Coup d’état au Mali
Le feu du voisin
Le Mali est sur un pied depuis ce mardi, jour où une mutinerie a éclaté dans la caserne de Kati, portant au devant de la scène un nouvel homme fort, le colonel Malick Diaw. L’Union africaine a condamné, dans la journée, l’arrestation de plusieurs ministres et du président Ibrahim Boubakar Kéita dont la décision de retourner les résultats des législatives avait mis le feu aux poudres dans le pays, occasionnant le blocage dont le Mali n’est plus sorti jusqu’à ce mardi fatidique.
La CEDEAO qui s’apparente plus à un syndicat de chefs d’Etat qu’à une union des peuples a condamné ce putsch qui est toujours en cours et la France, particulièrement préoccupée, a vu sa télévision publique France 2 en l’occurrence, ouvrir le journal de 20 heures sur l’actualité malienne. La chaîne a d’ailleurs clos sa session d’informations avec la même actualité, c’est dire…
La frénésie de l’Elysée qui assure, ce mardi, vouloir coordonner ses actions avec les organisations sous-régionales qu’elle contrôle, montre a priori qu’elle subit ce coup de force malien plus qu’elle ne semble la contrôler alors que des milliers de soldats français de l’opération militaire Barkhane sont toujours stationnés à Bamako et sont en mouvement dans tout le pays.
Le président IBK paraissait, en tout cas aux yeux des populations maliennes, comme le gage français le plus sûr, vu que des manifestations anti-françaises ont régulièrement lieu dans le pays ; mais il est aussi possible que la France puisse se régénérer dans un tel contexte de chaos qu’elle peut bien organiser.
Quoiqu’il en soit, des centaines de Bamakois, eux, ne se sont pas posés de question et ont assiégé prestement la place de l’indépendance pour apporter leur soutien aux mutins. C’est donc un tremblement de terre d’une magnitude de deux chiffres qui est peut-être en train d’avoir lieu, puisqu’au-delà de leur pays, c’est toute une sous-région chaotique déstabilisée à la fois par la pauvreté, l’insécurité due à la présence de multiples groupes djihadistes qui ont chassé le gouvernement de nombreux territoires qui bouillonne ainsi tel un volcan. Mais c’est aussi un pays comme la Côte d’Ivoire taraudé par une décennie de crise politique ouverte qui risque d’être contaminé.
Le président ivoirien voit en effet se rapprocher le feu qui couvre sous les cendres ivoiriennes depuis si longtemps déjà puisqu’elles se manifestent clairement à travers de violentes manifestations qui se déroulent dans tout le pays depuis une semaine. Après le printemps arabe qui avait surpris Paris et l’Union européenne, va-t-on vers un printemps ouest-africain dans cette partie de l’Afrique en proie à des crises politiques majeures et à des décennies de mal gouvernance ? On a le temps d’appréhender réellement ce qu’il se passe. Même si Alassane Ouattara, lui, devrait déjà se faire quelques soucis en raison de la proximité de ses frontières avec le voisin en feu.
Joseph Titi Gnahoua
Joseph Titi
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PS, l’épouse du Président malien déchu est à Abidjan depuis le 15 août où elle avait fait le déplacement pour être aux côtés de Ouattara et sa blonde, à l’occasion des 40 jours du décès d’Amadou Gbon Coulibaly.
Peut-etre IBK voudra-t-il rejoindre son épouse à Abidjan. la semaine dernière c’était Blaise Campaoré qui quittait la CIV, pas assez sure pour lui.