Dombass, bientôt une offensive UKROP
En janvier je partageais sur les réseaux des photos de systèmes de défense antiaérienne (Buk M1) débarqués par l’armée ukrainienne dans le port de Mariupol, à quelques kilomètres de la ligne de front du Donbass.
Aujourd’hui nous avons la confirmation que ces systèmes d’armes étaient destinés à sécuriser l’arrivée plus importante de matériels et véhicules blindés destinés à l’offensive ukrainienne en préparation.
140 chars de combat mais aussi des obusiers automoteurs de 152mm, qui ont été dirigés vers le secteur de Volnovakha entre Donetsk et Mariupol, tandis qu’ailleurs on signale aussi d’autres arrivées d’unités d’assaut sur le front.
Ces équipements de combat ont depuis la signature des accords de Minsk augmenté leur quantité mais également leur qualité.
Alors que de nombreux observateurs font une fixation sur les systèmes antichars étas-uniens Javelin en cours de livraison à l’Ukraine (et qui ne changeront pas grand chose aux opérations militaires) peu en revanche relèvent les modernisations significatives réalisées sur les véhicules blindés, chars et automoteurs notamment.
Ainsi par exemple le char de combat T-80B / BV, a reçu des nouveaux moteurs plus de turbines à gaz de pointe GTD-1250 augmentant sa vitesse jusqu’à 80-90 km / h; tandis que les blindés plus anciens (T72 et T64) reçoivent également des modernisations similaires…
Les accords de Minsk sont aujourd’hui factuellement morts comme le démontre l’ensemble des matériels lourds ukrainiens qui ont quitté depuis le 20 fevrier (vote de la « loi de réintégration du Donbass ») les zones de retrait imposé pour se déployer au plus près de la première ligne du front.
Et maintenant ce sont des renforts importants qui arrivent via Mariupol, mais aussi par voie ferroviaire via Slaviansk et Dniepropetrovsk. Si beaucoup viennent renforcer sur l’ensemble du front les bases d’assaut, on peut observer cependant une concentration de matériels et équipements particulièrement importante à Volnovakha (à mi chemin entre Donetsk et Lugansk), concentration d’autant plus singulière que depuis fin 2014, ce secteur est le plus « calme »du front.
Ce secteur est selon moi celui qui offre la possibilité la meilleure pour lancer une offensive aéroterrestre rapide en direction de la frontière avec la Russie dont le contrôle permettrait à Kiev d’asphyxier les 2 Républiques de Donetsk et Lugansk.
Ce scénario que j’ai décrit dès août 2015 en le nommant « axe Sud » (les liens ici : http://alawata-rebellion.blogspot.com/sear…/label/Axe%20Sud…) sera probablement précédé d’une pression offensive générale sur les zones de contact du front les plus sensibles pour y fixer les forces de réserve républicaines, désorganiser les réseaux logistiques et de communications, et provoquer un exode des civils paralysant les routes et les villes.
La période électorale russe (présidentielles le 18 mars) est unanimement reconnue comme une fenêtre idéale pour engager cette offensive. En effet la possibilité de déstabiliser voire annuler par la guerre ce scrutin où le Président Poutine est dans tous les sondages donné vainqueur, est tentante pour une coalition occidentale et en plein effondrement économique et mise à mal en Syrie.
Va t-on assister à une importante provocation cherchant à faire bouger les lignes diplomatiques ou à une réelle offensive visant des conquêtes d’objectifs militaires ?
Ce qui est sûr pour Kiev, c’est que l’option exclusivement politique est bloquée et que l’option militaire est insuffisante. Porochenko risque donc de vouloir agiter le militaire pour bousculer une politique internationale dont il espère qu’il pourra ensuite venir sauver le premier d’une nouvelle débâcle
Bien sûr il reste sur l’échiquier plein d’inconnues pour Washington:
la valeur militaire de son fou ukrainien, la réaction militaire du cheval russe, l’obéissance de sa Reine européenne, etc…
Mais la Maison Blanche a-t-elle vraiment d’autres choix pour tenter de sauver son jeu en Ukraine ?
Visiblement les faucons de guerre de la ploutocratie ne voudront pas lâcher leur proie ukrainienne (comme leur proie syrienne en ce moment) avant un knock out final.
Il est probable aussi que les occidentaux prévoient un « roque » avec l’ONU et ses casques bleus pour verrouiller l’avancée de l’armée ukrainienne avant une riposte russe inévitable. Mais là je pense qu’ils peuvent rêver car la Russie refusera de traiter un Minsk 3 ou un scénario yougoslave avec ce gouvernement de Kiev incapable de tenir ses engagements internationaux et rageusement russophobe.
En attendant les pions des Républiques courageuses et de l’Ukraine asservie risquent de s’étriper sur l’autel d’enjeux géostratégiques qui dépassent largement les frontières du Donbass…
Erwan Castel
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