Déclaration du FPI

Alors que le Président Ouattara inaugurait ce matin, dès 9h la cérémonie traditionnelle des voeux, le FPI à travers son porte-parole, le Dr Assoa Adou, SG du Fpi s’adressait à ses membres, et plus largement aux Ivoiriens, en leur rappelant le « bilan » des années Ouattara, et un appel « en vue de la promotion et de la mise en œuvre effective de la Réconciliation Nationale et de la cohésion sociale » lié à la reprise des acquis de l’ère Gbagbo et le retour d’un climat de paix et de réconciliation, en vu d’un vrai redressement de la CIV, tel que le président Gbgabo a toujours prôné et vécu.
Shlomit

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Le 11 avril 2011, après son arrestation, le Président Laurent Gbagbo, depuis le Golf Hôtel où il était tenu en captivité, a déclaré ceci: « Je souhaite qu’on arrête les armes, qu’on rentre dans la partie civile par des discussions et qu’on la conclue rapidement pour que le pays reprenne ». Cet appel du président Laurent Gbagbo, après celui qu’il avait lancé déjà en décembre 2010 relativement au recomptage des voix contre l’option militaire prise par ses adversaires pour résoudre le contentieux électoral, traduit éloquemment sa philosophie politique qui consiste à mettre le dialogue et la discussion au centre de la recherche de solutions à tout problème.

L’appel du 11 avril 2011 depuis le Golf Hôtel est donc la suite de sa constante vision de règlement des crises : « Asseyons-nous et discutons » a-t-il coutume de proclamer chaque fois que la Côte d’Ivoire est confrontée à des difficultés. Le Front Populaire Ivoirien, dirigé à l’époque par son président intérimaire, feu le camarade Sylvain Miaka Oureto, n’a pas attendu pour mettre à exécution cet appel du président Laurent Gbagbo en demandant instamment un dialogue politique avec le nouveau pouvoir, aux fins de solder tous les contentieux liés à la crise post-électorale.

Après plusieurs demandes infructueuses d’audience auprès du chef de l’Etat, M. Alassane Ouattara a finalement accepté de recevoir une délégation de la Direction du Parti, le 29 septembre 2011 à la Présidence de la République. A l’issue de la rencontre, un mémorandum a été remis au chef de l’Etat. Ce document privilégiait cinq axes prioritaires pour le dialogue avec le pouvoir à savoir : la Réconciliation nationale, l’Environnement sécuritaire, l’Etat de droit, le Fonctionnement des institutions de l’Etat et le jeu démocratique.

La posture de dialogue et de discussion adoptée par le président Laurent Gbagbo et son parti dès la fin de la belligérance née du contentieux électoral, s’explique par le fait qu’après une décennie de crise militaro-politique, la Côte d’Ivoire était face a son destin. De la lucidité dans les choix et dans l’établissement des priorités dépendrait alors l’avenir du pays. La sagesse voudrait que l’on privilégie tout ce qui rassemble et favorise le « vivre ensemble ».

Malgré tout, les questions soulevées dans le mémorandum sont restées sans suite et le régime Ouattara est demeuré impassible face à la demande répétée de dialogue formulée par le Front Populaire Ivoirien, en vue de restaurer la démocratie par la résolution de toutes les questions mises en relief par la crise post-électorale.

C’est dans ces conditions que le régime Ouattara a forcé l’organisation des premières élections législatives d’après crise, le 11 décembre 2011, en dépit des multiples appels du FPI à l’apaisement et aux réformes nécessaires. Il a fallu attendre plusieurs mois pour que le pouvoir, prenant de court les partis politiques de l’opposition, initie une rencontre entre des membres du gouvernement et des leaders de l’opposition à Grand Bassam, les 27 et 28 avril 2012, sous la présidence de M. Ahoussou Jeannot, alors Premier ministre. On a parlé d’un « conclave sur le dialogue politique » qui, pour n’avoir pas abordé les vraies questions relatives aux conditions de paix et de réconciliation nationale, n’a produit aucun résultat à la mesure des attentes des populations. Le Front Populaire Ivoirien, constatant une détérioration continuelle de la situation au plan social, sécuritaire, économique et politique, a sollicité pendant plusieurs mois un dialogue direct avec le gouvernement. Ainsi, du 13 juillet 2012 au 24 mai 2014, ce sont plusieurs rencontres qui ont eu lieu entre les membres du gouvernement et la Direction du FPI, sans qu’elles ne débouchent sur un début de résolution des problèmes fondamentaux posés, relativement à la Réconciliation Nationale. Depuis le 24 mai 2014, le pouvoir a rompu toute discussion avec le FPI qu’il a plutôt entrepris de déstabiliser de l’intérieur. En vain.

