Quand Sangaré parle d’Affi N’Guessan
Conférence de presse : Intégralité des échanges entre Sangaré et les journalistes, à propos des élections d’Affi, etc…cet extrait dérange énormément les communicateurs de Pascal Affi N’guessan.
Le président par intérim du parti de Gbagbo, Sangaré Abou Drahamane, a animé une conférence de presse hier jeudi 15 février 2018, à la Résidence privée du Président Laurent Gbagbo sise à la Riviera Golf à Cocody. Après ses propos liminaires qui ont duré 30 minutes, il s’est prêté aux questions de la presse nationale et internationale. Ci-dessous, l’intégralité de ses échanges avec les journalistes.
Est-ce que vous exigez que vos conditions soient remplies avant toute participation de votre parti aux élections ?
– Nous ne voulons pas poser les problèmes en termes de préalable ou de condition. On était à un moment où on avait dit qu’on ne va pas aux élections. On dit avant de savoir quel type de véhicule vous voulez avoir, vous devez savoir où vous voulez aller. Si je vais à Cocody, je ne vais pas prendre le même véhicule que lors que je veux aller dans le pays Wê. Il ne faut pas être dans la posture de l’homme qui se jette dans la piscine sans savoir s’il y a de l’eau ou pas. En Côte d’Ivoire, on est toujours sur les effets, on ne voit jamais les causes. Vous avez un enfant qui fait la fièvre, vous faites venir un médecin, celui-ci prend la température de l’enfant avec un thermomètre et après le père casse le thermomètre et il dit que l’enfant est guéri. Est-ce que c’est cassant le thermomètre qu’on fait baisser la fièvre ? Non !
Nous ne sommes plus dans une position où il faut aller ou non aux élections ! Maintenant nous abordons les causes. Le Fpi est un parti qui a les candidats, qui a un projet de société, un programme de gouvernement, qui a une expertise avérée en matière électorale. Il y a des candidats qui connaissent le terrain. Donc nous sommes pour les élections. Nous somme un parti des élections. Mais pas n’importe quelles élections. Et nous allons nous battre pour qu’il n’y ait pas n’importe quelle élection en Côte d’Ivoire. Et aujourd’hui, nous avons deux éléments avec nous. La résolution des Nations unies et la décision de la Cour africaine des droits de l’homme et des peuples, qui nous donnent raison dans notre comportement. Le Fpi ne sera jamais l’accompagnateur docile et servile du régime Ouattara ! (applaudissement).
Si le Fpi va à des élections, ce n’est pas pour témoigner, c’est pour gagner ! Et nous avons les moyens de gagner, on le sait. Même si on tient compte de leur sondage qui donne 12% à M. Ouattara et 33% à M. Bédié. Je ne sais pas si c’est vrai, mais si je m’en tiens à cela, ça fait 45%. Les 55% là, c’est «Gbagbo kafissa». C’est n’est donc plus un problème de préalable ou de condition. A la présentation des vœux, j’ai demandé poliment au pouvoir Ouattara de s’asseoir et de discuter de la Côte d’Ivoire. Parce que pour nous, les élections à venir ne sont pas n’importe quelles élections. C’est la présidentielle anticipée. On veut se donner un tableau de bord, un baromètre pour 2020. Face à cela, nous ne pouvons pas nous taire à jamais.
2018 prépare 2020. 2018, n’es pas la fin d’un cycle. Parce qu’on pourra dire que «vous ne vous êtes pas présenté en 2015 pourquoi vous intéressés maintenant ? Pourquoi vous voulez poser le problème maintenant ?» Non ! 2018 commence un nouveau cycle jusqu’en 2020. C’est pourquoi nous ne pouvons pas laisser passer cela. Comme on dit dans les mariages, ou on dénonce le mariage ou on se tait à jamais. Nous n’avons encore donné de mot d’ordre. Donc comme lors de la présentation des vœux, aujourd’hui encore je dis « asseyons-nous et discutons » pour la Côte d’Ivoire. Nous tenons à ces discussions-là. En 2010, le Président Laurent Gbagbo a dit : « recomptons les voix ». C’était une façon d’inviter à la discussion. Le connaissant, comme il a gagné les élections, il allait faire un compromis pour associer les autres.
