le restaurant RDR est ouvert…
DISSOLUTION DU GOUVERNEMENT, le clan Affi se précipite pour recueillir des miettes….
Qui veut aller à la soupe ?
Il y a bien des signes qui ne trompent pas. C’est le cas du langage très policé, ces derniers mois, de certains opposants lorsqu’ils parlent désormais d’Alassane Ouattara. Deux parmi eux se sont prêté au jeu en se prononçant sur la nomination du nouveau Premier ministre dans les colonnes de Fraternité Matin.
Il s’agit de l’ancien Premier ministre de Laurent Gbagbo, Pascal Affi N’guessan, qui s’est montré très bienveillant au sujet de ce nouveau Premier ministre. « Le président de la République, Alassane Ouattara, vient de confirmer Patrick Achi au poste de Premier ministre. Je lui adresse toutes mes félicitations et mes vœux les plus sincères de succès. Il lui appartient désormais de relever les nombreux défis auxquels notre pays, la Côte d’Ivoire, est confronté, et en premier lieu, celui du dialogue politique et de la réconciliation. Le FPI soutiendra toutes les initiatives qui concourent à la cohésion nationale », a glissé Affi pour Frat Mat, le journal officiel de l’Etat.
A quelques heures de la formation du nouveau gouvernement, un tel message paraît de ce point de vue assez clair. Et puisque toutes les initiatives de cohésion nationale sont bonnes à prendre, aller dans un gouvernement dirigé par M. Achi ne serait pas une mauvaise chose a priori. On sent le même engouement chez Konaté Navigué, présenté comme l’ancien président des jeunes du FPI. Le journaliste oublie ainsi de noter que depuis plusieurs années, ce fidèle d’Affi a été promu vice-président de cette tendance restée fidèle à l’ancien Premier ministre.Celui-ci a d’ailleurs les mots pour montrer sa satisfaction. « Le choix de Patrick Achi ? Je valide », s’égaye-t-il. « Un monsieur qui est techniquement au point et qui connait bien le microsome politique ivoirien pour être au-dessus des gammes et des amalgames inutiles. Donc son choix est bon a priori. On fera le bilan a posteriori. Bonne chance à lui », dit Navigué dans le même journal qui s’est livré à une petite enquête express pour la bonne cause.
L’un comme l’autre ont donc les mêmes attentes : la cohésion nationale même si les mots pour le dire sont fleuris chez l’un et politiques chez l’autre. Élargir le gouvernement aux opposants serait-il considéré comme un geste de cohésion sociale ? A priori, oui. Ces deux opposants ne sont d’ailleurs pas les seuls à penser ainsi. Sur les réseaux sociaux, de nombreuses opinions anonymes s’expriment sur le sujet et estiment qu’il faut saisir la main du chef de l’Etat si celui-ci accepte d’élargir son gouvernement à l’opposition.
Et puisque ce serait une première qu’Alassane Ouattara se résolve à cohabiter avec ses opposants, certains observateurs aimeraient voir ce que ça donne. La nouveauté a ses charmes …
Le problème est qu’on élargirait le gouvernement à l’opposition pour satisfaire quels besoins politiques ? Est-ce l’élargissement qui est en lui-même la cohésion sociale ou le début de la cohésion sociale ou l’accord qui théorise le contenu de cette cohésion sociale ?
Mon opinion à moi est qu’il faut d’abord tomber d’ accord sur le train de mesures qui vont concourir à la cohésion sociale. Ces mesures doivent répondre à des préoccupations directement liées à l’état de crise qui rend nécessaire l’entrée de l’opposition dans le gouvernement.
Dans ces conditions, l’initiative de la cohésion sociale ne peut pas faire l’économie d’un dialogue politique au terme duquel entrer au gouvernement devient nécessaire ou non.Parce que le choix d’un homme politique doit être guidé non pas ce qu’il gagne mais par ce que sa décision fait gagner à la société ou à son équilibre. Pour l’opposition ivoirienne, il s’agirait donc d’obtenir un accord sur la mise en place d’un cadre démocratique dans le pays. Qui suppose que la loi est respectée par tous, qu’on ne doit pas mettre les adversaires en prison parce qu’ils ont critiqué le gouvernement, que les prisonniers politiques doivent faire l’objet d’une justice équitable et que la justice est elle-même doit être libre. En dehors de ça, entrer au gouvernement parce que ce serait soutenir une initiative de cohésion sociale est un mensonge qui ne vise qu’à masquer une simple envie d’aller à la soupe comme tout le monde.
Joseph Titi