Michel Camdessus à Abidjan
Le Président honoraire de la Banque de France et ancien Directeur Général du Fonds Monétaire international (FMI), Michel Camdessus a affirmé que la Côte d’Ivoire pourra accéder à l’émergence ‘’peu avant le temps prévu’’. C’était ce mardi 29 mai 2018 au cours d’une rencontre avec le patronat ivoirien, à Abidjan.
S’il affiche ‘’pleine confiance’’ dans la capacité de la Côte d’Ivoire à demeurer un pays ‘’phare’’ dans l’économie de la région, l’ancien Directeur général du FMI estime toutefois que l’émergence ne doit pas être perçue comme une ligne d’arrivée, mais plutôt comme une ligne de départ’’. D’où son exhortation aux autorités ivoiriennes et au secteur privé à se projeter sur le long terme, voire 2050. Période qui consacrera ‘’une incroyable inversion’’ des pouvoirs économiques au niveau mondial.
Michel Camdessus tire sa foi en l’émergence de la Côte d’Ivoire au regard des progrès économiques et infrastructurels réalisés par le pays ces dernières années. ‘’Ce qui s’est passé en matière économique dans ce pays est formidable’’, a affirmé l’ancien patron du FMI. Il exhorte toutefois les pouvoirs publics et le secteur privé à se préparer à faire face à des défis de plus en plus importants. ‘’Votre chemin a été ardu, mais celui qui vous attend sera marathonien’’, a-t-il prévenu.
Le président honoraire de la Banque de France a salué le partenariat entre les secteurs privés et publics, qui s’exprime par la mise en place d’un cadre d’échanges permanent. Il a insisté pour que cette solution ivoirienne demeure et se renforce, en ce sens qu’elle constitue un gage de développement harmonieux de l’activité économique dans le pays. Cependant Michel Camdessus a encouragé le secteur privé à jouer pleinement son rôle en ne manquant pas d’interpeller le Gouvernement quand il s’agit des simplifications procédurières. Et surtout sur les questions de transparence.
Pour sa part, le président de la Confédération Générale des entreprises de Côte d’Ivoire (CGECI), Jean- Marie Ackah a dit la gratitude du patronat ivoirien à l’hôte de marque pour sa visite et ses conseils avisés, eu égard à son expérience, et ce qu’il représente dans l’univers de l’économie au niveau mondial. Relevant la nécessité pour les entreprises ivoiriennes d’être accompagnées, Jean-Marie Ackah a affirmé que ‘’c’est ensemble Etat – Secteur privé – Partenaires au Développement’’ qu’il sera possible de faire des champions nationaux. Et partant contribuer efficacement à l’émergence de la Côte d’Ivoire.
La rencontre s’est ensuite poursuivie à huis clos, en présence du Vice président Daniel Kablan Duncan, du Premier Ministre Amadou Gon Coulibaly et de plusieurs membres du Gouvernement et du secteur privé ivoirien. Michel Camdessus était accompagné de son épouse Brigitte d’Arcy. C’est hier lundi que le couple est arrivé à Abidjan. Il a été accueilli à l’aéroport par le président de la République Alassane Ouattara accompagné de son épouse.
Elisée B, abidjan.net
___________________
« une prospérité économique ne peut pas se construire sans un Etat vertueux »
L’ancien directeur général du Fonds monétaire international (FMI), Michel Camdessus, a prononcé ce mardi 29 mai 2018, à la Maison de l’entreprise au Plateau, une conférence sur le thème « champions nationaux et émergence ivoirienne. » L’initiative a donné un cadre d’échange sur l’accompagnement dont a besoin les entreprises ivoiriennes, des mesures spécifiques pour leur permettre de se développer et devenir de véritables champions capables de vendre le label Côte d’Ivoire à l’extérieur. A l’issue des échanges à huis clos, le président de la Confédération générale des entreprises de Côte d’Ivoire (CGECI), Jean Marie Ackah, a confié que Michel Camdessus a déclaré que « une prospérité économique ne peut pas se construire sans un Etat vertueux », un Etat qui fait de la bonne gouvernance la pierre angulaire de son action. Aussi a-t-il noté que pour se développer et jouer pleinement le rôle de locomotive de l’économie nationale, l’entreprise ivoirienne a besoin d’une attention particulière et celle-ci ne pouvait être bâtie que dans le cadre d’un réseau ou d’un partenariat avec l’Etat. L’expérience de la Côte d’Ivoire a donc été citée en exemple avec le comité de concertation Etat/secteur privé qui a institué un dialogue permanent entre les deux entités afin d’améliorer sans cesse l’environnement des affaires.
L’émergence avant 2020 pour la Côte d’Ivoire
Devant le vice-président Daniel Kablan Duncan, le Premier ministre Amadou Gon Coulibaly, et des ministres Adama Koné, Moussa Sanogo et Koné Bruno, Michel Camdessus a indiqué dans son propos liminaire que la Côte d’Ivoire est en train de gagner le défi de l’émergence. « Vous allez accéder à l’émergence dans le délai que vous vous êtes fixé. Vous réussirez le passage à l’émergence en 2020 et peut être même avant. Probablement avec un tout petit peu d’avance », a déclaré le président honoraire de la Banque de France. Il s’est dit impressionné par la performance de l’économie ivoirienne ces dernières années (9% de croissance de 2012 à 2016 et 7,8% en 2017) et le changement en cours, impulsé par la réalisation de grands chantiers de développement et des investissements privés colossaux. Toutefois, il prévient que le plus important, c’est qui attend le pays après avoir franchi le cap de l’émergence. « Accéder à l’émergence, ce n’est pas seulement franchir la ligne d’arrivée, c’est surtout franchir une ligne de départ. Il faut regarder les choses de près. Le chemin qui vous attend est ardu ; celui qui vous attend est encore plus difficile », a déclaré Michel Camdessus, qui a relevé cinq éléments d’hyper-tendance auxquels la Côte d’Ivoire et tous les pays émergents seront confrontés. Il a cité la démographie, soulignant que la population de la Côte d’Ivoire d’ici 2050, passant de 25 à 50 millions d’habitants. L’Afrique sera peuplée en 2050 de 4,5 milliards d’habitants et l’Europe 650 millions d’habitants. « c’est la manière dont l’Afrique et l’Europe vivront cette confrontation et cohabitation qui va vous permettre d’être un pays émergent et prospère », soutient Camdessus qui avance que le second élément, c’est l’hyper-pessimisme contre lequel il faudra lutter.
« L’immobilisme, c’est la mort »
Le troisième élément, c’est que la percée des économies émergentes – au nombre desquelles la Côte d’Ivoire – va inverser les rapports entre les Etats du monde. Quatrième point, le progrès technologique fulgurant, avec le développement du numérique, la robotisation qui permettra par exemple des programmes de santé et d’éducation pour tous. Le dernier point porte sur les nouveaux visages de la violence non établie, notamment le terrorisme qui prend des formes inquiétantes ces dernières années. « L’immobilisme, c’est la mort. Au prix d’un effort universel, si tous les Etats travaillent ensemble, nous pouvons réfléchir à ces hyper-tendances », a déclaré l’ancien directeur général du FMI. Il a salué le rôle du secteur privé qui a su muer le système ivoirien qui était épuisé en 2010 en un autre qui donne des résultats probants.
Emmanuel Akani, minute-echo.com