C’est dans ces conditions que le régime Ouattara et ses alliés ont organisé unilatéralement toutes les consultations électorales, excluant ainsi de fait le FPI de ces scrutins. Ainsi, des élections législatives du 11 décembre 2011 aux récentes élections municipales et régionales du 13 décembre 2018 en passant par les législatives de 2016, la présidentielle de 2015, et le référendum Constitutionnel de 2016, le Front Populaire Ivoirien a été exclus du jeu électoral, malgré ses multiples appels au dialogue sincère et les interpellations de la Communauté internationale ; notamment le Conseil de Sécurité de l’ONU, à travers sa résolution 2062 du 26 juillet 2012 qui demandait déjà « au Gouvernement ivoirien et à tous les acteurs politiques de veiller à ce que les prochaines élections soient ouvertes, transparentes, libres et régulières et se déroulent dans le calme, et à ce qu’elles favorisent la représentativité politique et la réconciliation, en choisissant une date opportune, en assurant la sécurité et en procédant aux réformes électorales utiles (…) »

Sur la question particulière des réformes du cadre institutionnel et juridique des élections en Côte d’Ivoire, c’est le lieu de rappeler que le 18 novembre 2016, sur saisine de l’ONG Actions pour la Protection des Droits de l’Homme (APDH), la Cour Africaine des Droits de l’Homme et des Peuples, estimant que la composition actuelle de la CEI viole le droits des citoyens ivoiriens à choisir librement leurs dirigeants, a condamné l’Etat de Côte d’Ivoire et l’a enjoint de modifier l’organe électoral afin de le rendre conforme aux instruments internationaux dont notre pays est signataire.

Mais le chef de l’Etat, malgré la promesse qu’il a faite le 06 août 2018 de « réexaminer la composition de la CEI avant les prochaines élections » a fini par se rétracter, à la surprise générale. Or l’annonce du 6 août 2018 augurait du retour de la Côte d’Ivoire à une normalité démocratique qui devait permettre à tous les partis politiques de faire valoir leurs ambitions sur le terrain et par la seule voie des urnes, ligne idéologique et politique dans laquelle le FPI s’est toujours inscrit et dont il ne s’est jamais détourné.

Aujourd’hui, à cause du refus obstiné de M. Ouattara et de son gouvernement à régler les problèmes des ivoiriens par les réformes et la prise de décisions courageuses et responsable, la vie politique ivoirienne est marquée par la violence sous toutes ses formes. Ce régime a instauré la division au sein de la population, notamment au sein des communautés ethniques et religieuses, mais aussi au sein des partis politiques et des forces sociales. Il a institué en Côte d’Ivoire une pratique désastreuse, appelée « rattrapage ethnique », qui a érigé le clientélisme et la violation permanente des lois de la République en mode de gouvernance.

La politique de M. Ouattara a :
– contraint des dizaines de milliers d’Ivoiriens à l’exil – jeté en prison des centaines d’Ivoiriens pour des raisons politiques
– appauvri et réduit à la misère et à la précarité des milliers de familles sans défense, par des opérations de déguerpissements sauvages et de chasse aux petits commerçants
– porté le taux de chômage à des niveaux sans précédent
– spolié les ivoiriens de leurs terres et de leurs habitations, en milieu rural comme en milieu urbain
– déstructuré le tissu économique national en étouffant les initiatives entrepreneuriales du fait de la corruption généralisée, du clientélisme et de l’affairisme d’Etat
– hypothéqué l’avenir de la nation sur plusieurs générations par un surendettement irresponsable, de surcroit peu productif pour le pays
– déstructuré et dévalorisé l’Ecole, formant ainsi au rabais des nombreuses générations d’Ivoiriens – déstructuré le système de Santé publique
– caporalisé l’appareil judiciaire
– caporalisé la Commission Electorale Indépendante (CEI),
– confisqué les médias d’Etat et muselé la presse indépendante

Au total, une politique de division, de tribalisme à tous les niveaux de la vie publique, de violence et de prédation, faisant ainsi peser un réel danger sur l’avenir de la Côte d’Ivoire.

