LE CALICE DU DÉSHONNEUR
Le ministre d’État, ministre de la Défense, Hamed Bakayoko, pleure toutes les larmes de son corps. Les funérailles mondiales qu’il a voulu offrir à son « fils » Yôrôbô, s’en sont allées en eau de boudin.
Malgré un budget à la hauteur de l’événement (150 millions de nos francs) et plus de six mille policiers et gendarmes déployés pour la sécurisation, le Daishi a connu une seconde mort, atroce: sa tombe, aussitôt après son inhumation, a été profanée, son cercueil brisé et son corps, déshabillé. Au vu et au su de tous.
Les chaudes larmes du « père » Bakayoko sont certes légitimes mais elles sont celles du médecin après la mort. Provenant du sécurocrate du pays, elles pourraient sonner faux.
Les ingrédients étaient, en effet, réunis pour une telle explosion de colère. Aux folles rumeurs que Hamed Bakayoko et les organisateurs ont laissé grossir, sont venues s’ajouter les partitions de politiciens médiocres comme Adama Bictogo qui ont tenté de politiser, en faveur d’Alassane Ouattara, le drame d’une famille et d’une communauté.
Et ce qui devait arriver est survenu: casses et déferlement de violence au cimetière de Williamsville pour traduire une rupture de confiance.
La République, proprement humiliée, boit ainsi le calice du déshonneur jusqu’à la lie. Car DJ Arafat n’est pas le premier sur la liste des profanations.
Le 8 avril 2017, DJ Abobolais a connu le même sort. Enterré, il a été lui aussi déterré par des fans désabusés, doutant que ce soit leur idole dans le cercueil.
L’heure s’annonce donc grave. Après les émotions, les accusations et les plaidoiries, doit venir le temps de se poser les bonnes questions et de poser les diagnostics les plus fiables.
Car, il risque d’être trop tard pour une société ivoirienne en totale déconfiture et qui est même en train de laisser en héritage la délinquance et la violence des « Gnambros », « Microbes » et autres « Chinois ».
FERRO M. Bally
Bally Ferro
les termes d’Hamed BAKAYOKO :
» Ils m’ont traité d’avoir tué le seul fils que j’ai aimé comme mon propre enfant biologique, de l’avoir sacrifié pour des élections.
Ils m’ont accusé d’avoir interdit à sa propre mère de voir son corps.
Puis ensuite, ils m’ont accusé de faire des incantations maléfiques avec son corps en faisant venir des esprits démoniaques la veille de ses funérailles jour et qu’à cause de ça, que je n’allais pas faire exposer son corps, même au profit de sa propre famille.
Et enfin, ils m’ont accusé de vouloir faire enterrer quelqu’un d’autre que lui.
En conséquence de quoi et sur la base de ces accusations farfelues, des gens se sont octroyés le droit de profaner la tombe de notre héros, de piétiner sa dignité.
Je pleure mon fils depuis son décès mais aujourd’hui, je suis abattu, meurtri car je ne sais que dire à Máel, à ses enfants, à sa Mère, à Carmen, à sa Famille. Je ne sais pas. Eux qui m’ont pourtant vu me battre jour et nuit pour élever leur père, fils, frère à la dignité qu’il mérite. Eux qui m’ont pourtant vu mettre tout en oeuvre pour lui donner le 1/1000 de ce qu’il a donné à la CI. Eux qui m’ont pourtant vu tout mettre en oeuvre pour leur enlever ses lourdes responsabilité, ce lourd fardeau que constituait son enterrement.
Que faut-il leur dire pour enlever de leur tête l’humiliation que leur père vient de subir ? Je ne sais pas, parce que je ne sais pas ce que j’aurais ressenti si l’on faisait ça à mon père biologique qui vient de perdre la vie.
Était-ce un crime de l’aimer autant ? De donner autant d’amour à quelqu’un qui semblait en manque ? Oui, il n’était pas parfait, comme chacun de nous d’ailleurs, mais n’avait-il pas droit aussi à sa part d’amour ? de respect ? de dignité ? d’honneur ? de considération ?
Pourquoi faut-il que tout soit politique ?
Pffff… Dégoûté !!!
