« Ensemble et autour de la Côte d’Ivoire meurtrie, mettons fin à l’imposture ».
» Le 13 octobre 2018 est passé. Vaille que vaille, Monsieur Alassane Ouattara, par la violence et les armes, a organisé ses élections municipales et régionales dans la détresse, la peine et la mort de bon nombre d’Ivoiriens. Force est de constater que le deuil des Ivoiriens laisse le Chef de l’Etat totalement de marbre. En effet, qu’est-ce que la mort de quelques Ivoiriens pour celui qui n’a pas hésité à se servir de plusieurs milliers de nos compatriotes, comme marche-pieds, pour se hisser au pouvoir?
Les lampions des élections se sont donc éteints, mais les vilaines et indélébiles taches de ces consultations électorales, véritables braquages des voix des électeurs par le pouvoir RDR, perdureront encore longtemps.
Ces élections de la honte ont renforcé la conviction des Ivoiriens sur certaines évidences, notamment :
1- Sur le caractère fondamentalement minoritaire du RDR, même habillé en RHDP Unifié. Depuis plus de quinze ans, le RDR n’a tenu debout que grâce aux deux béquilles que constituaient pour lui, le PDCI et la CEI. Le manteau du PDCI au sein du RHDP avait pour objectif de contribuer au blanchiment, du RDR, pour tenter de gommer dans l’opinion nationale et internationale, le caractère, par essence, violent et mortifère de ce parti, de même que la tare du 18 septembre 2002 qui lui colle à la peau.;
2- Sur la responsabilité du Chef de l’Etat et de la CEI au regard de tous les incidents, violences et drames qui émaillent depuis 2011 les différents scrutins en Côte d’Ivoire. L’organisation et le déroulement calamiteux des dernières élections du 13 octobre 2018, les graves dégâts matériels, les nombreux blessés et les morts enregistrés, découlent de la volonté forcenée de Monsieur Alassane Ouattara de s’éterniser au pouvoir par tous les moyens. Et c’est la CEI qui a reçu du Chef de l’Etat, la mission spéciale de réaliser, contre vents et marées, ce plan commun, bien réel celui-là.
Par la tricherie grossière et violente organisée au cours de ces élections et par le hold-up électoral perpétré à grande échelle, la CEI et Monsieur Alassane Ouattara viennent, eux-mêmes, de montrer à la face du monde, la méthode utilisée pour spolier le Président Laurent Gbagbo de sa victoire à l’élection présidentielle de 2010. Et c’est à juste titre que certains sceptiques de 2010, s’exclament aujourd’hui: « Or, donc Gbagbo avait gagné ! »
Les morts des consultations électorales du 13 octobre 2018 sont, à tous égards, des morts de trop. Et les Ivoiriens ne veulent plus mourir en allant voter, ils refusent de perdre la vie aussi bêtement parce qu’un individu s’agrippe au pouvoir contre leur gré. Les Ivoiriens veulent être libres de choisir démocratiquement leurs dirigeants en toute sérénité, sécurité et dans la paix.
C’est pourquoi, après le scrutin du 13 octobre 2018, qui constitue un non-événement, en dehors du désastre des pertes en vies humaines, il convient de remettre à l’ordre du jour et sans délai, la question de la réforme de la CEI, mais bien plus, la révision et la refonte du cadre institutionnel et juridique des élections en Côte d’Ivoire.
Cette réforme est moralement, politiquement et juridiquement justifiée et ne devrait souffrir d’aucune tergiversation. C’est bien ce que le Chef de l’Etat, lui-même, a reconnu dans son discours à la Nation du 6 août 2018 en disant, pour justifier sa décision de réformer la CEI: « je souhaite, en effet, que les PROCHAINES élections soient inclusives et sans violence ».
Malheureusement, le 5 septembre 2018, le Chef de l’Etat reniait sa parole en ces termes: « La réforme de la CEI ne concerne que l’élection présidentielle de 2020…. ». Cette volte-face est la cause directe des nombreux dégâts matériels, du grand nombre de blessés et des morts enregistrés avant, durant et après le scrutin du 13 octobre 2018. Si Monsieur Alassane Ouattara avait accepté que la CEI soit réformée avant ces élections municipales et régionales, couplées, ces Ivoiriens ne seraient pas morts.
Au regard du revirement spectaculaire du Chef de l’Etat et à ses conséquences catastrophiques, les Ivoiriens sont fondés à s’interroger s’il convient encore d’accorder du crédit à la parole et aux engagements des tenants actuels du pouvoir? En effet, dans quelques semaines, ne nous dira-t-on pas que la réforme de la CEI est pour 2025 ? Mensonge et duperie !
Il faut en être convaincu, sur la réforme de la CEI, Monsieur Alassane Ouattara fera du dilatoire. Mais peu importe, ce qui est aussi certain, c’est que « CEI bori abana ». C’est la fin de la folle course meurtrière de la CEI. Les Ivoiriens se donneront les moyens pour faire entrer cette réforme dans la réalité.
En effet, de l’issue de cette bataille pour la réforme de la CEI dépendent le déroulement harmonieux et apaisé des élections de 2020 et au-delà, le sort de la Côte d’Ivoire telle que nous l’avons connue, heureuse, conviviale, égalitaire et fraternelle, et non une Côte d’Ivoirie qui est devenue une immense prison à ciel ouvert pour les fils et les filles de ce pays.
Ensemble et autour de la Côte d’Ivoire meurtrie, mettons fin à l’imposture.
Serge Koffi