Le temps me manque pour faire une longue introduction. Le monde se dirige peut-être vers une autre catastrophe. Si nous ne parvenons pas à l’empêcher, il se pourrait bien que ce soit pour nous la dernière.

Faisant démonstration de sa force, l’Occident éveille l’hostilité de tout pays sur son chemin vers la domination planétaire absolue. Certains pays, dont la Syrie, sont impitoyablement attaqués de front, avec pour conséquence des centaines de milliers de victimes.

Le désastre politique, et incidemment militaire, s’accompagne simultanément de destruction écologique. Les multinationales occidentales en particulier, pillent le monde et exploitent les peuples sans même se soucier de la survie de l’espèce humaine.

Le « politiquement correct » dilue le sentiment d’urgence, et il règne beaucoup d’hypocrisie. Alors que du moins à l’Ouest et au Japon, les gens sont encouragés à recycler, à éteindre la lumière dans les pièces vides et à ne pas gaspiller l’eau, en d’autres lieux de la planète, des îles entières, des nations et des continents sont déconnectés par des compagnies occidentales ou détruites par l’exploitation minière débridée. Les régimes des « États clients » de l’Occident étant désespérément corrompus pour cela.

Les politiciens occidentaux ne voient absolument pas l’urgence dans tout ce qui se passe dans le monde, ou plus précisément, sont payés pour ne pas la voir.

Sommes-nous maintenant dans une situation absolument désespérée ? Le monde est-il devenu fou ? Est-il prêt à se sacrifier au profit du très petit nombre ? Est-ce que les gens vont juste rester passifs, regarder ce qui se passe autour d’eux et crever, alors que leur monde va littéralement s’embraser ?

Jusqu’à il y a quelques mois, c’est ce qui semblait.

À ce moment, l’une des plus anciennes civilisations de la Terre, la Chine, s’est levée et a dit « Non ! Il existe d’autres façons d’aller de l’avant. Nous pouvons tous bénéficier du progrès sans cannibaliser et saccager complètement notre planète. »

Dirigée par le président Xi, la Chine a accéléré la mise en œuvre du concept de civilisation écologique, pour finalement le graver dans la constitution du pays.

Un homme qui a fait un travail formidable en Chine, qui a travaillé inlassablement sur le concept de civilisation écologique en Chine et aux États-Unis, John Cobb Jr., est, depuis des années mon ami, mon proche camarade.

Disciple de 93 ans du philosophe Witehead, théologien progressiste chrétien parmi les plus reconnus, autoproclamé « partisan de la révolution », John Cobb est une voix « alternative » courageuse et optimiste aux États-Unis.

Notre première rencontre a eu lieu il y a plusieurs années en Corée du Nord, dans un bus allant de Pyongyang à la zone démilitarisée, et nous sommes devenus des amis proches. Ensemble, nous travaillons actuellement sur un livre et un film.

En ces temps difficiles, extrêmement dangereux, mais aussi en quelque sorte pleins d’espoir pour notre planète, il est évident que la voix de John Cobb devrait être largement écoutée.

Engagement de la Chine dans l’écologie

Je me suis souvenu de notre rencontre à Claremont, à l’époque où John s’inquiétait que la Chine et ses dirigeants puissent être indifférents à l’écologie, puissent peut-être même y être opposés. En Chine et au sein de sa direction, il y avait apparemment des voix qui préconisaient l’approche de la croissance économique pure. Maintenant, le Parlement chinois a gravé l’objectif de civilisation écologique dans la constitution nationale.

Je voulais savoir ce que cela signifie pratiquement ? Y a-t-il des raisons de s’en réjouir ?

John a répondu par courriel :

« Il y a environ quinze ans, le Parti communiste chinois a inscrit l’objectif de civilisation écologique dans la constitution. Bien que la formulation soit remarquable, la motivation n’est pas difficile à comprendre. Le Parti répondait à la détresse de centaines de millions de Chinois, qui voulaient ardemment de l’air pur et le ciel bleu. Pour maintenir sa popularité, le Parti a fait savoir à la population qu’il partageait ses inquiétudes. Tout le monde a convenu que réduire la pollution était la meilleure des choses.