Je suis désolé mon fils, pardonne moi de t’avoir autant aimé. Peut-être ainsi, les gens t’auront laissé te reposer en paix «
La tombe de DJ Arafat n’a pas été refermée avant le départ des autorités
La chronologie de l’inhumation de DJ Arafat nous permet d’affirmer, sans risque de nous tromper, que la tombe de DJ Arafat n’a pas pu être refermée avant que la situation ne dégénère. En effet, les chinois ont vite pris le contrôle de la tombe dès le départ des autorités. Tout a été organisé suivant le programme des autorités présentes.
Les choses sont allées très vite. Selon la vidéo visionnée par Afriksoir.net, la cérémonie d’inhumation au cimetière du Williamsville, a commencé dans l’intimité familiale. C’est la famille conduite par la grand-mère de DJ Arafat qui a d’abord pris place sous le chapiteau dressé pour l’occasion. Puis sont arrivés les ministres Hamed Bakayoko (qui s’était éclipsé avant la fin de la veillée et avait eu le temps de se changer) et Maurice Bandaman, ainsi que l’ex-ministre Adama Bictogo.
Six employés d’Ivosep ont alors porté le cercueil au milieu de l’assistance. A ce moment-là, l’on perçoit des policiers et des membres de la sécurité des autorités. Outre la famille et les officiels, on voit quelque des membres de la Yôrôgang et quelques dizaines de curieux, bien tenus à distance par la sécurité.
Pendant ce temps, le site est sécurisé et on entend des « Daïshi, Daïshi ! » venant de la voie publique, scandés par des chinois, frustrés de ne pas pouvoir accès au cimetière. Il faut dire que la nécropole abidjanaise était déjà bouclée par la police, dès 5 h, sur ordre de la hiérarchie commandée par le Général Youssouf Kouyaté à Williasmville.
Après un léger flottement, la grand-mère de DJ Arafat s’est levée et a avancé vers le cercueil fermé. Elle a prononcé une prière et fait un discours. A ce moment-là, Tina Glamour contient difficilement ses larmes et se dirige vers le caveau qui sera par la suite aspergée d’eau bénite par la grand-mère. Les premiers tirs de gaz lacrymogène se font alors entendre depuis le carrefour du camp Agban. Les membres de la sécurité des autorités semblent impatientes que la cérémonie prenne fin.
La tombe de DJ Arafat prise d’assaut avant d’être fermée
On entend alors un homme improviser un chant : « Mon âme bénit le Seigneur ». La grande fille de DJ Arafat avance vers le cercueil et l’embrasse. Les deux autres garçons avanceront aussi vers le cercueil. Par la suite, les autorités se lèvent et le cercueil est soulevé par les agents d’Ivosep. Premiers applaudissements de la petite foule de chinois qui a réussi à être témoin de l’événement. Sur la voie, les coups de sifflets et les hourras à l’honneur de Yôrôbô se multiplient.
Le cercueil est glissé dans le caveau. Premier relâchement dans le cordon de sécurité. La foule s’approche un peu plus, les téléphones portables sortent. Les trois officiels sont debout, les six porteurs s’éclipsent. La foule est presqu’au bord de la tombe, Gros Bedel fait un speach. « Sept fois le palais de la Culture mon petit », répète-t-il.
C’est alors qu’avance Hamed Bakayoko pour s’incliner sur la tombe, la sécurité le protège contre les preneurs de selfie. Celui-ci présente ses deux paumes à l’endroit de la tombe, puis touche sa poitrine. Avance Maurice Bandaman qui fait le signe de la croix du Christ, puis Bictogo. Pendant ce temps, la tombe est toujours ouverte. On entend quelqu’un dire dans la foule : « s’ils s’en vont net, ceux-là vont venir ».
En effet, les choses vont vite et dégénèrent rapidement. Juste après le départ des autorités, quelques policiers sont présents, mais semblent n’avoir aucune mission précise. Certains prennent des vidéos. Sur la voie, le cordon de sécurité est levé juste après le départ des autorités. On entend d’abord des « Daïshi » lointains, se rapprocher rapidement. Pendant ce temps, des membres de l’organisation vêtus de tee-shirts noirs tentent de refermer la tombe. En vain. Les chinois sont déjà là et scandent « Daïshi ». Ils prennent le contrôle de la tombe. La suite est connue…
La question est donc : qui a donné l’ordre de lever le dispositif de sécurité après le départ des autorités, au point où ceux qui devaient refermer la tombe n’ont pas eu le temps de le faire, vu qu’ils ont été pris d’assaut par les chinois ?
Emmanuel Gautier