La Russie est engagée dans une lutte épique pour sa survie, son indépendance, sa souveraineté et sa sécurité
par Andrew Korybko.
C’est la Russie qui était menacée d’anéantissement par les forces de l’Otan et non l’inverse ! Elle ne défend pas seulement son indépendance et sa souveraineté face aux provocations militaires de Kiev, de l’Otan et des Occidentaux, face à leurs manigances hostiles et à leurs sanctions.
Elle défend son droit sacré à la vie, à la sécurité de ses frontières, à la sauvegarde des intérêts vitaux de son peuple, à la préservation de sa culture et de son patrimoine, toutes choses gravement menacées par les agressions et les desseins malveillants des marionnettes néo-nazies de Kiev soutenues et glorifiées par l’Occident
Avec l’opération militaire spéciale déclenchée en Ukraine, la Russie et la civilisation dont elle est porteuse se sont donné les moyens de se défendre contre la menace existentielle que représente pour elles la coalition hostile des occidentaux ameutés par Washington. La Russie entend ainsi défendre sa souveraineté et son indépendance. En s’appliquant à préserver l’existence de la grande puissance géo-stratégique dont il incarne la plus haute fonction, le Président Poutine s’efforce assurément de ramener un peu d’ordre et de stabilité dans le chaos planétaire grandissant induit par la course à l’apocalypse programmée par les États-Unis pour préserver leur domination d’un monde unipolaire en passe de s’effondrer.
C’est pour faire prendre au sérieux et faire respecter les lignes rouges clairement édictées par Moscou pour garantir la sécurité régionale et, plus particulièrement, celle de la Russie que l’opération militaire spéciale en Ukraine a été engagée alors que les Occidentaux coalisés sous la houlette de Washington s’en donnaient à cœur joie pour piétiner ces lignes rouges à qui mieux mieux, fomentant intrigues et machinations en tous genres pour tenter de sauvegarder à tout prix l’ordre chancelant du monde unipolaire qui prévalait hier encore, un monde sur lequel ils prétendaient préserver leur contrôle hégémonique.
Si le Président Poutine n’avait pas réagi vigoureusement comme il l’a fait quand il a constaté l’échec des louables efforts entrepris par Moscou à la fin-décembre pour trouver une solution diplomatique à la crise des missiles déclenchée en Europe par les Américains, cachée au grand public, vu le refus des Occidentaux de prendre en compte les garanties demandées par la Russie pour préserver la sécurité collective et la sienne propre, il n’aurait pu écarter, comme il l’a fait, le déclenchement de la troisième guerre mondiale. La Russie se serait alors trouvée à la merci d’un chantage permanent à l’utilisation par l’Ukraine d’armes de destruction massive. Ainsi, la Russie se serait vue contrainte de céder continuellement aux demandes présentées par Kiev pour le compte de ses donneurs d’ordre occidentaux, conduisant tout droit à la « balkanisation » du pays programmée par Washington.
