Petite fable sans prétention, une affaire de mamelouk
Fiction : Petite promenade dystopique : « LE MAMELOUK ÉTAIT-Il LE POINT FAIBLE ? »
Paris le huit frimaire an XIX
Paul Barras, Emmanuel-Joseph Sieyès, Roger Ducos, Charles Maurice de Talleyrand Périgord, Joseph Fouché se retrouvent pour faire le point, un an après le coup d’État du 18 brumaire de l’an VIII qui avait porté Bonaparte au pouvoir.
C’est Barras qui parle le premier :
• « Tout ça c’est de votre faute Sieyès, avec votre idée de vouloir changer de régime. Le directoire ce n’était pas si mal et on pouvait s’en mettre plein les poches. Et quelle idée d’aller dire sur tous les toits : « il ne faut plus de bavards, il faut une tête et une épée ». C’est monté au cerveau de tout un tas de galonnés et à celui du plus ambitieux d’entre eux, à savoir Bonaparte. Et c’est comme ça que vous avez organisé votre coup d’État du 18 brumaire. Regardez où nous en sommes un an plus tard ! Complètement mis sur la touche par quelqu’un qui se comporte en dictateur
• Sieyès : pourquoi m’accuser, vous étiez d’accord. Quant au choix de Bonaparte, j’avais proposé d’abord au général Joubert mais cet imbécile s’est fait tuer. Ensuite à Moreau qui a décliné en me désignant Bonaparte. Bernadotte n’était pas sérieux. Certes, il est en train de tous nous virer et il installe une dictature mais nous sommes coincés. Nous n’avons pas de marge de manœuvre
• Talleyrand : il y a peut-être une solution, monter une espèce de contrecoup d’État. J’ai approché les chancelleries des pays d’Europe, et elles verraient ça d’un bon œil. Nous allons demander à Fouché s’il n’aurait pas quelque chose à nous proposer.
• Fouché : pas facile, il gouverne en solitaire et il est très prudent. J’ai bien quelques dossiers fournis par mes informateurs mais ils ne sont pas faciles à utiliser. On aurait pu penser à se servir de cette passion imbécile et bizarre qu’il a pour sa vieille Martiniquaise, qu’il nous met à toutes les sauces et à qui il cède tout. Et comme elle est insupportable et ridicule tout le monde se fout de lui. Mais il y a mieux, la solution passerait peut-être par un scandale organisé autour de Roustam Raza son mamelouk. Exécuteur des basses œuvres, c’est son garde du corps qui ne le quitte jamais. Il y a des rumeurs qui courent sur les rapports que le mamelouk entretiendrait avec Joséphine. Et même sur les rapports avec Bonaparte. C’est son point faible. Il devrait être possible de lui lancer un scandale dans les jambes, ce ne sont pas les prétextes qui manquent.
• Sieyes : ah ce n’est pas une mauvaise idée ça, le mamelouk. Et bien nous allons faire comme ça. »
Manifestement ça n’a pas marché. Même s’il y avait Joséphine et le mamelouk, n’est pas Bonaparte qui veut.
Toute ressemblance avec quoi que ce soit, serait purement fortuit et le fruit d’un parfait hasard.
Régis de Castelnau