Extraits du dernier « fauteuil blanc » d’Affi N’guessan
“Je voudrais préciser que depuis 2004, Laurent Gbagbo n’est plus à la tête du FPI. Ce que je peux dire, c’est que les hommes passent et les institutions restent et le pays reste. (…) C’est pourquoi, il ne faut pas réfléchir par rapport au peu de temps qu’on a à passer à la tête d’une institution. Il faut vous projeter dans la durée et dans l’avenir et agir dans ce sens ».
C’est un Affi N’Guessan tout feu, tout flamme qu’il a été donné de voir le mercredi dernier, au siège du « Nouveau Réveil ». Un Affi N’Guessan prêt désormais à assumer son destin. Quitte à se mettre à dos une bonne partie de sa base.
Le président du FPI n’a pas caché au cours de la tribune que lui offrait le « fauteuil blanc » du confrère, sa volonté de désormais jouer les premiers rôles au FPI. Longtemps confiné à être l’Akan de service, l’ancien maire de Bongouanou entend prendre toute sa place – du reste la toute première – au sein de l’ex-parti au pouvoir. Même si par un jeu de fausse pudeur savamment entretenu, il se garde bien de le crier haut et fort, Affi cache cependant difficilement sa grande appétence pour le fauteuil de numéro un du FPI, sans cet arrière-goût aigre de faire-valoir qui lui collait jusque-là à la peau. Et pour cela, il est prêt à sacrifier tout le monde, y compris Laurent Gbagbo. Car pour l’actuel président du FPI, pour être son « ami et frère », Laurent Gbagbo n’en constitue pas moins, dans la situation où il se trouve aujourd’hui, un véritable « facteur bloquant » de la marche du FPI vers la reconquête du pouvoir perdu.
L’avenir du FPI, c’est donc irrémédiablement lui, Affi. Certes, en s’installant dans cette nouvelle posture, il n’ignore pas que dans la grande jungle des apparatchiks et autres thuriféraires de ce parti à ossature ethno-tribale bété, il lui faudra être ce véritable lion (roi de la forêt), lui l’Akan qui veut faire oublier le Woody de Mama, l’intouchable Laurent Gbagbo.
Mais Affi sait où il va, d’où son appel incessant au réalisme dans le camp de ceux de son parti qui refusent d’admettre que l’ex-chef d’Etat est perdu pour la politique et que prétendre le remplacer est faire preuve de crise de lèse-majesté voire de parricide. Affi surfait jusqu’ici entre deux vagues. Mais aujourd’hui, celui qui acceptait -tant que Laurent et Simone étaient là- de s’effacer, a décidé de franchir un palier dans ses ambitions.
On se le rappelle, dès sa sortie de prison, il avait été recadré par les gardiens du temple, pour la simple raison qu’au cours de l’étape d’Arrah, le chef de cette localité avait osé faire une comparaison entre lui et Laurent Gbagbo. « Laurent Gbagbo a fait la prison et il est devenu président de la République par la suite. Toi, tu viens de sortir de prison. Tu seras aussi président de la République », avait déclaré en substance le responsable coutumier devant la foule. Affi qui au départ n’avait pas bronché devant cette prophétie qui sonnait la mort politique de Laurent Gbagbo, a dû par la suite faire face à la pression et procéder à un rétropédalage. Histoire de rassurer dans son camp sur sa loyauté et sa fidélité à l’égard de l’ex-chef de l’Etat.
Certainement exaspéré par le feu des questions des journalistes sur le sujet, mercredi dernier, le bon et loyal Affi a décidé de mettre le pied dans le plat. « Quand on dit ça, ce n’est pas pour insulter quelqu’un. Car, c’est la réalité. Je crois qu’il faut avoir une approche naturelle des choses. Il ne faut pas compliquer ce qui est simple », a essayé de tempérer le patron du FPI à la suite de sa réponse sur la question.
Mais le mal est fait. Pascal Affi N’Guessan a livré sa pensée profonde. Il ne croit plus à un retour triomphal de son ami et mentor en Côte d’Ivoire. Il reste convaincu qu’il faut tourner la page Laurent Gbagbo et avancer. C’est une question de survie politique. Non seulement pour le FPI, mais surtout pour lui. Comme le dit un proverbe akan : « Quelle que soit la beauté du cadavre, il faut quand même l’enterrer ». Pour Affi N’Guessan, il est donc temps d’enterrer Laurent Gbagbo et passer à une autre étape. C’est pourquoi, après avoir repris son poste de président du FPI, le 7 septembre 2013, il a procédé à une restructuration en profondeur de son parti en mettant aux postes clé ses hommes et en revenant sur plusieurs décisions que la direction intérimaire avait prises en son absence. A savoir la suspension de Brigitte Kuyo, représentante du FPI en France et le dialogue direct arraché par l’équipe dirigée par Miaka Oureto qu’il a voulu court-circuiter par les états généraux de la République, avant de se résoudre à l’évidence.
Au total, Pascal Affi N’Guessan a décidé de passer à la vitesse supérieure dans la course à la succession à Laurent Gbagbo. Le président du FPI ne cache plus son envie irrésistible d’être le seul maitre à bord du navire de la refondation. Il l’affiche désormais clairement et le dit à qui veut l’entendre. Laurent Gbagbo, c’est fini Maintenant, c’est lui.
Jean-Claude Coulibaly
Lepatriote
http://news.abidjan.net/h/485391.html
dernier « Fauteuil blanc » d’Affi N’guessan, janvier 2014, ici sur resistanCIsrael