Ce sont ces réalités objectives là qui permettent d’affirmer que c’est l’existence même de la Russie qui est défendue à travers l’opération militaire spéciale déclenchée en Ukraine. Comme les plus hauts responsables du pays l’ont expliqué à la population, c’est pour défendre son indépendance et sa souveraineté que la Russie a dû engager le combat. Le Président Poutine a expliqué cela très clairement dans l’allocution adressée au peuple russe le 24 février dernier. Dès le lancement de cette campagne, il a révélé avec gravité que « la lecture des rapports qui se succèdent et l’enchaînement des évènements récents ne laissent planer aucun doute sur le fait que la confrontation en cours avec les forces que nous combattons ne peut plus être évitée. C’est juste une question de temps. Eux se préparent et attendent le moment opportun pour nous attaquer. Par-dessus le marché, ils ont fait savoir qu’ils voulaient se doter de bombes nucléaires. Nous ne laisserons jamais faire cela. »
Le Ministre des Affaires Étrangères Sergei Lavrov a évoqué, lui aussi, ces vérités amères quelque temps plus tard, au début de ce mois. Le chef de notre diplomatie s’est exprimé en ces termes : « Nous avons compris que ce n’est pas seulement avec l’Ukraine que nous avons un problème. L’agression à laquelle nous devons faire face est tournée contre notre existence même, contre toutes les choses qui touchent à la Russie, contre tous les intérêts de la Russie, contre sa religion, contre sa culture, contre sa langue, contre sa sécurité, et j’en passe… Et maintenant, la réponse apportée par les Occidentaux aux actions que nous avons engagées, que je qualifierais de démente -pardonnez-moi ce langage brutal- montre que l’enjeu pour nous est bien aujourd’hui une question de vie ou de mort pour la Russie. C’est son droit à conserver sa place sur la carte du monde qu’elle doit défendre. C’est son droit à défendre pleinement les intérêts légitimes de sa population qui est contesté. »
Naryshkin, le chef des services de contre-espionnage, (SVR) a parachevé le tableau le 16 mars 2022, en expliquant que « Notre pays traverse en ce moment même un épisode crucial de son histoire. C’est le sort de la Russie, c’est sa place future dans le concert des nations qui se décident maintenant. Le levier le plus précieux pour le développement de la Russie, le cœur de ses mille ans d’histoire, c’est, et cela a toujours été la préservation de sa souveraineté, la préservation de son droit à décider librement, consciemment, en toute indépendance, de son destin. »
Le Président Poutine s’est de nouveau exprimé hier. Cette fois, il a attiré l’attention du pays sur la guerre hybride menée contre lui par les pays occidentaux à la remorque de Washington. Il a alerté ses concitoyens sur les menaces innombrables auxquelles il va falloir faire face, sur les tentatives de déstabilisation internes qui vont se multiplier.. Il a mis en garde contre « ceux (les Occidentaux) qui comptent sur la cinquième colonne, sur les traîtres : ceux qui gagnent leur argent en travaillant ici et qui, dans leur tête, vivent déjà là-bas, en Occident, pas au sens géographique du terme, mais dans leurs pensées, dans leur inclination à se soumettre. N’importe quel peuple, et le peuple russe lui aussi, apprend vite à reconnaître les véritables patriotes et à les distinguer de la racaille et des traîtres, à se détourner de ces derniers comme on recrache un moucheron arrivé dans votre bouche par accident… Nos ennemis ont un objectif bien arrêté : ils veulent détruire la Russie… Je suis convaincu que l’auto-nettoyage, le discernement, le triage du bon grain de l’ivraie qui s’imposent naturellement à nous, vont au contraire rendre notre pays plus fort. Cela va renforcer notre solidarité, notre cohésion et notre capacité à relever tous les défis. »
Ces trois personnages occupant les plus hautes fonctions de l’état dressent un portrait rigoureux de la situation et des enjeux stratégiques immenses auxquels le pays est confronté. Comme expliqué dans le paragraphe qui introduit cette analyse, les occidentaux qui suivent docilement Washington veulent assurément en finir avec l’existence d’une Russie politiquement indépendante, capable de tenir sa place sur la scène géo-politique mondiale. Comme le Président Poutine l’a révélé, l’explosion du conflit était sans conteste devenue inévitable. C’est pourquoi il a dû agir préventivement pour qu’il n’éclate pas en Russie, sur notre propre territoire national, ce qui aurait déclenché la troisième guerre mondiale. On comprend, dans ces conditions, que Lavrov et Naryshkin se soient appliqués à décrire très précisément la nature et les contours de l’opération militaire spéciale engagée en Ukraine pour préserver l’existence même de la Russie, pour défendre son droit à décider librement de son destin. On comprend que le Président Poutine, de son côté, ait pris soins de mettre ses compatriotes en garde contre la multitude des dangers internes auxquels le pays est exposé, des dangers qui mettent en péril l’existence même de la civilisation russe et de l’état russe avec lequel elle fait corps, faisant au passage allusion aux actions engagées par les services du contre-espionage qui prennent sans attendre les mesures appropriées.
