, avant les élections. Décrite comme une personne aux finances bien établies, j’ai lu aussi qu’elle aurait acheté certaines personnes…
Pascal Affi N’guessan, député FPI de Bongouanou affrontera Véronique Aka, candidate du PDCI, au conseil régional du Moronou.
L’ancien premier ministre de Laurent Gbagbo joue gros face à une dame qui a une véritable assise tant financière que populaire dans la région. En 2013, lors des élections régionales, elle avait battu Théophile N’Doli Ahoua, candidat du RHDP, alors directeur de cabinet de Daniel Kablan Duncan et soutenu par ce dernier, ainsi que par le président Alassane Ouattara. Affi est certes député de Bongouanou, mais il prend un gros risque politique, en affrontant Véronique Aka, d’autant que son parti politique est divisé et dans une région où celle-ci compte de puissants appuis.
Mais la candidate du PDCI qui a glané les victoires électorales ces dernières années aura face à elle, un candidat de poids. Quand bien même son parti est divisé, Affi N’Guessan avait fait son meilleur score dans le Moronou, lors de la présidentielle de 2015 où il affrontait Alassane Ouattara. Ce dernier avait gagné dans toutes les régions du pays, sauf dans le Moronou où Affi l’avait emporté avec 54.06% des voix contre 41.97% pour Ouattara et 9% à l’échelle natioanle.
Quant à Véronique Aka, en plus d’être la présidente sortante du conseil régional du Moronou, députée de M’Batto et présidente de L’UFPDCI rurale, est connue pour sa générosité et son contact facile avec la population. Un atout qui plaide en sa faveur. C’est donc peu dire que de soutenir que Pascal Affi N’Guessan joue sa carrière politique dans ce scrutin.
Roxane Ouattara