« Mais cela signifiait faire plus que d’essayer de minimiser les dommages écologiques dus à la rapide croissance économique. Cela impliquait comprendre que le monde naturel est constitué de systèmes écologiques, plutôt que d’une simple collection d’entités indépendantes. Et cela indiquait clairement qu’il était souhaitable que l’activité humaine s’intègre au monde naturel au lieu de le supplanter.

« Pourtant, beaucoup de ceux qui étaient en faveur de cet objectif, ne pensaient pas qu’il impliquerait des changements majeurs dans le présent en Chine. Beaucoup soutenaient que la Chine devait d’abord de se moderniser, en particulier s’industrialiser et devenir riche. Elle pourrait se payer ensuite le luxe de prendre soin de la nature. Peu de gens, si ce n’est personne, pensaient que cela voulait dire que la Chine se détournerait de l’objectif de croissance économique.

« Les dirigeants chinois ont pourtant admis que remettre à plus tard le ciel clair et l’environnement sain, ne marcherait pas. La nation devait rechercher simultanément la croissance économique et la salubrité de l’environnement naturel. Cette évolution a commencé en évaluant les réussites des gouvernements provinciaux dans deux domaines distincts. Afin d’être moins nocifs pour l’environnement, les objectifs de croissance ont été fixés en deçà des possibilités. Les expériences d’écovillages ont été favorisées.

« La discussion sur la transition vers la civilisation écologique a aussi encouragé la réflexion sur la « civilisation » par rapport au « marché ». Cela a conforté les Chinois qui comprenaient que le souci borné de devenir riche à tout prix n’est pas sain pour la civilisation humaine. Le marxisme avait toujours mis l’accent sur les questions économiques, mais les Chinois étaient soucieux réorienter la civilisation de compétition vers la coopération. Ils étaient toujours préoccupés par la distribution des biens, faire en sorte que les pauvres en bénéficient et que les travailleurs en soient revalorisés. L’idée de renouer avec les principes civilisationnels de la Chine traditionnelle a été acceptée.

« L’urgence prise par la salubrité de l’environnement naturel et les objectifs culturels, qui avaient acquis le statut d’objectifs politiques, a dérangé certains membres du Parti. Pour eux, la richesse et la puissance de la Chine étaient vitales. L’observateur ne pouvait pas être certain que l’objectif de civilisation écologique se poursuivrait, la direction du pays étant sujette à changement tous les cinq ans.

« Quoi qu’il en soit, lors du dernier congrès du Parti, la tendance a été de renforcer l’engagement envers la civilisation écologique. Le Président Xi, qui joue un rôle central dans ce mouvement, a obtenu cinq années de présidence de plus. Lui et d’autres ont réitéré l’objectif et confirmé les étapes pour l’atteindre. Il semble probable maintenant que Xi ne sera pas un président « bras cassé » dans les cinq prochaines années, puisque la limitation à deux mandats a été supprimée.

« Pour renforcer l’engagement chinois, le Parlement a inscrit l’objectif de civilisation écologique dans la constitution nationale. Comme le gouvernement central est assidûment guidé par le Parti, cela peut sembler ne faire guère de différence en pratique. Mais la façon dont cela s’est passé montre clairement que la nation dans son ensemble n’éprouve aucun ressentiment. Le peuple chinois ne pense pas que l’engagement du Parti envers la civilisation écologique soit oppressif ou insensé. Nous pouvons faire notablement confiance à la véracité de cet engagement de la nation chinoise et à ce que les Chinois partagent l’espoir de devenir une civilisation écologique. Prédire l’avenir n’est jamais sûr, mais au fur et à mesure des évolutions, nous pouvons faire confiance en l’engagement de la Chine. Étant donné qu’il est probable qu’elle succédera au leadership mondial des États-Unis, nous avons des raisons d’espérer. »

Rôle de John Cobb en Chine

John Cobb est un personnage bien connu en République populaire de Chine. Ses pensées ont un grand impact sur un groupe influent de dirigeants chinois. Mais comment, résumerait-il personnellement son implication dans le projet de civilisation écologique ? Quel impact a-t-il eu personnellement sur ce qui se passe en Chine dans ce domaine particulier ?

