Quand l’avocat de Ouattara parle du procès de la CPI
L’avocat Jean-Pierre Mignard, sur les mémoires de François Hollande et son bilan africain. AFP/Eric Feferberg.
Jean-Pierre Mignard, avocat de François Hollande et d’Alassane Ouattara était l’invité ce mardi de Christophe BoisBouvier sur RFI. L’avocat a répondu aux questions du journaliste sur « Les leçons du pouvoir… », le titre du livre de mémoires de François Hollande à paraître ce mercredi chez Stock. Il s’est aussi exprimé sur le cas du Président Laurent Gbagbo, ancien Président de la République de Côte d’Ivoire, incarcéré à la Cour pénale internationale avec son Ministre Charles Blé Goudé.
Extrait de leurs échanges sur l’affaire Gbagbo.
« …Il y a un an, avant son départ de l’Elysée, François Hollande avait été sollicité par plusieurs chefs d’Etat d’Afrique de l’Ouest qui, au nom de la solidarité socialiste, lui ont demandé de relayer leur demande de libération de Laurent Gbagbo.
– Je pense que la solidarité socialiste, c’est très bien. Mais si un dirigeant, fût-il membre de l’international socialiste, a commis des faits qui lui sont reprochés aujourd’hui à la Cour pénale internationale (CPI), c’est quand même des accusations graves puisque ce sont des accusations de crime contre l’humanité. Et bien dans ces conditions, il n’y a pas de solidarité socialiste qui tienne. Donc, cette demande n’avait aucune valeur. Et d’ailleurs François Hollande a eu tout à fait raison de ne pas souhaiter y répondre.
Jean-Paul Benoit et vous-même avez-vous eu l’occasion d’en parler avec ces chefs d’Etats africains ?
– Oui, Jean Paul Benoît et moi avons eu l’occasion d’en parler avec eux.
Vous êtes l’avocat de l’Etat ivoirien dans le procès Gbagbo à la cour pénale internationale. Au train où vont les choses le verdict ne sera pas rendu avant plusieurs années. Est-il normal Me Mignard ?
– On va maintenant rentrer dans la période de l’audition des témoins de la défense. Le parquet plaidera, puis l’avocat des victimes, et celui de Gbagbo. On ne peut pas être plus rapide que ça.
Est-il normal, si on dit que le verdict est attendu pour 2021-2022, est-il normal que l’ancien président reste en détention préventive pendant plusieurs années pendant 10 ans voire plus ?
– Alors, vous avez raison, la question peut se poser puisqu’il faut effectivement que ce soit des délais raisonnables. Et donc il revient à la Cour pénale internationale de juger dans des délais qui ne soient pas anormalement longs. Ça, c’est la première chose. La deuxième chose, c’est que lorsqu’une personne fait l’objet de poursuites graves que celles-ci, on peut toujours, ça ne vaut pas uniquement pour monsieur Gbagbo seulement, on peut toujours craindre qu’elle ne prenne la fuite. Voilà, effectivement, le dilemme dans lequel se trouve la Cour pénale internationale. C’est donc à elle de prendre la meilleure décision. Sachons que ce qui compte à la fin est que monsieur Gbagbo puisse comparaitre devant ses juges, le jour venu, physiquement. Voilà !
Donc vous n’êtes pas contre une assignation à résidence?
– Je pense que sur ce point c’est vraiment à la cour de décider souverainement. Mais il ne faut pas non plus qu’une assignation à résidence soit l’occasion de réunir ses partisans, de faire des harangues et faire des meetings. Donc sur ce point, il y a aussi des préoccupations d’ordre public à prendre en charge. Ce n’est pas si simple… »
Propos retranscris par Eric Lassale
Dupont Antoine
mon seul commentaire : « mais quel c** ! »