CPI, toujours bloquée…
POUR TOUS CEUX QUI S’OPPOSENT À LA LIBÉRATION DE LAURENT GBAGBO, ILS SONT IGNORANTS OU MÉCONNAISSENT L’HISTOIRE OU DISSIMULENT MAL LEUR DÉFAITE OU ONT PEUR DE LA SUITE DES ÉVÉNEMENTS.
Le samedi 22 décembre 2018, un fait mineur mais pas banal et anodin(à notre avis) est presque passé inaperçu du fait de la faiblesse de la mobilisation et de la communication. En effet ce jour là, dans une ruelle de Paris, quelques militants du RDR ont manifesté pour, ont ils dit, protester contre la libération du président Laurent Gbagbo. Quelques jours avant eux, des avocats français, dit on, avocats de l’État de Côte d’Ivoire mais en réalité des avocats qui défendent les intérêts du couple Ouattara ont aussi, dans un communiqué officiel où il fustigeait la liesse populaire du 14 décembre dernier, dissimulé leur intention de ne pas voir libre le président Laurent Gbagbo par les juges de la CPI. Tous ceux là sont d’accord avec la thèse de l’Accusation de la CPI qui présente Laurent Gbagbo comme un »criminel de guerre, ayant commis des crimes contre l’humanité ».
Mais pourquoi à la fin du procès de la CPI contre Laurent Gbagbo, cette thèse n’a pu être prouvée et démontrée ?
Parce que l’Accusation a fait du faux pour inculper Laurent Gbagbo sous ce délit. En effet le délit majeur de « crimes contre l’humanité » apparaît pour la première fois au procès de Nuremberg qui se déroule du 24 novembre 1945 au 1er octobre 1946. Ce procès qui a effectivement montré la responsabilité des dirigeants nazis dans les crimes contre des civils durant la Deuxième Guerre mondiale a abouti à la condamnation à mort par pendaison de douze condamnés : Martin Bormann (par contumace), Hans Frank, Wilhelm Frick, Hermann Göring (qui se suicide juste avant l’exécution de la sentence), Alfred Jodl, Ernst Kaltenbrunner, Wilhelm Keitel, Joachim von Ribbentrop, Alfred Rosenberg, Fritz Sauckel, Arthur Seyss-Inquart et Julius Streicher. Des peines de prison allant jusqu’à la perpétuité ont été prononcées contre Karl Dönitz, Walther Funk, Rudolf Hess, Konstantin von Neurath, Erich Raeder, Baldur von Schirach et Albert Speer…
Avec l’exemple du procès de Nuremberg, il faut dire que lorsqu’un accusé sous ce chef d’accusation est reconnu coupable, on ne parle pas de sa libération mais plutôt on le condamne à mort ou à la prison à perpétuité. Si la CPI qui poursuit Laurent Gbagbo pour le même délit veut le libérer c’est qu’elle s’est rendue compte qu’elle s’est trompée et que Laurent Gbagbo n’a commis aucun crime de cette nature ou même de quelque nature que ce soit.
Ce que ceux des partisans de Ouattara qui manifestent ne savent pas ou semblent ignorer c’est le fait qu’un dictateur peut être imposé au pouvoir par coup d’État, soutenu et adulé pendant longtemps par une puissance tutélaire et être lâché par la suite pour être inculpé et jugé.
En effet, le général Pinochet a été inculpé le 14 décembre 1998 par le juge espagnol Baltasar Garzon pour 3 051 disparitions et assassinats, au lendemain de la décision britannique d’entamer la procédure d’extradition vers l’Espagne de l’ancien dictateur chilien. Dans un document de 285 pages transmis aux parties civiles et au procureur, le juge Garzon a formalisé les accusations contre l’ancien dictateur pour «génocide, terrorisme et tortures». Pour le juge Garzon, le général Pinochet et les militaires sous ses ordres ont instauré «un système d’exécutions massives sans jugement, avec des enterrements dans des endroits non identifiés, des centres de détention clandestins fonctionnant comme des camps de concentration», et mis en place «un système de coordination terroriste international», avec d’autres dictatures d’Amérique du Sud… Pourtant le 11 septembre 1973, le putsch militaire, dirigé par le général Augusto Pinochet, qui renverse Salvador Allende, président socialiste chilien, élu depuis fin 1969, l’a été sous la surveillance, la bénédiction des multinationales américaines et la participation de la CIA. Il met un terme au régime démocratique: c’est le début d’une dictature de seize années pendant laquelle des milliers de personnes sont torturées, tuées…et plusieurs milliers de Chiliens connaissent l’exil. Mais qui avait pensé un seul instant que c’est Londres, allié des États-Unis d’Amérique qui allait inculper le général Pinochet pour l’extrader vers l’Espagne qui le recherchait ? Et pourquoi l’Espagne recherchait Pinochet qui durant 16 années a été reçu par tous les gouvernements occidentaux? À méditer…
Pour notre part, nous disons que le cours de l’histoire est irréversible. Laurent Gbagbo sera libéré parce que la CPI n’a rien trouvé contre lui et tôt ou tard tous ceux qui ont commis réellement des crimes contre l’humanité en Côte d’Ivoire seront inculpés et répondront de leurs actes. C’est un processus dont acte.
Avec Alexis Gnagno