« Pendant la majeure partie de ma vie, avoir un rôle en Chine était bien la dernière chose à laquelle je pensais. Étant théologien protestant, tout ce que j’espérais pouvoir faire était orienté très différemment. Bien que ma doctrine soit très profondément façonnée par la tradition prophétique du judaïsme antique, et que je comprenne que Marx a aussi été profondément imprégné par elle, je ne m’attendais pas à ce que les communistes chinois admettent cette parenté. Pourtant, au bout du compte, je pense que grâce à une succession de hasards remarquables, mon rôle en Chine a été le plus important dans ma vie. Je parlerai d’abord ma trajectoire, puis de la trajectoire de la Chine, puis de leur croisement tout à fait improbable.

« À la fin des années 1940, lors de mes études à l’université de Chicago, qui a été rendue possible par le projet GI bill, j’ai été présenté à Alfred North Whitehead. Au fil des ans, je suis devenu de plus en plus impressionné par la façon dont sa « philosophie organique » répondait à mes questions et me fournissait la vision holistique que je désirais ardemment, vision opposée à la pensée mécaniste et matérialiste qui dominait dans l’éducation et la culture étasunienne.

« À la fin des années soixante, j’ai pris conscience du fait que la culture moderne dominante entraîne le monde vers son autodestruction, et mon attachement à Whitehead, qui proposait une alternative beaucoup plus prometteuse, s’est confirmé et approfondi. Pendant ce temps, l’intérêt à l’égard de toute autre alternative à la philosophie mécanisme s’estompait dans les universités étasuniennes. Avec David Griffin, j’ai saisi l’occasion en 1973 de créer un centre destiné à garder vivante la pensée de Whitehead, et à montrer sa pertinence dans les crises de notre époque. Le Centre for Process Studies a parrainé des congrès, des conférences et des publications montrant que la pensée organique et procédurale de Whitehead offre un mode de pensée plus prometteur dans de nombreux domaines. Le souci écologique y jouait un grand rôle du début à la fin. Bien que de nombreux scientifiques et professionnels travaillaient avec nous, les universités ont resserré leur engagement dans la vision moderne que nous essayions de dépasser. Il nous arrivait parfois de nous qualifier de postmodernistes, mais quand ce terme est devenu monnaie courante en France lors de la déconstruction intellectuelle de la modernité, David Griffin a commencé à nous appeler « postmodernistes constructifs ».

« À l’aube du XXème siècle, des Chinois avisés se sont aperçus que des puissances coloniales occidentales et le Japon grignotaient la Chine et que la culture classique chinoise était incapable de concurrencer l’Occident en science, technologie et puissance militaire. Pour maintenir son indépendance, la Chine a dû se moderniser. La forme dominante de la modernité occidentale, le capitalisme bourgeois, a été adoptée. La souffrance des pauvres a poussé à rechercher une meilleure forme de modernité dans le marxisme, et pendant et après la Seconde Guerre mondiale, les marxistes ont remplacé la démocratie bourgeoise par le Parti communiste.

« Mao Tse Tung a fait de sérieux efforts pour mettre fin à la société de classe chinoise, au cours de ce qui était appelé alors « Révolution Culturelle ». Celle-ci a suscité une opposition si intense dans la classe moyenne urbaine, qu’elle a été un échec douloureux jamais reproduit. Quand le Parti communiste a abandonné cet objectif marxiste, il ne restait plus que le gouvernement du Parti et son engagement vers la modernisation rapide, la richesse et la puissance nationales.

« À l’époque où les intellectuels français étaient engagés dans la déconstruction passionnée de la modernité, les intellectuels chinois n’étaient pas à l’aise avec la direction que prenait la Chine. Se qualifiant de postmodernistes, certains d’entre eux ont suivi les Français, mais les postmodernistes français ne donnaient guère de conseils sur le problème majeur de la modernisation chinoise : la pollution et la dégradation de l’environnement. En découvrant qu’il y avait une forme de « postmodernisme » accordant beaucoup d’attention au monde naturel et prodiguant des conseils de changement positifs, beaucoup d’intellectuels chinois s’y sont intéressés. Zhihe Wang, un postmoderniste chinois, est venu à Claremont pour terminer ses études avec David Griffin, et c’est sa qualité de dirigeant qui m’a amené à participer à l’évolution en Chine. Le Dr Wang a décidé qu’il serait plus efficace en vivant aux États-Unis et en se rendant régulièrement en Chine. Sa femme, Meijun Fan, a quitté sa prestigieuse chaire à Pékin pour travailler avec lui. À la suite de leur présentation pleine d’à-propos de la façon d’appliquer ces idées en la Chine, trente-cinq universités ont fondé des centres se focalisant sur la pertinence de la pensée de Whitehead appliquée à un large éventail de sujets, comme l’éducation, la psychologie, l’économie, la science et les principes, et la justice.