Pour dire les choses plus simplement, la poussée exercée par le monde unipolaire sous domination US, contre les multiples processus sytémiques en cours qui tendent à le fractionner, a pour objectif premier la neutralisation géopolitique de la Russie, étape préalable au bridage et à la relégation de la Chine que les décideurs politiques des Etats-Unis considèrent comme leur rival principal du vingt-et-unième siècle. Si le Président Poutine s’était laissé enfermer dans les tergiversations diplomatiques orchestrées par les Occidentaux pour rejeter indéfiniment la prise en compte des garanties demandées par la Russie, et des lignes rouges établies et clairement énoncées pour préserver sa sécurité nationale, c’est sur le territoire de la Russie que la guerre devenue inévitable aurait éclaté, déclenchant ainsi la troisième guerre mondiale. La grande puissance eurasienne se serait alors retrouvée dans une situation désespérée, acculée à faire usage de ses armes nucléaires pour assurer sa survie, ce qui aurait conduit à la fin du monde ou, au moins, à l’éradication de la Russie et d’une grande partie de l’Occident, vraissemblablement de tous les pays européens, avec des conséquences incalculables pour les relations internationales dans ce qui resterait du monde après l’apocalypse nucléaire.
C’est ce scénario apocalyptique que l’opération militaire spéciale engagée en Ukraine a permis d’éviter, du moins pour l’instant. Cette intervention laisse à la Russie une chance de défendre et de préserver son indépendance et sa souveraineté directement menacées par le camp occidental coalisé sous l’égide des Etats-Unis. En préservant la survie et l’existence de la grande puissance géostratégique que la Russie est redevenue, le Président Poutine tente de redonner un peu de stabilité à ce monde de plus en plus ébranlé par le chaos délibérément orchestré par le plan diabolique imaginé par les Etats-Unis pour garder le monopole de la domination du monde unipolaire en cours de désagrégation. La seule alternative pour la Russie aurait été l’acceptation passive de son propre démantèlement, conséquence logique et inévitable du chantage perpétuel à l’utilisation d’armes de destruction massive pour la faire plier, parallèlement à la neutralisation de ses capacités de rétorsion par une deuxième frappe atomique en cas d’attaque nucléaire portée contre elle. Voila ce qui serait advenu si le Président Poutine avait laissé le champ libre aux Occidentaux pour faciliter l’accès de Kiev à l’arme nucléaire.
Bien loin d’être la guerre fasciste, contre un état pacifique ne menaçant personne, que dénoncent les grands médias occidentaux, c’est une véritable lutte existentielle pour la survie de la Russie que le Président Poutine a engagée pour répondre à la menace bien réelle, d’une gravité inouïe, de l’Occident véritablement fasciste, lui, si on y regarde bien. Le Président de la Russie déploie de grands efforts pour rétablir le cadre ambitieux originel des bonnes relations internationales tel qu’il a été défini par la Charte des Nations Unies. Ce cadre n’a jamais été réellement respecté du fait du déclenchement de la guerre froide par les Etats-Unis d’Amérique au lendemain de sa promulgation, puis du système hégémonique unipolaire dans lequel le monde a sombré en 1991 apportant dans son sillage des millions de morts dans les pays de l’hémisphère sud globalisée.
En d’autres mots, la Russie essaie de sauver le monde du complot ourdi par les Etats-Unis pour le détruire, avec l’objectif de rétablir un jour l’égalité et la justice dans la conduite des affaires internationales, un objectif noble dont on est en droit d’espérer la bonne réalisation.
source : OrientalReview.org
traduction Gérard Jeannesson
via Sott