Le plan pour démolir le PDCI-RDA
Alassane Ouattara a dissout le Gouvernement ce 4 juillet 2018 mais a reconduit le Premier ministre Amadou Gon Coulibaly. Sa mission, former une nouvelle équipe avec les partis membres du Rassemblement des houphouétistes pour la démocratie et la paix (RHDP, coalition du RDR, du PDCI, de l’UDPCI et d’un morceau du MFA au pouvoir).
Le timing est parfait: cette décision survient 24 heures après la naissance du mouvement « Sur les traces du président Houphouët-Boigny ». Ce courant regroupe les membres du PDCI-RDA, farouches partisans du Parti unifié ou Rien (PUOR).
Au 3è Congrès ordinaire du RDR, en septembre 2017, Alassane Ouattara a exigé la création du parti unifié avant la présidentielle de 2020. Si aucun parti membre du RHDP ne disparaît officiellement, tous perdent la capacité juridique de désigner souverainement leurs candidats aux différentes échéances électorales.
Et Ouattara a donc proposé des primaires au sein du parti unifié pour choisir le candidat à sa succession à la présidentielle d’octobre 2020.
C’est un télescopage entre les objectifs politiques. Konan Bédié et le PDCI-RDA ne veulent plus s’en laisser conter. Ils font campagne pour l’alternance, après tous les sacrifices consentis (black out juridique sur le vol présumé de 600.000 voix au détriment du candidat Bédié au premier tour de la présidentielle du 31 octobre 2010, refus du nom PDCI au parti unifié et appel de Daoukro en faveur de la candidature unique de Ouattara à la présidentielle d’octobre 2015 pour le compte du RHDP notamment).
Dans le bras de fer, tous les ministres, directeurs généraux et PCA issus du PDCI ont tourné casaque et s’opposent désormais au PDCI-RDA Ou Rien (POR). Et en laissant quelques jours au Premier ministre pour la constitution du prochain Gouvernement, Ouattara laisse le temps au temps du chantage et des reniements.
Cette bataille rappelle étrangement celle qui scinde le FPI entre les Gbagbo Ou Rien (GOR) et les Gbagbo Et Nous (GEN) et met la collaboration avec le pouvoir Ouattara au centre des luttes fratricides entre pro- et anti-.
Des cadres du PDCI-RDA ont saisi les tribunaux ivoiriens pour dénoncer la décision du Bureau politique du 17 juin 2018. Cette instance a non seulement mis son véto sur les primaires de Ouattara, mais rejeté la formation du parti unifié après la présidentielle de 2020.
De plus, Daniel Kablan Duncan, vice-président de la République et homme-lige de Ouattara, est pressenti pour remplacer, au pied levé, Bédié au poste de président du présidium du RHDP, s’il maintient sa ligne de fermeté. Car cela l’auto-exclurait.
La commission de discipline du PDCI-RDA se réunit ce 5 juillet 2018 pour examiner la situation. Des sanctions ne sont pas à écarter contre ceux qui font preuve d’indiscipline notoire.
Mais, avec un Ouattara qui ne recule devant rien pour assouvir ses ambitions et « vider les partis de leur substance », la bataille juridique annoncée condamne le PDCI-RDA, sauf volte-face, à connaître le même sort préfabriqué que le FPI.
La tendance incarnée par les proches du pouvoir va être reconnue légale. C’est elle qui sera autorisée, avec la force publique, à utiliser les sièges, nom et logo du PDCI-RDA.
Les autres, qui ne sont pas exempts de poursuites judiciaires ciblées et d’ennuis de toutes sortes (Guikahué en sait quelque chose), entreront alors dans la clandestinité ou la dissidence en se satisfaisant de leur majorité sur le terrain.
Néanmoins le mal aura été fait. Comme au FPI.
F. M. Bally
Bally Ferro