« Pendant ce temps, sans doute pour calmer en partie la détresse causée à nombreux citadins par la pollution de l’air, le Parti communiste a inscrit dans la constitution l’objectif de civilisation écologique. Du fait de leur réputation, les dirigeants chinois de Claremont étaient incités à tenir des conférences sur ce sujet, en particulier pour les érudits chinois. Ceux-ci m’ont donné, ainsi qu’à d’autres « postmodernistes constructifs » étasuniens, l’occasion de participer en formulant la signification du terme initialement riche et suggestif, mais plutôt vague. Cela a probablement été notre principale contribution.

« Du fait de l’engagement dans la civilisation écologique, il y a eu un changement très important dans la politique chinoise. Dans le cadre de son objectif de modernisation, la Chine prévoyait d’industrialiser l’agriculture. Dans beaucoup de conférences ici et ailleurs en Chine, nous soutenions que la Chine ne pouvait pas bâtir une civilisation écologique sur une agriculture industrielle. Le Parti communiste a été incité à réorienter ses mesures soutenues de dépeuplement de la Chine rurale vers le développement de milliers de villages voués à la destruction. Les politiques ayant changé, en 2016, pour la première fois, davantage de gens ont déménagé des villes vers la campagne que de la campagne vers les villes. L’accent a été mis sur le développement des villages et la civilisation écologique lors des réunions cruciales du Parti communiste de l’automne dernier. Et je pense que la politique rurale a été changée parce que le parlement chinois a inscrit l’objectif de civilisation écologique dans la constitution nationale. Il semble hautement probable que cette importante réorientation de la civilisation chinoise durera.

« Le changement a été toute évidence principalement dû au travail de nombreux Chinois, mais les critiques acerbes contre les conséquences de l’industrialisation de l’agriculture aux États-Unis, ont probablement joué un rôle. Encore une fois, ma voix n’était qu’une voix parmi tant d’autres. En partie sans doute à cause de mon âge, on m’accorde beaucoup plus de crédit que je ne le mérite. Mais je suis très fier de ma contribution dans ce changement qui touche des centaines de millions de Chinois et qui donne un sens concret à la civilisation écologique. »

Pouvoir centralisé

La Chine est devenue à bien des égards le chef de file de l’écologie combinant la culture traditionnelle et la modernité. Elle est déterminée à bâtir la civilisation entière autour de ses préoccupations écologiques et culturelles. Il apparaît qu’à l’avenir, il se pourrait que les « marchés » et les considérations financières jouent un rôle important mais secondaire. Avant tout ; est-ce possible avec la nature centralisée et communiste du régime politique et économique chinois (et la planification centralisée) ?

Ni mon savoir, ni mon expérience ne me qualifient pour répondre à cette question. Mais j’ai toujours des opinions  que je vais partager.

En Chine, il est évident que ce sont les dirigeants du gouvernement central qui fixent le cap, planifient et mettent en œuvre ce qu’ils ont planifié. Pour ceux qui pensent que le monde doit de toute urgence évoluer vers la civilisation écologique, c’est l’idéal. Avant les réunions en automne dernier, je ne savais pas si tout dépendait d’un dirigeant particulier qui pourrait être remplacé. Le fait que Xi soit sorti des événements de l’automne avec un pouvoir renforcé, a été rassurant, surtout parce qu’il est fermement déterminé à poursuivre la mise en œuvre des mesures favorisant le passage à la civilisation écologique.

Il y avait encore la possibilité que des représentants d’autres factions du Parti communiste, qui cherchaient à remplacer Xi, le traitent de bras cassé. Maintenant que l’impossibilité d’un troisième mandat a été levée, ce risque a disparu. Sa longue période de présidence peut probablement faire que certaines politiques deviendront si assimilées à la nation, qu’elles seront poursuivies même si des successeurs ne sont pas eux-mêmes attirés par l’objectif de civilisation écologique.

Tout cela pour dire que la centralisation du pouvoir fonctionne actuellement d’une manière remarquablement prometteuse, à ne pas mettre en parallèle avec les autres pays ayant un pouvoir politique moins centralisé.