C’est ce tableau, on ne peut plus sombre et inquiétant qu’a dénoncé en avril 2018, un rapport confidentiel de la délégation de l’Union Européenne à Abidjan : « (…) pour Alassane Ouattara, les difficultés semblent s’accumuler autour d’un second mandant probablement plus difficiles qu’envisagé initialement. En effet, si la situation ivoirienne reste globalement stable, plusieurs signaux préoccupants persistent cependant en ces premiers mois de l’année 2018. Face à ces difficultés, les autorités se montrent hermétiques aux critiques internes ou externes, et semblent désireuses de ne laisser aucun lieu de pouvoir leur échapper (…) Au-delà d’une conjoncture difficile, ils révèlent les failles politiques importantes de la reconstruction post-crise, et les fragilités non résorbées d’un pays peut-être moins solide et moins démocratique que sa bonne image pourrait le laisser penser ». La situation décrite par l’Union Européenne dans ce rapport confidentiel, largement diffusé dans la presse, témoigne à suffisance, du péril qui guette la Côte d’Ivoire et conforte le Front Populaire Ivoirien dans son constat d’échec de la politique de Réconciliation Nationale que M. Ouattara prétend avoir menée depuis son avènement au pouvoir. Ce constat est d’autant frappant et choquant que les institutions mises en place par le chef de l’Etat lui-même, à coup de plusieurs milliards des contribuables ivoiriens, pour les réconcilier, se sont heurtées à des actes de sabotage, orchestrés de l’intérieur même du régime. Pire, à ce jour, les conclusions et recommandations de la Commission Dialogue Vérité et Réconciliation (CDVR) ne sont pas encore connues du public ivoirien qui en a pourtant le droit. Il en est de même de la Commission Nationale de la Réconciliation et de l’Indemnisation des Victimes (CONARIV) qui a travaillé dans un flou dont seuls les responsables et leurs mandants ont le secret. En définitive, sept (07) années après la crise liée au contentieux électoral, les ivoiriens vivent encore dans une atmosphère de division, sciemment entretenue par les tenants du pouvoir. Or la Réconciliation est un élément important pour la reconstruction du pays, l’édification d’un véritable Etat de droit, démocratique, laïque et solidaire. La Réconciliation est une condition nécessaire pour l’instauration d’une paix durable. C’est le lieu de rappeler que l’article 23 de la Charte Africaine des Droits de l’Homme et des Peuples prescrit que « les peuples ont droit à la paix et à la sécurité tant sur le plan national qu’international ».

Nous avons le devoir, aujourd’hui plus qu’hier de nous approprier cette directive quand nous savons la menace djihadiste à nos porte et qui sévit dans la sous région ouest africaine. C’est pour prévenir toute forme d’instabilité auquel le pays est exposé et pour mettre fin à la souffrance du peuple de Côte d’Ivoire qui a soif de la réconciliation vraie et sincère que le président Laurent Gbagbo, président du Front Populaire Ivoirien, a instruit l’ensemble de la direction du Parti à :

1- Entreprendre, sans délai, toutes les initiatives nécessaires en vue de la promotion et de la mise en œuvre effective de la Réconciliation Nationale et de la cohésion sociale. Pour ce faire, le Président Laurent Gbagbo met le Parti en mission auprès de tous les acteurs de la vie politique et de la société civile, sans exception, en vue d’une grande mobilisation pour construire ensembles les bases de la vraie réconciliation entre les filles et les fils de la Côte d’Ivoire.
2- Aller vers les partis politiques de gauche pour se renforcer et s’approprier d’avantage la problématique de la Réconciliation Nationale, gage de la stabilité et d’une paix durable en Côte d’Ivoire.

Fait à Abidjan, le 07 janvier 2019
Le Secrétaire Général Dr Assoa Adou