Les pays africains surreprésentés à la COP23
Si le ridicule tuait… Tous ces délégués ivoiriens sont certainement candidats à immigration. Combien participeront aux délibérations? j’ai aperçu le nom d’Anne Ouletto, ancienne institutrice, porte-parole de la rébellion puis ministre, spécialisée dans les déguerpissements. Assurément, elle et les autres vont dignement représenter le pays.
Les cinq plus importantes délégations sont africaines alors que le continent ne joue pas un rôle moteur dans la lutte contre le réchauffement climatique. Les femmes sont largement sous-représentées dans ces délégations.
A en croire le nombre de délégués envoyés par l’Afrique à la COP23 à Bonn, le continent pourrait passer pour un leader dans la lutte contre le réchauffement climatique. Largement vainqueur aux points.
En effet, la Conférence des parties, chargée de mettre en œuvre l’Accord de Paris visant à limiter le réchauffement climatique en-dessous des deux degrés Celsius par rapport aux niveaux d’avant 1990, devrait réunir 19.000 personnes d’après les dernières estimations publiées par les Nations unies – soit deux fois moins qu’à Paris.
Parmi elles, les délégations qui réunissent les représentants de chaque pays représentent 60% du total, le reste étant composé de journalistes et de membres des ONG.
Or, pour ce qui concerne les délégations nationales, les Africains se taillent la part du lion.
Si la taille moyenne d’une délégation à Bonn est de 45 personnes, la Côte d’Ivoire, la plus importante, a fait le déplacement avec 492 personnes.
Surpris par ce chiffre, le député ivoirien Yacouba Sangaré affirme que la délégation officielle du l’Assemblée nationale ivoirienne compte « trois députés et une assistante (…) mais d’autres députés sont venus en-dehors de la délégation officielle ».
Après vérification, Yacouba Sangaré affirme que la délégation ivoirienne ne compte en fait « que 160 membres » car beaucoup ne seraient finalement pas venus. « Mais cela reste tout de même un chiffre élevé », admet-il.
Sur les 492 participants de la délégation ivoirienne on compte aussi beaucoup d’ONG. Il est en effet habituel que les Etats membres de la COP utilisent leurs accréditations pour inviter des organisations de la société civile.
Comme par exemple Planète verte 365 jours, qui compte à elle seule 18 participants au sein de la délégation ivoirienne, soit autant qu’un pays comme Israël.
Top 5 en Afrique
Mais la Côte d’ivoire n’est pas la seule délégation massive envoyée depuis l’Afrique. Les cinq plus importantes délégations de la COP23 proviennent de ce continent.
Ainsi, derrière la Côte d’Ivoire, on compte la Guinée (355 participants), la République démocratique du Congo (340), le Congo (308) et le Maroc (253).
Sur les trente-cinq plus importantes délégations, ving proviennent d’Afrique.
Si l’Allemagne, en tant que pays hôte, a une délégation conséquente avec 230 membres, les leaders en matière de lutte contre le réchauffement climatique sont plus modestes. C’est le cas de l’Union européenne (76), la Chine (82) ou les Etats-Unis (48) qui font pâle figure face aux mastodontes africains.
La petite République des Comores (un million d’habitants) compte à elle seule plus de représentants que l’Union européenne tandis que le Togo, en pleine crise politique, a réussi à réunir 96 participants à Bonn.
« L’Afrique est de loin le continent le plus fragile face au réchauffement climatique. Notre présence massive va aider à la prise de conscience au sein des populations africaines », affirme Yacouba Sangaré.
Pourtant, les îles Fidji, qui président la COP 23 de Bonn et sont bien plus menacées que la Côte d’Ivoire par la montée des eaux des océans, n’ont envoyé que 77 représentants en Allemagne.
Les femmes sous-représentées
Enfin, la parité hommes-femmes est loin d’être atteinte au sein des délégations de la COP23. La moyenne s’établit à 62% d’hommes pour 38% de femmes.
Les îles Fidji ont envoyé autant d’hommes que de femmes. Certains pays comme la Roumanie, la Bulgarie, le Royaume-Uni, l’Espagne, la Nouvelle-Zélande ou la Lettonie offrent des délégations avec une large majorité de femmes.
En revanche, les délégations des pays africains, à l’exception du Mozambique (56% de femmes), sont largement composées d’hommes.
C’est le cas de la Sierra Leone (15%), du Tchad (17%), du Sénégal (18%), de la République Centrafricaine (22%) ou de la Libye. Ce dernier pays remportant même la palme du « zéro femme » avec, il est vrai, une délégation de seulement onze hommes.
Même chose pour le Vatican (6 membres) mais dans ce dernier cas, outre que le pays est seulement « observateur » de la COP23, ce n’est pas forcément une surprise.
DW (deutsche Welle ) m.dw.com