En 2018, nous venons encore dire: «asseyons-nous et discutons». Il ne faut pas qu’on se trompe. On était plus forts en 2010. On était assis sur un carnet d’adresses, on était assis à l’abri des dominants de ce monde, qui sont une assurance tout risque pour ce régime. Pour la Côte d’Ivoire, tous les compromis sont possibles. Pour la Côte d’Ivoire toutes les concertations sont possibles. Nous voulons des élections justes, inclusives et transparentes. C’est notre position.
En terme stratégique, envisagez-vous une collaboration avec la tendance Affi dans le sens électoral ?
– Messiers les journalistes, il n’y a pas de tendance Fpi. Quand on pose le problème d’Affi, je suis le premier attristé. Parce que les camarades du Fpi m’ont fait confiance. Et puis Affi a pu marcher comme ça ! C’est moi qui aie calmé les militants du Fpi. Et j’ai demandé de tout faire pour lui faire confiance. Parce que je continuais à lui faire confiance. Mais le Fpi, ce sont les textes aussi. On m’appelle le Gardien du temple. Mais les véritables gardiens du temple sont là ! Ce sont les membres du Comité de contrôle. Nous avons les statuts et le règlement intérieur. Le Fpi, sur cette affaire, a fait un large débat démocratique. Malgré tout ça Affi s’assoit tout seul pour mettre en place un Secrétariat général. Il touche même à des symboles comme Akoun ! Qu’on le veille ou pas, quand même en Côte d’Ivoire, Laurent Akoun c’est un symbole du militantisme et du syndicalisme.
Il touche à tous les symboles et on regarde faire. Il nomme un représentant du Fpi à la Cei, mais on regarde faire. Il va au Comité central où il est mis en minorité. Mais il dit : « non, je maintiens ma décision ». C’est quel Fpi çà, qu’on ne connait pas ? Les camarades, courageusement, en fonction de la ligne qu’on s’est donné, se réunissent le jeudi 5 mars 2015, en Comité central extraordinaire, sur la base de nos textes. Ils me font l’honneur et l’amitié, alors que je n’étais même pas là puisque j’étais aux assises, en me demandant d’assurer l’intérim en attendant un Congrès du parti.
Le 30 avril 2015, nous sommes allés à Mama. Où nous avons tenu le Congrès extraordinaire. Puisque (certains) voulait tourner la page de Laurent Gbagbo, nous avons intronisé Laurent Gbagbo. A Mama, on a mis en place une nouvelle direction. (Ils ont) voulu voler l’espérance, nous avons refusé. Nous avons repris le droit en l’avenir. Et après cela, (ils disent) qu’on est des frères.
Or un frère ne peut pas écrire au ministre de l’Intérieur pour demander de mettre des frères en prison. Si c’est ça la fraternité, je le regrette ! Oulaye en prison, c’est le fait d’Affi. Lida en prison, c’est le fait d’Affi. Assoa Adou en prison, c’est le fait d’Affi. Les jeune Koua Justin et Dahi Nestor qui viennent de sortir de prison après 30 mois c’est le fait d’Affi. Chers amis, le socialisme, c’est la solidarité et le partage. Je ne peux pas comprendre cela. Les amis, je vais vous le dire, l’union pour l’union, moi je n’y crois pas.
L’union ne se déclare pas en disant : «ne nous divisons pas». L’union est confiance. L’union n’est pas méfiance. L’union c’est la vision partagée. L’union sans la vision partagée est faiblesse. L’union dans la vision partagée est force. On a notre ligne indépendantiste et souverainisme. Certains disent : «Non, ce sont les Blancs qui font les chefs d’Etat en Afrique. Le peuple, je m’en occupe après ».
