CPI, la suite ???
Le portugais António Campinos doit succéder à Benoît Battistelli comme Président de l’Office Européen des Brevets (EPO, European Patent Office), et ce dès le 1er juillet 2018 pour un mandat de 5 ans. Et alors me dire-vous, en quoi cela nous concerne-t-il?
Eh bien figurez-vous que le candidat malheureux en face de lui est le célèbre juge de la CPI Cuno Jakob Tarfusser, probablement dégouté de la nature humaine, et qui briguait un poste purement administratif où il ne déciderait plus du sort des hommes pour lesquels on attend un verdict plus politique que juste-, mais de la bonne sauvegarde de brevet! Malheureusement, son rival Campinos a bénéficié du soutien intégral de son ancien patron Battistelli, un peu comme Luis Ocampo, le procureur peu scrupuleux qui est arrivé à imposer son adjointe et fidèle collaboratrice Fatou Bensouda.
En effet, pour tous ces spécialistes de brevets,-que l’on promeut et les autres que l’on étouffe dans l’œuf-, que connait ce juge de la CPI au monde des brevets, un monde certainement pour les seuls initiés qui aiment patauger en eaux troubles ? Alors oui, même si son contrat à la CPI prend fin en mars 2018, il a maintenant encore du temps, il va pouvoir jouer les prolongations, en attendant de trouver un autre poste. Lorsqu’il est devenu juge à la CPI, j’avais lu que son ambition était de diriger la Haute Cour de Justice italienne. Est-ce encore à l’ordre du jour pour ce professeur de droit qui enseigne en Italie et en Autriche?
Oh notre juge, bien que très encadré dans son rôle de courtisan/juriste au service des états européens, -où il ne peut pas désavouer ceux qui lui versent un bon salaire -, ne se fait pas d’illusions. De temps en temps il revient dans sa bonne ville de Bosen dan le sud Tyrol (Autriche), et dans son allemand natal se livre un peu. C’était le cas pendant les derniers congés de Noël où il animait une conférence sur l’accueil des migrants en Europe, dans cette ville où il été procureur pendant une dizaine d’années avant de rejoindre La Haye.
S’exprimant dans la presse écrite, je vous cite quelques paroles tirées d’une Interview parue le 29 décembre 2017. « Finalement il n’y a que peu de réfugiés qui viennent en Europe, compte tenu de ce qui se passe dans leur pays d’origine. L’union européenne veut endiguer le flot des réfugiés, mais il faudrait qu’elle essaie de rendre aux Africains une partie de ce qui leur revient! Pendant des années, l’Europe a exploité ses colonies et s’est enrichie de ce fait. Comment se fait-il qu’en Côte d’Ivoire, 70% du cacao est destiné à l’exportation, alors que là-bas les enfants ne peuvent pas se payer une seule tablette de chocolat? »
Notre désir à tous, c’est que ce juge reste lui-même, et qu’à la fin de son mandat, il juge en son âme et conscience, et si ce procès devait encore s’éterniser, qu’il puisse former un bon successeur digne de la noble tache de juge, conscient des enjeux, mais intègre. On n’en est plus à essayer de distribuer quelques tablettes de chocolat pour mieux faire main basse sur le cacao et autres richesses ivoiriennes! Il s’agit de libérer celui qui aurait pu nourrir et développer son peuple, mais dont l’élan a été coupé, parce que la communauté européenne, -et la France en particulier – n’était pas prête à concrétiser le partenariat gagnant-gagnant comme le désirait ardemment le Président Gbagbo. Les états n’ont rien appris, la pression est toujours aussi forte, rendre exsangue la vache à lait africaine.
Alors, comme ce jeune ivoirien, inconnu de la “résistance patriotique” avait osé descendre, il y a quelques semaines dans le stade et brandir une banderole “Libérez Gbagbo”, prions, osons croire que ce juge, que ses adjoints auront le courage fou de cet adolescent pour affronter l’ordre établi.
Shlomit Abel, 14 février 2018
deux ans plus tôt j’avais écrit :
qui est le juge Cuno Tarfusser?
Le juge Cuno est né à Merano le 11 aout 1954, petite ville 38 000 habitants, ville thermale, célèbre aussi pour son château et son jardin botanique deuxième ville du Sud Tyrol, dans la la province de Bozen-Sud Tyrol, au Nord de l’Italie,une province autonome, officiellement depuis 1972, une ville où la moitié de la population parle allemand et l’autre italien.
La capitale est Bozen (Bolzano en Italien), avec 515 mille habitants. La population est germanophone pour 62% (fortement rattachée à la culture autrichienne)et italophone pour 23%. les autres 4% parlent ladin. Cette région faisait partie jusqu’en 1919 de l’empire austro-hongrois avant d’être rattachée à l’Italie.
Cuno Tarfusser a fait ses études dans un lycée de langue allemande à Bozen, avant d’étudier le droit à Insbruck (Autriche) et de continuer avec une bourse d’étude, à Padoue (Italie), où il termina en 1979. Puis il a travaillé à Padoue, avant de revenir dans sa ville d’origine, Bozen où il a été nommé procureur adjoint en 2001, puis procureur. Professeur de droit également dans les universités d’Innsbruck, Barri, Vérone et Bologne. En 2009 il a été élu à 74 voix, juge à la CPI pour un mandat de neuf ans.
En 1994 il a épousé Gerda Amplatz, la fille de Luis Amplatz, un activiste violent du mouvement BAS (Befreiungsausschuss Südtirol), assassiné en 1964, dont il a instruit le dossier (pour retrouver son assassin) lorsqu’il était en poste à Bozen. Amplatz, condamné, à l’époque (en 1964) par contumace à 25 ans de prison pour meurtre et activités illégales, a été retrouvé ainsi qu’un autre activiste, probablement par un agent des services secrets italiens qui a tué Amplatz et grièvement blessé son compagnon. L’assassin, qui s’est rendu à la police, bien que condamné pour meurtre à 20 ans de prison, est mystérieusement libre, et on aurait retrouvé sa trace en Angleterre. A l’époque Tarfusser affirmait dans un journal, que tant qu’il n’y avait pas de nouveaux éléments pour rouvrir le dossier, l’enquête était à son point mort.
Shlomit Abel, 15 février 2016