Premier ministre demandé
GUERRE DE SUCCESSION
par Ferro Bally
La page de Hamed Bakayoko sur la terre des hommes a été définitivement tournée le vendredi 19 mars 2021 par son inhumation à Séguéla (capitale de la région du Worodougou), dix jours après son décès, le mercredi 10 mars à Fribourg, en Allemagne.
L’hommage national grandiose rendu à ce grand serviteur de la nation est le couvercle sur une guerre de succession à Alassane Ouattara qui a fait et continue de faire de nombreuses victimes.« Vous jouez avec le feu », a chanté, le mercredi 17 mars 2021, Alpha Blondy pour s’adresser directement au pouvoir Ouattara en reprenant le texte de son morceau sorti en 2002, au concert en hommage à Bakayoko.
La disparition du Premier ministre apparaît, en effet, comme un épisode du feu qui brûle la Case (emblème du RDR), depuis la rébellion armée. Le premier à en avoir payé le prix est le sergent-chef Coulibaly Ibrahim dit IB. S’étant autoproclamé « général » à la tête du « Commando invisible », son groupe armé qui s’est dressé contre le régime de Laurent Gbagbo dans la commune abidjanaise d’Abobo, il a été vu comme une menace contre le pouvoir de Ouattara. Le mercredi 27 avril 2011, IB a été exécuté par les FRCI dans son fief.
Tous verront la main de Soro Kigbafori Guillaume. Pour le contrôle de la rébellion armée des Forces nouvelles, Soro, secrétaire général des mouvements rebelles, et IB, présenté comme le père de cette rébellion, en sont venus à des affrontements meurtriers en 2004.
Or, au renversement de Gbagbo et à la prise du pouvoir politique le 11 avril 2011, Soro était le Premier ministre et le ministre de la Défense, donc tutelle des FRCI, composées essentiellement d’ex-combattants de la rébellion armée.Une sourde rivalité entre deux groupes sociaux qui entretiennent pourtant des liens de parenté à plaisanterie, les Senoufo et les Koyaka, voyait le jour. Et sur sa lancée, Soro, nommé vice-président du RDR, lançait une OPA sur le parti au pouvoir à l’effet de succéder à Ouattara. Il mordra la poussière. Après avoir été publiquement léché pour son action de déstabilisation du régime de Gbagbo à la tête de la rébellion armée (19 septembre 2002 – 11 avril 2011), il sera méthodiquement lâché.
D’un, une nouvelle Constitution du 8 novembre 2016 rayait le président de l’Assemblée nationale qu’il était de toute succession à la tête de l’État.
De deux, il sera ouvertement opposé à Hamed Bakayoko, un Koyaka que l’on fera monter en flèche au ministère d’État, ministère de la Défense pour le contrer.
De trois enfin, il sera lynché, contraint de démissionner du perchoir pour être remplacé par un autre Koyaka, toujours de Séguela: Amadou Soumahoro.Soro, le « jeune pressé » ne devra finalement son salut qu’à un exil politique forcé à partir du 23 décembre 2019. Au même moment, le tapis rouge se déroulait pour un homme-lige, Amadou Gon Coulibaly ou AGC, Sénoufo comme Soro mais successeur attitré pour mettre sous l’éteignoir un autre « jeune pressé » dont il a fallu se servir comme d’un papier mouchoir pour régler des comptes: Hamed Bakayoko ou HamBak, devenu, comme Soro, Premier ministre et ministre de la Défense.
Mais le sort en a décidé autrement pour l’un. AGC, candidat officiel du RHDP à la présidentielle du 31 octobre 2020 pour continuer à tirer les marrons du feu, est mort brutalement le 8 juillet 2020 en Conseil des ministres. Et il a tiré une épine du pied de Ouattara pour l’autre.
HamBak, a été emporté par un « cancer fulgurant » le 10 mars 2021.
Le grand vide constitutionnel se prépare à être comblé. Toutes les velléités ayant été apparemment neutralisées et la peur tétanisant désormais toute ambition au RHDP, un nouvel homme fort sort de l’ombre où il a été tactiquement cantonné pour faire diversion. C’est Ouattara Téné Birahima baptisé Photocopie.
