la Civ en passe de devenir une anarcoéconomie !
Par PRAO YAO Séraphin
« Trompe-moi sur le prix, ne me trompe pas sur la marchandise » (Proverbe indien)
Depuis 2012, le régime Ouattara ne cesse de chanter les louanges d’une croissance économique retrouvée en Côte d’Ivoire. Cette croissance économique tiendrait du Saint-Graal et conduirait le pays à la gloire et à la rédemption. Disons-le tout net : cette idée nous parait du domaine du folklore et bien peu scientifique.
Dans les lignes qui suivent, nous indiquons que le président Ouattara a transformé la macroéconomie en une « arnacoéconomie ». Pour ce faire, essayons une petite démonstration afin de ne pas tomber dans une accusation gratuite. Mais avant, il convient de définir les notions de « macroéconomie » et de « arnacoéconomie ».
On peut définir la macroéconomie comme une approche théorique qui étudie l’économie à travers les relations existantes entre les grands agrégats économiques, le revenu, l’investissement, la consommation, le taux de chômage, l’inflation…Quant au nouveau terme que nous avons choisi pour designer la théorie économique qui est propre à la gouvernance du président Ouattara, l’ « arnacoéconomie », elle désigne une économie basée sur la duperie, le bidouillage macroéconomique et sans fondements théoriques.
Une économie dopée par un endettement public démesuré
Après avoir été éligible à l’Initiative pays pauvres très endettés (IPPTE), en 1998, la Côte d’Ivoire a atteint le point d’achèvement en juin 2012. Pour rappel, le stock de la dette publique totale, à la fin de l’année 2011, s’élevait à 8377,1 milliards de F CFA, soit un ratio de 69,9% du PIB, quasiment égal à la norme de 70% fixée dans le cadre du pacte de stabilité et de croissance de l’UEMOA. Malgré la forte croissance du PIB depuis 2012 et l’allègement progressif de la dette publique généré par le C2D, le ratio dette publique sur PIB s’est accru, passant de 45% (34% hors C2D) en 2012 à 48,3 fin 2016 (43,2% hors C2D). Si on s’en tient aux chiffres de la COFACE, le ratio dette publique rapporté au PIB était de 48,9 % en 2015 et avec une prévision de 48,3 % en 2017. Or, ces chiffres sont très proches de la norme de 49% établie par le Cadre de Viabilité de la Dette (CVD) du FMI. La situation provisoire de la dette publique de la Côte d’Ivoire est aujourd’hui estimée à environ 9000 milliards de francs CFA. Dans le même temps, on nous dit que le taux de croissance du PIB devrait atteindre 7 % en 2018 et 2019. Il est donc paradoxal qu’avec de tels chiffres, la Côte d’Ivoire n’arrive pas à générer une épargne pour financer son économie.
Une économie où la fiscalité n’incite pas à investir
Pour avoir une idée nette du matraquage fiscal, il suffit de considérer l’annexe fiscale à loi de finances pour la gestion 2018. Cette disposition considérée comme une inflation de mesures de hausse et de création de nouveaux impôts et taxes, n’est pas favorable à la création d’entreprises. En 2013, dans le secteur de l’hévéa, le gouvernement a créé une taxe de 5% sur le chiffre d’affaires des usiniers. Dans la même année, la charge fiscale de la SAPH, sans y ajouter les autres taxes, s’établit à 67% du résultat. Ce ratio indique simplement que sous le Président Ouattara, l’Etat est devenu un prédateur. Depuis le 1er Janvier 2014, le gouvernement a augmenté le coût des prestations des services de télécommunications avec la création d’une nouvelle taxe. Il est vrai que l’objectif clairement affiché par les autorités ivoiriennes est de porter le taux de pression fiscale estimé à 15,6% en 2016 à environ 20% en 2019, suivant les recommandations des institutions de Bretton Woods, mais elles ne doivent pas asphyxier le secteur privé. Pendant que les proches du clan Ouattara sont exemptés d’impôts, les Ivoiriens subissent le matraquage fiscal.
Une économie avec une duperie sur les chiffres
En Côte d’Ivoire, la vérité sur les chiffres est une denrée rare. Sur le taux de chômage, le ministre ivoirien de la Promotion de la Jeunesse, de l’Emploi des Jeunes et du Service Civique, l’estimait à 2%. Juste après, le porte-parole du Gouvernement ivoirien, estimait que le taux de chômage oscillerait entre 23 et 26% quand de récentes études l’estiment, elles, à plus de 70%.
Une économie où la macroéconomie est invisible dans le quotidien des Ivoiriens
Le gouvernement n’a jamais dit la vérité sur le taux de pauvreté en Côte d’Ivoire. Une étude conjointe de l’Agence française de développement (AFD) et l’Ecole nationale supérieure de statistique et d’économie appliquée (ENSEA) a établi le taux de pauvreté en Côte d’Ivoire à 47%. Pour rappel, ce taux était de l’ordre de 10% à l’aube des années 1980.Selon l’étude, la classe moyenne représente 27% des 23 millions d’Ivoiriens, soit 6 200 000habitants. Cette portion de la population ivoirienne gagne, selon les baromètres fixés, 4 (3,39euros) et 20 dollars (16,99 euros) par jour. Cela s’explique par la rupture entre les revenus des personnes vivant en ville et ceux des populations des zones rurales. Malgré les taux de croissance positifs, la Banque mondiale rappelle que le niveau actuel du revenu par habitant reste aujourd’hui inférieur à celui du début des années 1980. L’Esperance de vie de l’Ivoirien est de 52 ans, la plus faible de toute l’Union économique et monétaire ouest-africaine.
Une économie avec des infrastructures de pacotilles
La piètre qualité des infrastructures en Afrique subsaharienne notamment en matière d’alimentation électrique et en eau, de routes et de technologies d’information et de la communication (TIC) coûte à chacun des pays, deux points de croissance chaque année et réduit la productivité de 40%. Les pays africains doivent donc massivement investir dans les infrastructures pour rendre leurs économies compétitives. Dès sa prise de pouvoir, le Président Ouattara, habitué à la communication, a placé des pelleteuses aux abords des rues, à Abidjan comme dans les grandes villes de la Côte d’Ivoire. L’objectif est simple à décoder : montrer aux Ivoiriens qu’il travaille. Il ne s’arrête pas là : avec des affiches partout en Côte d’Ivoire, il va dire aux Ivoiriens que l’Etat travaille pour eux.
Au niveau des routes, les pluies diluviennes ont dévoilé la piètre qualité de ces infrastructures et les défauts de conception.
Au niveau des universités réhabilitées, rien ne marche. Les ventilateurs, les prises électriques, les micros et autres équipements ne sont plus fonctionnels. La dégradation est telle qu’on se demande si ces universités ont été réhabilitées.
On l’aura compris, l’économie sous le président Ouattara ne se résume point à ces cinq points. Cependant, ils sont illustratifs de l’arnaque qu’on sert aux Ivoiriens depuis 2011.
Une contribution par PRAO YAO SÉRAPHIN