Mais le Fpi ne peut pas parler comme ça. Donc, ne pensons pas que, forcement, en mettant le bon grain et l’ivraie ensemble, ça va bien. On a toujours séparé le bon grain et l’ivrai. Et puis nous avons un dénominateur commun au Fpi. Quelqu’un à qui on ne doit pas parler n’importe comment. On ne peut pas toucher à Laurent Gbagbo n’importe comment au Fpi. Alors quand à Abengourou, M. Affi N’guessan nous dit et je le cite : «Laurent Gbagbo est dans un cercueil qu’on conduit au cimetière. Je ne comprends pas que certains orphelins s’accrochent désespérément au cercueil en sachant bien qu’il va être enterré. Pour moi on ne fait pas la politique avec l’émotion. On doit être capable de dépasser les émotions et avoir le courage de tourner la page quand c’est nécessaire pour continuer la lutte.», chers amis, moi je suis dans l’émotion. Je suis socialiste. Un socialiste qui ne s’émeut pas n’est pas socialiste.
Aujourd’hui, on parle de droit humanitaire. En 1864, quand Henri Dunant est parti sur le terrain à Solferino, c’est à partir de là qu’il a donné naissance au droit humanitaire. Aujourd’hui c’est lui le fondateur de la Croix rouge. C’est parce qu’il y avait de l’émotion. Et puis Senghor dit que «l’émotion est nègre», et comme moi je suis nègre je suis donc émotion. Même le président Laurent Gbagbo pour qui nous avons tant de respect et de considération a été mis en minorité au Fpi et il s’est incliné. Si un Congrès fait quelque chose, seul un Congrès peut défaire ce qui a été fait. Je ne suis donc plus rien dans ce dossier-là. Il y a Comité de contrôle, on peut le saisir.
Ce que j’ai pu faire, c’est qu’au Congrès de Mama, on est venu me présenter une liste de personnes à exclure. J’ai dit non, les camarades-là laissez les, ils peuvent revenir. Seul Affi a créé un problème. Lui-même a dit qu’il a dérangé quelque chose. S’il ne peut pas arranger ce qu’il a dérangé, c’est son problème. Donc il faut exclure Affi, pas les autres. Ils savent comment revenir. Mais de grâce il n’y pas deux Fpi. Il y a peut-être le Fpi de Ouattara et le Fpi de la Côte d’Ivoire (applaudissement). Quand je vais sur le terrain le peuple ne me demande pas pourquoi je ne viens pas avec Affi. Le peuple est là. Il ne m’attend pas parce que je suis Sangaré. C’est parce que je représente Laurent Gbagbo. Le problème de logo et autre, pour moi c’est sur le terrain qu’on règle cela. Ouattara peut choisir son Fpi, mais nous savons que nous sommes dans le cœur des populations de Côte d’ivoire (applaudissements). Il faut aller de l’avant. Nous sommes les enfants de «devant dougou» et nous allons de l’avant.
Lors d’un meeting à Koumassi, le ministre Cissé Bacongo a invité la direction du Rdr à s’approcher de vous en vu d’un dialogue. Quelle est votre réaction sur cette main tendue?
– Pour cette question, je n’ai pas été saisi officiellement d’une demande du Rdr. Je l’ai lu comme vous dans les journaux. Donc je n’ai rien à dire sur ce sujet.
Il y a une ordonnance qui a été prise hier (mercredi 14 février 2018) au Conseil des ministres, qui annonce l’organisation des élections sénatoriales avant les municipales et les régionales. Quelle est votre position sur cette question ?
– Pour nous, la question reste la même. Quel que soit le type d’élection, asseyons-nous et discutons. Le Fpi est une force tranquille. Je n’aime pas menacer. Je n’aime pas donner d’injonction ni d’ordre au pouvoir. Quand on détient la force tranquille, il faut aller tranquillement. Vous voyez que ceux qui sont experts en art martiaux sont très calmes. Ils sont très calmes. Ils se fâchent rarement. Je connais aujourd’hui l’audience de ce parti à cause du Président Laurent Gbagbo. Il y a beaucoup de mécontentement. Nous essayons de calmer les uns et les autres. Car nous sommes arrêtés sur une marmite qui bouillonne. Il ne faut pas faire sauter le couvercle. C’est pourquoi nous lançons encore des appels à discuter, des appels à négocier. Nous continuons de lancer cet appel. Je l’ai fait lors de la présentation des vœux. Je le fait aujourd’hui. Nous allons regarder. Si le pouvoir qui ne connait que le passage en force veut faire le passage en force, on verra bien. Mais soyez certains qu’au Fpi, nous sommes assis sur nos convictions. Personne ne peut nous enlever nos convictions. On n’est jamais le plus fort dans un combat. La force des armes n’est pas la force. Nous avons les armes démocratiques que nous allons utiliser. Nous allons mener le combat que nous devons mener. Parce que je pense qu’on ne peut pas s’asseoir dans un bureau pour faire des élections en Côte d’Ivoire. On ne peut pas vouloir être plus fort que les autres. On peut avoir une armée prête à tirer. Mais dans l’histoire des peuples, les peuples ont toujours triomphé. Et nous allons triompher dans ce combat-là. Sangaré, Akoun, Boubakar… peuvent ne pas être là, mais les convictions seront toujours là. (…).
