Deux réactions après la rencontre LG/EDS
DANIÈLE BONI CLAVERIE : « LE PRÉSIDENT GBAGBO N’EST PAS NOTRE RÉFÉRENT POLITIQUE »
L’appel lancé par l’ancien président Laurent Gbagbo aux partis politiques pour le rejoindre dans son projet de création d’un nouveau parti suscite des réactions. Dans cet entretien, Danièle Boni Claverie, la présidente de l’Union pour la République et la démocratie (URD) donne sa position.
Au cours d’une réunion à laquelle a participé l’URD votre parti politique, l’ancien président ivoirien Laurent Gbagbo, a appelé à le rejoindre dans son projet de création d’un nouveau parti politique. Quelle est la position de l’URD ?
– L’URD prend acte de cette décision importante qui va reconfigurer le paysage politique. Puisque les nombreux partis proches idéologiquement du parti du président Laurent Gbagbo vont certainement rejoindre cette nouvelle formation. Pour ce qui est de l’URD, parti centriste, nous sommes liés par un accord de partenariat avec EDS et le parti de Laurent Gbagbo. Nous sommes des alliés parce que nous avons choisi l’ex-Congrès national de la résistance pour la démocratie (CNRD) pour soutenir nos combats orchestrés et personnifiés par Laurent Gbagbo. Nous allons interroger nos militants sans pour autant préjuger de la ligne qui sera adoptée.
Est-ce que l’URD est désireuse de rentrer dans cette formation politique à venir ?
– Nous allons en discuter. Nous ne faisons pas partie de EDS. Nous sommes liés par un accord de partenariat qui est tout à fait différent et comme je l’expliquais, le président Gbagbo n’est pas notre référent politique. Il est notre choix. Alors je ne peux pas préjuger de ce qui pourra être décidé. Cela appartient à la direction, aux militants de se prononcer. Nous serons à l’écoute, et à ce moment-là, nous déciderons du choix. Faut-il y aller ? Faut-il rester comme partenaire ? Je ne peux le décider à la place des militants.
Avec cet appel du président Laurent Gbagbo, allons-nous vers une reconstruction de l’ex-LMP comme en 2010 ?
– Ce serait un peu trop tôt pour le dire. Peut-être nous pouvons dire que les partis membres de EDS pourront facilement se fondre dans ce nouveau parti puisqu’eux, ils affirment constamment que Laurent Gbagbo est leur référence politique. Maintenant, il faut laisser le temps aux autres partis de pouvoir faire des analyses. Parce que se dissoudre et se fondre dans un nouveau parti n’est pas une décision facile à prendre. Elle concerne aussi bien la direction du parti que le militant. Donc il y a un travail d’écoute à faire. Mais il est certain que cela va amener à une recomposition de ce paysage politique. Parce que nous allons voir des partis jeunes qui vont se fondre dans un autre parti et donc faire un tendon au PDCI et renforcer la cohésion de l’opposition et sa force.
Au cours de cette réunion avec le président Laurent Gbagbo, certains partis proches de l’ancien président n’étaient pas présents, à savoir Lider de Mamadou Koulibaly et le Cojep de Blé Goudé. Un commentaire ?
– Je l’ai constaté comme vous. Mais je n’ai aucun élément d’appréciation.
Réalisé par Richard Yasseu
Après l’appel du président Laurent Gbagbo à un large rassemblement, le ministre Eric KAHE (président de l’AIRD), réagit : « Avec élégance, le président Laurent Gbagbo propose deux options .»
À la fin de la rencontre entre le président Laurent Gbagbo et les partis membres de EDS, le président de l’AIRD nous a confié ses impressions :
«À chacune de ses rencontres, le président Laurent Gbagbo se livre à des leçons d’enseignement politique, tirées de l’histoire. Mais également des leçons relatives à notre projet politique dans lequel la décentralisation occupe une place de choix. C’est ainsi qu’il a abordé la question de la Décentralisation sous l’angle de la saturation de la métropole Abidjanaise. Nous retenons aussi la nécessité du respect de la règle républicaine selon laquelle la place d’un acteur ou d’une actrice politique, ce n’est pas la prison, c’est plutôt dans la liberté. Parce que c’est la liberté qui libère toutes les énergies possibles, pour accélérer le développement d’un pays. Ce sont des thèmes importants pour moi. C’est avec plaisir que j’ai à nouveau eu à l’écouter et à m’honorer de ses propos affectueux à plusieurs reprises au cours de cette rencontre. Mon regret c’est que nous fréquentons le président Laurent Gbagbo mais nous ne nous donnons pas suffisamment de recul pour nous approprier sa vision et la mettre en œuvre. Nous devons accepter de ne plus faire du Gbagbo que de nous accaparer Laurent Gbagbo qui ne nous appartient plus puisqu’il appartient désormais à l’Afrique et à tous ceux qui aspirent à un humanisme en politique. Il appartient à l’ensemble des partis politiques qui se reconnaissent dans sa façon de faire, marquée du sceau de l’esprit républicain.
Il serait bien que nous l’accompagnions dans les initiatives qu’il prend pour bâtir une Côte d’Ivoire moderne, une Côte d’Ivoire du rassemblement, une Côte d’Ivoire où les individualités soient moins que les valeurs que nous cultivons. Regardez avec quelle élégance il a proposé ce rassemblement aux partis politiques en leur laissant deux options : celle de l’Alliance et celle de la fusion. Les partis politiques ont ainsi la latitude de décider selon leurs procédures internes. Dans ces valeurs, il faut également faire prospérer les plus méritants d’entre vous, surtout les jeunes. Je rappelle que 60% de la population ivoirienne est encore jeune. Ces 60% concerne la frange de moins de 25 ans. Je dis bien moins que 25 ans. Voyez-vous, le défi que cela nous impose ? Mais malheureusement nous nous contentons souvent de litanie. On ne peut pas développer un pays en se contentant de promesses à sa frange la plus énergique. C’est à cela que le président Gbagbo nous appelle et c’est avec lucidité et sagesse que l’AIRD et ses instances apprécieront la meilleure forme de l’accompagnement. »
Source : Cyclone225