Expulsions forcées de la Sicogi en Côte d’Ivoire
Tu le mets dehors , en lui donnant 1 millions comme dédommagement ! Avec 1 millions où va t il avoir une maison ? Est-ce que l’état à prévu de mettre en place un système d’APL( aide social sous forme d’allocations pour le logement) pour le complément de loyer qui sera exigé par les propriétaires des logements où ces personnes déguerpies iront vivre ? Non , dans notre pays , on casse ta maison et c’est a toi de te débrouiller pour trouver de l’argent pour payer entièrement le loyer de l’endroit où tu trouvera un logement. Même si u e famille dort dans la rue, avec des mineurs, c’est son seul problème. L’état ne s’en préoccupe pas.
Après plus de 30 ans de vie dans un logement social, l’état, par le canal de la sicogi devrait permettre un accès à la propriété à ces habitants, à travers la cession vente de ces logements sociaux, au lieu de mettre ces compatriotes et leurs enfants à la rue !
Nous au CPR, nous avons une autre vison du développement qui ne peut se faire sans une politique sociale et un volet humain hardi.
Dr Doumbia S Major
Président du CPR
Expulsion forcée de la Sicogi en Côte d’Ivoire :
L’Etat combat les pauvres, au lieu de combattre la pauvreté
Expulsion et déguerpissement à la Sicogi : voici la vérité historique sur des turpitudes de l’administration que seul le pouvoir du président Alassane Ouattara a décidé de faire payer aux victimes.
La Sicogi prend le relais de la SIHCI
A la disparition de cette entreprise, la Société ivoirienne de construction et de gestion immobilière (Sicogi), obtient après sa création en 1962, la gestion desdits quartiers. Premier problème. Sur quelle base ? La « gestion des quartiers » inclue-t-elle la gestion des résidences de ces quartiers ?
A partir de 1980, la Sicogi lance un programme de rénovation, devant aboutir au recasement de certains habitants et à la cession de certaines autres habitations à leurs occupants.
Mais dans le mode opératoire, un litige nait et se poursuit jusqu’à ce jour. Paul Digbeu Yao a 76 ans, il est résidant à Adjamé Habitat Extension, où il loue une trois pièces depuis 1960. Ce septuagénaire revendique une promesse de vente formulée par la Sicogi, mais jamais exécutée, et cela malgré l’amortissement comptable de ses maisons.
Paul Digbeu Yao et les 229 autres locataires d’Adjamé Habitat Extension sont convaincus que ces maisons leur reviennent.
Où sont passés les actes de ventes des maisons Sicogi ?
Deuxième problème : sont-ils légalement fondés à revendiquer la propriété de ces maisons, sans acte de vente formel, dès lors que pour nombreux d’entre eux, les maisons ont été bel et bien amorties ?
En 1970, un arrêté paru dans le Journal officiel indique en son article 6 : « La Sicogi doit proposer à la fin de chaque exercice, la cession de certaines constructions de types économique au fur et à mesure de la constatation comptable de l’amortissement total des ressources propres et empruntées ayant servi à leur financement ».
Autrement dit, il revient à la Sicogi de céder ces logements au fur et à mesure qu’elle constate l’amortissement des coûts de construction. Ensuite, vient le 1er juillet 2014, l’attestation N° 733 qui ordonne la cession desdits logements.
« Justement c’est ce que nous ne comprenons pas. Les directeurs généraux qui sont venus, ont fait autre chose que d’appliquer le décret »
Paul Digbeu Yao
Selon les archives consultées, les coûts fixés pour céder le « célibatorium », appellation du studio, à cette époque, et des villas de deux et trois pièces, en bandes, variaient de 850 000 FCFA à 2 018 000 FCFA.
Des locataires morts sans avoir vu le fruit de leurs efforts
Comme Paul, Dominique Aka, cadre d’assurance, fait lui aussi face au même litige. Sauf que contrairement à notre septuagénaire, cette habitation a vu naître Dominique. « Mon père est né en 1935 à Gand Lahou. Il a grandi là-bas, il y est allé à l’école. Quand il est arrivé à Abidjan et qu’il a commencé à travailler, la première maison qu’il a occupée qui portait son nom, c’est celle-là.
Il s’y est investi pour qu’elle puisse lui revenir plus tard. Il est décédé en 1998 sans avoir vu les fruits de ses efforts. Ils sont au total environ 715 locataires, répartis dans 5 quartiers du district d’Abidjan concernés par ce différend.