Sangaré c’est un nom, Akoun c’est un nom, Boubakar c’est un nom. Tout le monde peut porter ce nom, tout le monde peut porter ce maillot, mais il ne faut pas le salir. Ce maillot-là, on doit le mouiller. On ne doit pas le salir. Il est floqué par le nom du président Laurent Gbagbo, un homme intègre, un homme honnête. On ne doit pas faire n’importe quoi avec ce maillot. Et moi je reste toujours confiant. Ce sont les camarades qui se sont réunis pour me mettre à la tête de façon intérimaire et je ferai tout pour qu’ils puisent continuer de me faire confiance.
Vous nous avez lu un mémorandum sur les élections. Mais est-ce que c’est nouveau ? Est-ce que c’est la première fois que vous adressez un tel document à Ouattara qui appelle à la discussion ? Parce qu’il y en a qui disent que vous n’avez jamais voulu discuter avec le pouvoir. Et que c’est cette attitude de va-t-en guerre qui a envoyé le président Gbagbo à La Haye.
– Dernièrement nous en avons discuté. Depuis l’opposition nous en avons eu. Mais nous sommes un parti pédagogue. La répétition est pédagogique. Quand un chef se bat, il donne les raisons de sa bataille et il évalue ses troupes. Pour nous battre, nous allons donner les raisons de notre bataille d’abord. Nous allons continuer à sensibiliser le peuple de Côte d’Ivoire. Les positions va-en-guerre ne me dérangent pas. S’il y a des modérés, il faut qu’il y ait des radicaux. S’il y a des va-t-en paix, il faut qu’il y ait des va-t-en guerre. La vie c’est comme ça. C’est le président Laurent Gbagbo qui dit qu’il ne fait pas la politique selon l’humeur du voisin du palier. Moi je fais tout pour être conforme à mes convictions. Il y en a qui, quand ils viennent vous voir, comme ils savent ce que vous allez dire, ils disent que vous êtes radical. Moi, les étiquettes, je les jette à la mer. Ce n’est pas le plus important.
Dès les premiers moments où Affi N’guessan avait commencé à dévier, le Comité central avait voulu le suspendre, vous avez dit non. Est-ce qu’aujourd’hui vous n’avez pas le sentiment d’avoir opéré un mauvais choix ?
– A un moment donné, la bataille d’Affi N’guessan était quand même exemplaire. Dans l’opposition, il a été maire à Bongouanou dans un contexte difficile. Étant maire à Bongouanou et parce qu’il était Fpi, on l’a affecté à Bouaké en surnombre. C’est-à-dire qu’on l’a affecté alors qu’il n’y avait pas de poste. Il faisait la navette entre Bouaké, Abidjan et Bongouanou. Parce qu’il fallait assister aux réunions du Fpi et être aux côtés des populations de Bongouanou dont il était maire. Donc au moment précis, on a fait le choix. Le cas Affi me fait de la peine. Mais on ne peut pas faire plus. A ce Comité central-là, j’ai dit aux militants de laisser passer. J’ai demandé à Akoun d’apaiser les débats en demandant au Comité central de laisser passer parce que je tenais vraiment à accompagner Affi. Parce qu’il tenait une responsabilité là où il était. Mais à un moment donné, quand ça ne va pas, il faut dire que ça ne va pas. On doit savoir dire non au lieu de rester dans une unité de façade. Ce n’est pas dans mes habitudes.
