Les 10 ans d’exil du ministre Eric Kahé
En ce 15 avril 2021, cela fait 10 ans, jour pour jour, que je quittais, contre mon gré, mon pays, pour une quête de survie, qui s’est transformée en un long exil. Que le temps passe si vite.
Je laissais derrière moi, ce qui restait des miens, dans un Duékoué méconnaissable, dévasté par la haine, les manipulations et l’excessive victimisation devant servir diverses ambitions. Oublié de tous à cette époque, je ne fus pas invité à la Pergola, piège de sécurisation des vaincus.
Seul mon ami Sylvanus Kla, depuis le Ghana n’avait de cesse de me harceler de son assistance pour quitter Abidjan en voie de devenir une Mogadiscio. Je résistais à cet appel, pourtant de la raison, incapable d’abandonner les corps des miens et plus particulièrement avant d’avoir pu pleurer mon oncle Nahi Doh, tué d’une balle à bout portant, à BAHE-B, au seul motif que ses assassins étaient venus s’emparer de la centaine de vaches qui étaient placées sous sa responsabilité.
Quand j’ai dû me résoudre à partir, après l’appel insistant d’un jeune senoufo de Duékoué qui m’informait de la mise à prix de ma tête, D.ieu avait déjà pris rendez-vous avec moi.
Outre le miracle des conditions de mon départ d’Abidjan, le Seigneur a, depuis ce jour, revêtu mon indigence de son manteau de fidélité et d’amour. Que de miracles au cours de ces 10 ans ! Accra, Lomé, Cotonou, puis la France en quête de cette précieuse protection. L’extraordinaire départ de Cotonou qui n’aurait jamais dû avoir lieu si l’on tient compte des documents fournis en toute naïveté ! C’est aussi cela D.ieu qui sait écrire droit avec des lignes courbes, surtout quand il s’agit de transformer en force et en victoire la faiblesse des cœurs sincères et la foi d’enfant.
Quelle ne fut ma surprise de recevoir cet appel du 14 avril de cet ami-frère, loin de la sphère politique, mon aîné qui a permis ma sortie du pays le lendemain de cet appel, en m’assurant agir ainsi pour continuer de me voir dans l’arène politique, avec ce « faire la politique autrement » qu’il dit apprécier. Nous pensions à un retour après quelques semaines.
Infiniment merci à lui. Merci aux familles, aux hommes et aux femmes qui, comme lui, ont accepté d’être les instruments de D.ieu pour le témoignage de Sa Gloire. Ma pensée émue à cette sœur prépositionnée en Ardèche et à son époux pour l’incroyable travail au profit de la Côte d’Ivoire auquel s’est laissée associer une autre extraordinaire famille. Merci à tous pour le gîte, pour le couvert, pour le sourire qui réchauffe du froid glacial. Merci pour ces immenses leçons, et surtout pour celle qui permet de cerner la différence entre le peuple français et le système que combattent justement, à la fois les peuples ivoirien et français.
Merci à ces leaders politiques et d’opinion, à ces syndicalistes, à ces cadres et militants de diverses formations politiques, qui ont mobilisé leur énergie au service de notre cause, allant jusqu’à prendre des risques pour nous ouvrir les portes d’institutions qui nous avaient été fermées par une terrible campagne médiatique et de savants éléments de langage.
Merci à ce peuple de Côte d’Ivoire pour sa lucidité et son refus de l’extrémisme.Merci à tous ceux qui nous prédisaient un retour, la tête haute, alors même que les rapports de force ne laissaient pas entrevoir cette issue du 15 janvier 2019, confirmée le 31 mars 2021.
C’est aussi cela l’engagement par conviction. Nous ne revendiquons aucune victoire, celle-ci ayant généralement trop de pères. Nous souhaiterions juste nous engager sur la voie de l’exploitation des promesses d’un lendemain meilleur pour tous, avec la fin prochaine de cet exil de 10 ans qui coïncide avec le 15ème anniversaire de notre parti politique, l’AIRD, qui a tellement donné à toutes les nobles causes qu’il est resté à leur ombre.
Merci à tous nos camarades qui, ayant dignement assumé ce choix de l’intérêt général, veulent désormais porter plus haut d’autres idéaux, en étant foncièrement ancré dans le peuple.Que toute la gloire en revienne au Seigneur.
Le ministre Eric Kahé, fondateur de l’AIRD, vice -président d’EDS,