Avant la Chine, certains pays d’Europe ont fait des progrès considérables en direction de la civilisation écologique. Ils ne les font plus actuellement, peut-être parce qu’ils sont déjà très avancés sur ce chemin. Ils ont fait les importants changements politiques souhaitables sans que le pouvoir soit centralisé. Dans ces pays, tout le public est bien informé et capable de prendre de sages décisions. Les gouvernements sont suffisamment démocratiques pour réaliser les souhaits du public. Dans certains cas, l’engagement dans les pratiques viables et la réalisation des besoins fondamentaux de tous les citoyens est suffisamment tombé sous le sens de la population pour ne pas être dramatiquement abandonnés par les dirigeants qui se succèdent. Quand Trump a retiré les États-Unis des Accords de Paris, l’absence d’intérêt en faveur de ce retrait était impressionnant en Europe, même si les raisons du retrait étaient également valables. Apparemment, le monde corporatif européen s’est adapté aux nouveaux besoins et attentes, alors que ce n’est pas le cas aux États-Unis.

Je fais malgré tout plus confiance à la résistance de la Chine, avec son gouvernement centralisé, qu’aux pays européens plus directement soumis à l’opinion populaire. Les pays européens ont été jusqu’ici passablement prospères. La lutte contre la pollution et les autres mesures écologiques valables n’ont pas mené au chômage ou à la paupérisation économique. Ainsi, le niveau d’engagement à l’égard des nécessités écologiques n’a pas été sérieusement testé.

En revanche, la nécessité d’accepter un grand nombre de réfugiés a suffi à affaiblir le consensus sur une série de problèmes. Il n’est pas difficile d’imaginer que les multinationales, qui ont jusqu’ici coopéré avec de bonnes politiques, puissent profiter de l’opinion publique dissidente pour chercher le genre de changements que les États-Unis connaissent en ce moment. Comme ces grands groupes contrôlent souvent les médias, ils peuvent par ce moyen orienter l’opinion publique en faveur de leurs fins.

En comparant les prouesses de la Chine, qui porte beaucoup d’attention à la salubrité de son environnement naturel et au bien-être de ses citoyens nécessiteux, avec ce qui se passe dans les pays européens, je parie sur la Chine et pense qu’elle maintiendra le contrôle étatique sur la finance et les multinationales en général. Si elle le fait, elle pourrait aussi contrôler les médias. Ainsi, elle aurait l’occasion de faire que les grands groupes financiers et commerciaux servent le bien national tel qu’il est perçu par ceux qui ne sont pas à leur service. Les gouvernements moins centralisés ont moins de capacité à contrôler les compagnies financières et autres, dont les intérêts à court terme peuvent entrer en conflit avec le bien commun.

La centralisation du pouvoir dans les pays comme la Chine ne garantit bien sûr pas que le gouvernement assure la continuité du bien commun. Il y a un vieil adage en Occident : Le pouvoir corrompt, et le pouvoir absolu corrompt absolument. Je pense que le Parti communiste chinois travaille dur à développer les relations sociales chez ses membres pour qu’ils résistent à la corruption. Je pense qu’il a largement réussi. Mais si le gouvernement relâche ces efforts, il y a le risque que la politique chinoise se mette à pencher en faveur des milliardaires chinois, comme c’est le cas dans les pays capitalistes.

Mon héros, Jésus, a dit que nul ne peut servir Dieu et l’argent. Si nous comprenons que Dieu souhaite le bien commun, nous pouvons dire que personne ne peut servir à la fois l’argent et le bien commun. Je pense qu’en ce moment, le Parti communiste chinois réussit mieux à développer l’engagement envers le bien commun que ne le font les églises occidentales. Il se pourrait bien que ce soit plus important que la question de la centralisation du gouvernement.

NEO, André Vltchek

André Vltchek est philosophe, romancier, cinéaste et journaliste d’investigation. Créateur de Vltchek’s World in Word and Images, il est auteur du roman révolutionnaire Aurora et de plusieurs autres livres dont certains sont traduits en français. Il écrit en particulier pour le magazine en ligne New Eastern Outlook.

journal-neo.org/2018/05/04/chinas-determined-march-towards-the-ecological-civilization/
Traduction Petrus Lombard

Photo: André Vltchek et John Cobb