Quelle suite allez-vous donner à cette conférence de presse ?
– Pour le moment nous sommes dans une phase de sensibilisation et d’explication. 45 délégations vont aller sur le terrain à Abidjan et autour d’Abidjan. Et de proche en proche, on va gagner le pays. Et après nous allons saisir les chancelleries, les pays, les organisations internationales de la défense des droits humains. Le Secrétaire général a déjà commencé à rencontrer nos structures (les femmes, les jeunes, les structures d’activité, les fédérations) pour donner le message. C’est seulement après tout cela qu’on verra ce qu’il faut faire.
Les gens peuvent dire qu’il n’y pas d’opposition crédible, que l’opposition est inaudible, qu’elle est divisée, qu’elle est tétanisée par la peur. Mais quand on gouverne, il faut rester prudent. Car, les choses changent vite. Le grand Houphouët-Boigny dont on parle aujourd’hui, c’est une banale coupure d’électricité qui a fait qu’il a eu des problèmes. Tout peut donc arriver.
Quels sont vos moyens d’action, pour un parti qui se trouve finalement restreint dans ses libertés ?
– Nous avons nos moyens d’action. Nous n’avons pas besoin des moyens colossaux. Quand on a le cœur pour faire quelque chose, c’est beaucoup. Nous avons nos convictions. Nous n’allons pas les développer (ici) parce que c’est une partie de notre stratégie aussi.
En politique, en Europe comme en Côte d’Ivoire, il y a les discours et il y a la réalité du terrain. Par exemple en Côte d’Ivoire, des militants du Rdr et du Pdci ne parlent pas le même langage avec la direction de leur parti concernant les élections locales. Certains veulent aller en Rhdp et d’autres veulent voter que pour les candidats de leur parti. C’est pareil au sein du Fpi. Certains veulent aller aux élections quand d’autres soutiennent qu’il faut y aller. Vous allez certainement lancer un mot d’ordre du boycott. Pourquoi ne pas aller à ses élections avec cette Cei puisque c’est avec elle que Yasmina a gagné à Cocody face à Affoussiata Bamba alors que le pouvoir pouvait la faire gagner ?
– Je n’ai pas encore parlé de boycott. Vous serez situés quand je verrai l’évolution de la situation. Mais là où je suis en désaccord avec vous, c’est que je ne peux pas aller à une élection pour aller à une élection. Quand je ne représente pas une force, d’accord je peux le faire pour tester. Aujourd’hui le Fpi ne va pas à une élection pour tester ou témoigner. Le Fpi, avec sa force, va pour gagner une élection ! Vous parlez de réalité, mais la réalité c’est aussi Youssouf Bakayoko ! Qui (donne) le résultat ? Vous pensez que vous êtes forts dans un bastion, c’est là que Ouattara veut vous battre. S’il veut vous battre dans le nord ce n’est pas un problème. Mais qu’il vous batte dans le pays Wê, dans le pays bété, c’est ça qui pose problème. Et c’est là-bas qu’il va chercher à gagner. Je suis Fpi. Je suis respectueux des décisions prises par les instances. Pourquoi vous voulez qu’on aille dans ce qui n’est pas propre ? En tout cas, au Fpi, on ne voit pas l’intérêt d’aller à une élection pour aller à une élection. Le Fpi a un passé, un présent, il a un président qui est quand même adoubé par les populations. Le Fpi ne peut pas faire n’importe quoi. Dans tout parti politique, il y a des ambitions. (…) Toute élection est politique et il faut poser le problème en terme politique. Pour l’instant, on demande des élections justes et transparentes. Je n’ai pas encore de réponse. Le jour que j’aurais une réponse, je vais venir voir mes instances qui vont décider.
Il y a quelque mois, le ministre Koné Katinan, de retour d’une visite à La Haye, a déclaré que le Président Gbagbo demande l’unité forte au Fpi. Alors qu’attendez-vous pour donner corps à cette instruction de Laurent Gbagbo ?