Depuis le 8 mars 2021, le cadet d’Alassane Ouattara est sous les feux de l’actualité. Dioula de Kong, il va départager Sénoufo et Koyaka, qui avaient des visées hégémoniques, afin qu’ils rentrent dans les rangs. Ministre des Affaires présidentielles et homme de grande confiance de son aîné de président de la République, Photocopie assure l’intérim du ministère stratégique de la Défense.Et il ne perd pas son temps. Du 13 au 22 avril 2021, il lance déjà une présélection de candidats potentiels pour les formations aux métiers de l’armée de l’air (mécanicien, pilote, etc.). De plus, les groupes de soutien à ses actions fleurissent comme les cent fleurs: Mouvement national Téné Brahima Ouattara, Mouvement 1 million de jeunes pour TBO (Téné Birahima Ouattara), Jeunesse Téné Birahima Ouattara, RHDP Téné Birahima Ouattara, Fan club Téné Birahima, Les amis de Téné Birahima Ouattara, … Et les carottes sont en train de cuire à feu doux.
F. M. Bally
diffusé il y a quelques jours sur la toile
CÔTE D’IVOIRE . QUI EST #TÉNÉ_BIRAHIMA_OUATTARA?
Surnommé<<photocopie>> pour sa ressemblance avec son aîné Alassane Ouattara,Téné Birahima Ouattara a été nommé ministre de La Défense par intérim le 08 mars dernier par le Président de la République Alassane Ouattara, en remplacement de feu le Premier Ministre Hamed Bakayoko, décédé le 10 mars dernier d’un cancer fulgurant.
Le frère cadet du Président Alassane Ouattara dispose d’un bagage politique solide, sur les scènes politiques, et régionales.
#Portrait.
À 65 ans Téné Birahima Ouattara est loin d’être un novice en politique. Dès 1994, il fait partie des fondateurs du Rassemblement des Républicains(RDR), devenu le parti présidentiel en 2018, le Rassemblement des Houphouëtistes pour la Démocratie et la Paix ( RHDP). Ce fidèle soutien du parti présidentiel, occupe son premier poste en 2011, en devenant député, de kong, l’un des bastions familiaux. Depuis, il n’a plus quitté la scène politique ivoirienne, en étant élu successivement maire de Kong en 2013, puis Président du Conseil Régional du Tchologo en 2018. Son lien de confiance avec son frère aîné, sa riche expérience d’élu et sa fidélité vis à vis du parti présidentiel-dont il est le trésorier historique-en font l’un des acteurs clé de la politique ivoirienne.
Le choix de la stabilité et de la continuité.
En le nommant Ministre de La Défense par intérim, le chef de l’état a fait le choix de la continuité et de la stabilité. De fait Téné Birahima Ouattara connaît les rouages du gouvernement, puisqu’il y occupe déjà le poste de Ministre des Affaires Présidentielles depuis mars 2012. Il cumulera donc ces deux fonctions clés, le temps de procédés à un remaniement gouvernemental consécutif à la disparition d’Hamed Bakayoko.
Pour remplacer ce dernier, le président Ouattara a dû choisir parmi la liste très restreinte de personnalités de gardes rapprochée. Téné Birahima Ouattara était de ceux-là, tout comme Patrick Achi, Secrétaire général de la présidence, qui occupera le poste de Premier Ministre par intérim. Outre la confiance absolue du Président dont bénéficient les deux hommes, ils partagent des similarités professionnelles. Travailleurs de l’ombre, élus de terrains, fins connaisseurs du secteur privés… Téné Birahima Ouattara et Patrick Achi devraient constituer un tandem efficace pour assister le président Ouattara.
Engagement politique et expérience dans le privé.
Si Téné Birahima Ouattara a passé les dix dernières années en politique, il dispose aussi d’une solide expérience dans le secteur privé où il a occupé des postes au sein des différentes institutions. Diplômé en 1982 d’une maîtrise en Économie privée à l’université d’Abidjan, il a débuté sa carrière à la société générale de banques en Côte d’Ivoire( 1982-1992), avant d’être nommé Délégué général de la banque atlantique Côte d’Ivoire( 1992-1999) puis Directeur général de la société S.N.G( 2000-2003). Le dernier poste qu’il occupe avant de s’engager auprès de l’état ivoirien, est celui d’Administrateur Général de l’Institut International pour l’Afrique( I.I.A).Ces différents postes à hautes responsabilités dans le secteur privé, combinés à sa connaissance du milieu politique, devraient lui permettre de concilier efficacement les fonctions de Ministre des Affaires Présidentielles et de Ministre de La Défense par intérim.Un poste exigeant et stratégique, du fait des enjeux sécuritaires et croissants dans la région.
quelques remarques:
le diplôme d’Économie privée n’existe pas, et 10 étudiants de la promotion de 1982 affirment n’avoir jamais croisé l’étudiant Téné Birahima Ouattara dans les amphithéâtres de l’université d’Abidjan…Il serait totalement inconnu dans ces lieux.