Quand un Super-héros snipper n’a qu’une vie, et la perd dans une vraie guerre
Rubrique : la guerre ça tue.
Le délire guerrier qui a saisi l’Occident prend des formes pitoyables. Déformés par des guerres inégales (que l’Occident arrive pourtant à perdre comme en Afghanistan), par les jeux vidéo, et par un narratif inepte concernant l’armée russe présentée comme « enlisée » en Ukraine, les journalistes et des têtes brûlées s’imaginent que la guerre c’est facile et poétique.
Le Figaro se signale avec un article hagiographique désolant, à propos d’un « Warrior » canadien qui passe son temps à se mettre en scène. Enfin, qui passait son temps car a priori l’armée russe et Daesh ce n’est pas la même musique.« Lorsque Wali franchit la frontière ukrainienne le 3 mars dernier, sa renommée le suit de près. Dans les médias anglo-saxons, on annonce en grande pompe l’arrivée aux côtés des forces ukrainiennes du meilleur tireur d’élite du monde. « Et de l’univers», plaisante le Canadien, dont le vrai prénom est Olivier.
Sur les réseaux sociaux, on raconte qu’il est capable de tuer quarante hommes par jour. Il aurait également abattu un combattant de l’État islamique à plus de trois kilomètres de distance au Kurdistan irakien. Un nouveau Vassili Grigorievitch Zaïtsev, le héros de Stalingrad, mais cette fois-ci dans sa version canado-ukrainienne ?
« C’est le récit hollywoodien au service de la guerre», commente l’intéressé avec son accent québécois. L’évocation de ses prétendus exploits militaires le fait sourire. Ni très grand, ni très musclé, il se décrit même comme l’exact inverse du stéréotype du soldat. « Peut-être que c’est cela qui me rend si intéressant ?», s’amuse-t-il encore. »
Hollywood c’est bien joli, mais en attendant confirmation définitive, on dirait bien que le portrait de celui qui était capable de « livrer 40 morts par jour » s’est rapidement transformé en notice nécrologique.« Le sniper Wali canadien surnommé le sniper le plus meurtrier du monde est mort. Tué par les forces spéciales russes seulement 20 minutes après être entré en action à Mariupol, en Ukraine. »
Eh oui, la guerre ça n’est pas un jeu vidéo ou un blockbuster d’Hollywood. Surtout quand Vassili Zaïtsev est en face des Rambos d’opérette, il ne faut pas l’oublier. On peut imaginer que le cinéma qui avait entouré son arrivée en Ukraine en avait fait une cible privilégiée pour les services spéciaux russes. Qui lisent la presse et consultent les réseaux…
Comme l’avait oublié le malheureux volontaire français arrivé à Yaroviv la base d’entraînement de l’OTAN pulvérisée par des frappes russes. Qui a eu la chance de survivre et bien raison de rentrer chez lui.
Et on conseillera à tous les excités qui veulent aller casser du slave d’être prudents et d’arrêter de se mettre en scène en donnant tous les renseignements pour se faire repérer et démolir.Et ce serait bien d’arrêter de dire et de faire n’importe quoi. La guerre ça tue et c’est moche. Alors regardons les choses en face, et arrêtons de prendre nos désirs pour des réalités.
Régis de Castelnau