– Moi je n’ai pas besoin que quelqu’un vienne me rapporter les propos de Laurent Gbagbo. Je connais mes liens avec ce monsieur-là. Ce n’est pas au sortir d’une visite que je sais ce que Gbagbo pense de moi. Je ne vais jamais bomber ma poitrine pour dire que Gbagbo m’a choisi. Non ! Avec e monsieur-là, on se connait. On se connait tellement qu’on n’a pas besoin de se parler. Quand quelqu’un dit quelque chose de Gbagbo Laurent, je peux savoir si c’est faux ou c’est vrai, sans l’interroger.
Ce n’est pas Katinan qui est mon problème. Et puis ne faites pas raccourci. Gbagbo n’a pas dit «réconciliez-vous». Il a dit «réconciliez-vous autour de Sangaré». Gbagbo n’est pas quelqu’un d’influençable. Il a quand même été chef de l’opposition. Il a combattu Houphouët. Il a fait 10 ans de pouvoir. On dit que Simone l’a influencé, que Sangaré a dit de ne pas démissionner. Oui j’ai dit de ne pas démissionner et je ne le regrette pas ! Parce que s’il avait démissionné, cela aurait été pire. Le peuple de Côte d’Ivoire lui aurait tourné le dos. Et on l’aurait envoyé à la Cpi dès 2002. Parce que depuis 2002, il devait être à la Cpi, selon Compaoré. Donc je n’ai aucun regret et j’assume ce que j’ai dit. Laurent Gbagbo n’est pas quelqu’un d’influençable. Pour l’article 48 qu’il a appliqué, je n’étais pas d’accord avec lui. Mais il l’a appliqué. Il a sa vision, j’ai ma vision. Mais dans nos rapports, on s’est toujours dit la vérité. Quand on n’est pas d’accord, on s’assoit et on discute. (…).
Affi a récemment affirmé dans Jeune Afrique que «d’une certaine manière, Sangaré travaille pour le régime». A vous entendre parler depuis un certain moment, est-ce qu’il n’a pas un peu raison ?
– Quelle est la raison ?
Parce que vous ne savez pas si vous allez aller aux élections ou lancer un mot d’ordre de boycott et vous n’allez certainement pas parler à Affi pour tendre la main à Affi pour l’unification du Fpi.
– Ah, c’est cela travailler pour le régime ?
C’est lui qui l’a dit
– (…) Le jour que vous voyez Sangaré conspirer avec le régime, mettez cela au grand jour. Dans ma vie, je vais tout faire pour que lorsque je regarde dans un miroir, je n’aie pas honte de mon image. Je vais tout faire pour que lorsque mes enfants vont à l’école, on dise « voici les enfants de Sangaré qui passent ». Il faut qu’on soit fiers de l’enfant qui passe. Je vais tout faire pour laisser un nom. C’est peut-être prétentieux, mais je vais tout faire pour que lorsqu’on parlera de Sangaré, ça ne soit comme l’ombre et la lumière. J’ai mon franc parler, j’ai mes convictions.
Le jour où M. Ouattara sera d’accord avec mes convictions, peut-être qu’on sera ensemble. Il y a des camarades qu’on a combattus mais aujourd’hui on est ensemble. C’est la vie. Je suis dans un parti où les gens sont bien vigilants. Camarades journalistes, j’ai quand même un titre qu’on me donne pour que je mesure le poids de mes responsabilités. Quand on dit « frère jumeau de Gbagbo Laurent », ça me donne une lourde responsabilité. (…) Je ne peux donc pas faire n’importe quoi, avec n’importe qui, et n’importe comment.
Partout où je passe, on me demande le président Gbagbo va sortir quand de la Cpi ? Alors je vous pose la question.
– Gbagbo Laurent sortira ! Et plus tôt qu’on ne le pense. Quand on le dit, ce n’est pas une façon d’entretenir un espoir ou se faire acclamer. Quand on visite le passé de Laurent Gbagbo, il a pu sortir vivant de sa résidence après le bombardement de l’armée française. Aujourd’hui son nom inonde le monde. C’est pourquoi je dis que ce Monsieur-là, c’est un saumon qui fait remonter les courants contraires. Et quand on voit tout ce qui se passe à la Cpi, on dit : « Attention, Dieu a un plan pour lui». Ce que Dieu commence, Dieu le finit. Et il va permettre qu’on le retrouve très bientôt. Je ne peux pas vous donner de date. Je ne connais pas ni le jour, ni l’heure. Restez en alerte et soyez prêt pour la grande parade à l’aéroport. Et je vous le dit, personne ne peut empêcher Laurent Gbagbo de venir en Côte d’Ivoire (applaudissement) ! Je vous le dit, mandat d’arrêt international ou pas, personne ne peut empêcher Laurent Gbagbo libre de venir en Côte d’Ivoire !
