Edito : Gbagbo comme Dreyfus !
«Aucune déclaration, ni aucun document n’expose explicitement la volonté de Laurent Gbagbo ou celle des membres de son entourage immédiat de rester au pouvoir, même s’il fallait pour cela user de violences envers des civils ». Telle est la déclaration du procureur de la Cour pénale internationale, au paragraphe 642 de son MTB. Il le redit encore plus clairement dans sa réponse au paragraphe 1109. Alors s’il n’y a aucune déclaration, ni aucun document n’expose explicitement la volonté de Laurent Gbagbo ou celle des membres de son entourage immédiat de rester au pouvoir, même s’il fallait pour cela user de violences envers des civils, alors pourquoi le maintenir dans les liens de la détention ? 8 ans de gâchis, d’incongruité, de prise d’otage. C’est terriblement injuste d’avoir privé un innocent de sa liberté pendant 8 ans. Et il n’y a aucune preuve directe dans ce dossier d’accusation, et que tout est basé sur des déductions.
Et c’est le professeur Dédy Séry qui, dans un discours tenu, le samedi 11 Novembre 2017, à l’hôtel Belle-côte, lors de l’anniversaire de l’Ung parti de Stéphane Kipré, a dit : « Le Président Laurent Gbagbo comme le capitaine Alfred Dreyfus ».
En effet, l’histoire de la France nous apprend qu’à la fin du XIXème siècle, un brillant officier de l’armée française, la capitaine Alfred Dreyfus, polytechnicien, juif d’origine alsacienne, fut accusé d’avoir livré des documents secrets à l’ennemi (l’Allemagne). Le 22 décembre 1894, sans preuve, il fut condamné pour trahison « à la dégradation militaire et à la déportation à perpétuité dans une enceinte fortifié ». Ce sera l’île du Diable en Guyane comme c’est à présent la prison de Scheveningen en Hollande (pour Laurent Gbagbo). Totalement abusée par cette machination, l’opinion exigea même la peine capitale pourtant prohibée depuis 1848.
Et c’est cet obstacle que les geôliers du capitaine Dreyfus ont tenté de contourner en lui suggérant de se suicider. Il se refusa à poser cet acte, décidé qu’il était d’aller jusqu’au bout pour que la vérité fît le procès du mensonge. Elle ne tarda pas à se faire jour. En effet, à la suite de nombreuses enquêtes diligentées en raison d’une foule de zones d’ombre dans ce qui fut appelé « l’affaire Dreyfus », on découvrit le vrai coupable, le commandant Walsin-Esterhazy, un ancien membre du contre-espionnage français. C’est alors que le courant antisémite français multiplie les opérations d’intoxication destinées à créditer, malgré l’évidence du faux, la thèse de la trahison. En dépit de cette prestidigitation, l’opinion est désormais au courant de la machination diabolique dont la découverte décuple l’énergie des dreyfusards, dreyfusistes et autres dreyfusiens.
Le 13 janvier 1898, Emile Zola, apparait comme le porte-drapeau des dreyfusards dressés contre les antidreyfusards. Il publie dans L’Aurore le célèbre « J’accuse », dénonçant tous ceux qui, par haine antisémite ou par volonté de nivellement par le bas, ont comploté contre le capitaine Dreyfus. Le procès de l’illustre bagnard sera révisé et le 19 septembre 1899, le prisonnier de l’île du Diable, gracié. Sa réhabilitation interviendra le 12 juillet 1906. Tout comme la réhabilitation du Président Laurent Gbagbo n’est pas loin. Elle est en cours. Elle arrive à pas géant.
Et le professeur Dédy Séry de nous rappeler : « l’ostracisme que Laurent Gbagbo subit sous nos yeux sur la place publique de La Haye rappelle à la conscience universelle, le souvenir de la condamnation de la résistance, mais aussi de la réhabilitation de figures exceptionnelles telles Socrate, Jules césar, Galilée, Karl Marx, Alfred Dreyfus, Bolivar , Général De Gaulle, Samory Touré, Patrice Lumumba, Kwame Nkrumah, Salvador Allende, Amical Cabral, Mao Zedong, Agostino Neto, Thomas Sankara, Nelson Mandela ». Bonne lecture. Allons-y seulement. Haut les cœurs. La liberté vaincra. Que Dieu bénisse la Côte d’Ivoire. A la semaine prochaine. Inch’Allah !
Yacouba Gbané