Déjà en juillet 2017, les résidants du quartier Belleville à Treichville, liés au même litige, ont été déguerpis. C’est ce sort que craignent les résidents de ces cités. Ils multiplient par conséquent, les rencontres pour plaider leur cause.
Adjamé, Cocody : même contentieux, même psychose
Nous quittons Adjamé pour la commune de Cocody. Nous sommes au quartier Bel air. Même contentieux, même psychose. Ici, 76 locataires vivent sous la constante menace d’une expulsion. Surtout qu’en janvier 2018, une décision de la cour suprême en faveur de la SICOGI, lui donne plein droit de récupérer son patrimoine immobilier.
déclaration des victimes
Salimata Koné, la soixantaine révolue, désemparée plaide : « Il y a des gens qui ont habité dans des communes qui n’ont jamais rien payé à l’état. Nous sommes restés ici depuis combien d’années ? Nous avons demandé à la Sicogi de nous loger dans leurs logements sociaux, nous allons payer. On n’a pas dit qu’on va y habiter gratuitement ».
« Mes parents y sont depuis 1956. La veuve est là elle a 98 ans. Je l’envoi où ? » S’interroge Huberson Kouamé.
L’obstination des résidents est-elle fondée ?
L’obstination de ces 715 résidents est-elle fondée il y a-t-il eu vice de procédure dans la cession totale de ces cités à leurs résidents? Le décret du 1er juillet 1994, concernait-t-il tous les locataires de ces cités coloniales ou une partie ? Face à autant d’interrogation, nous nous sommes rendus à la SICOGI.
« La Sicogi, c’est vrai n’a pas eu les moyens tout de suite de procéder à ces opérations de rénovation, c’est en ce moment-là que les locataires ont réagi faisant état du fait que l’état a un moment donné de vendre tous les logements en location simple. Ce à quoi la SICOGI répond, oui l’état a effectivement vendu une partie du patrimoine en location simple. Mais l’état a exclus expressément, les trois sites ».
« Tant qu’une promesse de vente ne se traduit pas en vente réelle, elle n’est pas une vente »
Déguerpir pour sauver les 714 emplois de la Sicogi
A la tête de la Sicogi depuis six mois, pour Fofana Bouaké, ces locataires sont victimes d’une mauvaise interprétation des contours d’une promesse de vente. « Tant qu’une promesse de vente ne se traduit pas en vente réelle, elle n’est pas une vente. Il faut leur dire que c’est avec beaucoup de pincement au cœur qu’on procède à ces déguerpissements, les 714 emplois de la Sicogi sont en jeu. Ces terrains ont été apportés à d’autres structures en garanti de concourt bancaire que la Sicogi a aujourd’hui. On ne peut pas ne pas le faire ».
Pour l’heure, après trois rencontres entre la nouvelle direction de la Sicogi et le syndic national de ces quartiers, les discussions sont suspendues.
Prince Beganssou, avec la RTI
NDLR : La titraille est de la rédaction
ivoiresoir.net
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Ma position est très claire. Les expulsions à la Sicogi relèvent de ce que j’ai toujours appelé la gouvernance par la punition.
Résumons : des gens sont dans des maisons dans un contrat (dont les actes sont souvent perdus) de location-vente, depuis des décennies, pour certains avant même l’indépendance. Depuis longtemps, ils ont fini de payer ces maisons, sauf que face à des administrations corrompues et à la fois incompétentes, les actes de vente n’ont jamais été délivrées.
La faute à qui ? A l’administration qui devrait délivrer ces actes ou aux propriétaires qui, de toutes les façons, ne peuvent pas prendre des armes, pour qu’un fonctionnaire lui délivre un acte de vente ? Bref. L’administration RHDP ne peut pas se prévaloir de ses propres turpitudes et des turpitudes des administrations passées, pour vider, sans autre forme de procès, des familles entières de leurs maisons. Un Etat responsable aurait trouvé le meilleur compromis pour régler le problème.
Et le problème c’est quoi ? La délivrance des actes de vente, et non l’occupation illégale des maisons. Mais voilà, nous sommes dans un pays où des gens créent toujours des systèmes, sur le dos du pauvre, pour « blesser » notre jeton. Suivez bien ce qui va se passer sur les sites déguerpis et vous comprendrez le vrai enjeu de ces méchantes expulsions. Ces espaces, qui entre temps, ont pris de la valeur seront vendus. Que des pauvres aient payés pour cela, est leur dernier souci. Ils sont méchants ! Ils sont cruels !
Andre Silver Konan, journaliste