C’est l’aspect politique du procès qui fait qu’on ne peut pas donner de date de sa libération. Sinon au niveau du droit, il a été démontré qu’il n’y a rien.
Si par extraordinaire le pouvoir accédait à votre requête, avec quel logo allez-vous aller aux élections quand on sait que c’est Affi qui a le logo ?
– Ce qu’il faut retenir c’est que mon meilleur logo c’est le terrain. (…). Ne cherchez pas à savoir comment le Fpi va aller aux élections. Pour la Côte d’Ivoire, nous n’avons pas de plan A ou de plan B. Ce n’est pas le plus important. Nous ne sommes pas là pour faire de petites manières pour se positionner. Pour la Côte d’Ivoire, nous disons : «Asseyons-nous et discutons». Décrispons la situation nationale. Mais si par extraordinaire on n’a pas de logo, on saura vraiment aviser. Nous allons nous organiser en conséquence. Car le peuple nous voit, même sans logo. Le meilleur logo, c’est sur le terrain que je vais le trouver. C’est une question d’enracinement. Nous sommes enracinés dans le terroir de la Côte d’Ivoire.
C’est la première fois que je viens à une conférence de presse du Fpi où il y a le premier secrétaire de l’Ambassade de France en Côte d’Ivoire. Est-ce-à dire que sa présence ici c’est le signe des contacts du Fpi avec le président Macron ?
– La présence du premier secrétaire de l’Ambassade de France, je pense que c’est une présence qui m’honore. Il n’y ni plan A, ni plan B derrière. Il connait bien la diplomatie. Il est là. Merci d’être là. Parce que c’est quand même beaucoup pour nous. Cela ne veut pas dire que la France a pris position pour nous. Ce sont quand même des diplomates, ils doivent respecter les lois du pays. Il est venu pour écouter aussi. Parce qu’il doit rendre compte. Parce que forcement il doit rendre compte. Parce que si tu fais de faux rapports et que demain ça ne va pas, on va dire que tu as fait de faux rapports. Je veux même qu’il aille écouter tous les partis qui l’invitent. Il est venu nous écouter aujourd’hui, vous n’allez pas dire qu’il est avec nous ! Il y a des propos qu’il n’a peut-être pas apprécié, mais il est là c’est déjà beaucoup. Donc vraiment on n’a pas de deal avec la France actuellement.
Tout ce qu’il peut faire, il peut dire à la France que nous ne sommes pas là à saccager les intérêts. Nous sommes pour la souveraineté et l’indépendance. Mais tout cela pour construire ensemble, s’épanouir, se donner la main dans un dynamique partenariat. Nous n’avons pas de problème à ce niveau-là. Merci d’avoir faire le déplacement pour porter la parole, pour dire que nous demandons au pouvoir de s’asseoir et discuter. Nous ne venons pas pour donner des injonctions, des ordres au pouvoir. C’est le pouvoir qui a le plus à donner dans la période actuelle. Laurent Gbagbo au pouvoir a donné pour la Côte d’Ivoire. Nous demandons aussi que le pouvoir fasse d’effort pour donner parce que la Côte d’Ivoire n’appartient à personne, elle appartient à tout le monde. Mais ce que nous demandons dans un premier temps-nous n’allons pas (exercer) de contrainte, nous n’allons pas faire pression, nous n’allons pas insulter. Nous demandons seulement: «asseyons-nous et discutons ». Si notre message est entendu, tant mieux pour la Côte d’Ivoire. Si ce n’est pas entendu, nous aviserons. Je vous remercie.
Propos recueillis par Ferdinand Bailly,
leTempsInfo.com