Bientôt la fin du procès du burkinabé Ourémi

⛔ Génocide à Duékoué

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Rosine Aka (Avocat de OUÉRÉMI) : « Il y a bel et bien eu génocide à Duékoué » « En ma qualité d’avocate de l’accusé, je vais plaider la cause d’Amadé Ouérémi, dans ce procès qui se déroule devant la juridiction. Cette affaire doit être traitée à la racine, pour connaître les tenants et les aboutissants. Amadé Ouérémi était un mécanicien de vélo. Qui va se reconvertir en agriculteur. Il paie une portion de terre pour faire sa plantation. (…)
Dans cette rébellion armée avec des armes lourdes, il sera approché par des chefs de guerre qui l’ont rassuré, l’ont mis en confiance. Il s’est associé à une armée de rebelles qui s’est installée dans l’Ouest de la Côte d’Ivoire. Amadé a eu gîte et couvert. Il a eu des tenues militaires et des armes. Il n’était pas militaire, à l’origine. Pourquoi lui a-t-on donné ces armes ? Dans ces photos que voici, que fait Amadé en tenue militaire aux côtés du commandant Losséni Fofana dit Loss ? Où a-t-il eu ses éléments militaires ? Où a-t-il eu ses armes. A-t-on montré des reçus de paiement de ces armes ? Amadé et ses prétendus hommes avaient des armes plus fortes que celles de l’armée de Côte d’Ivoire. Ils avaient des armes plus fortes que celles de la Force Licorne ou celles des Forces onusiennes ?
Pourquoi veut-on porter ici le chapeau à cet homme frêle, analphabète, de ce qui s’est passé comme atrocités ? Un seul homme peut-il commettre un génocide ? Un génocide est le fait d’une multitude de personnes.
Il faut dénicher les responsables de la rébellion et les commanditaires tapis dans l’ombre. Dieu fait grâce, ceux-là n’échapperont pas, partout où il y a une justice. Il y a bel et bien eu génocide à Duékoué. J’en suis désolée. Toutes les victimes qui ont défilé ici en ont marre, elles pleurent. Toutes ces victimes ont besoin de justice. Ce procès m’a laissée sur ma faim, un goût d’inachevé comme bien d’autres personnes. Amadé dit qu’il a été trompé. Il a été instrumentalisé. Les victimes demeurent et les commanditaires demeurent. Amadé était bel et bien un élément de l’armée de Côte d’Ivoire. Amadé Ouérémi recevait bel et bien des ordres, des instructions. Dans votre sentence, vous en tiendrez compte. (…) Ces victimes sont tombées sous des idéaux de politiques véreux. Il y a nécessité qu’une rébellion ne prenne pas le pas sur un Etat de droit. » Propos recueillis par JB KOUADIO

AMADÉ OUREMI: J’ÉTAIS SOUS LE COMMANDEMENT DES FRCI ET DU PRÉSIDENT ALASSANE OUATTARA.»

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Hier le procureur a demandé l’emprisonnement à vie

Le procès Amade Ouremi suit son cour avec ses surprises. Hier à la barre, le seigneur de guerre du mont Peko a encore cité le nom du chef de l’état ivoirien. « Dans nos Villages , on venait ramasser les jeunes de nationalité Burkinabè, Malienne et Guinéenne pour venir combattre en Côte d’Ivoire. En 2011, Coul m’a appelé deux fois , j’ai dit que je ne veux pas , mais après quand il m’a rappelé , il m’a dit que ses hommes ont pris 4 membres de ma famille en otage dont mon fils et que si je ne venais pas , ils les tueraient .Ils m’ont forcé à faire le combat en 2011. Après m’avoir utilisé , ils m’ont laissé en prison depuis 8 ans . Même à manger , ils ne me donnent pas . Il y’a quelqu’un qui ne veux pas que je parle . Si je dois couler , je ne vais pas couler moi seul . J’étais sous le commandement des FRCI et du Président Alassane Ouattara.» a révélé le chef de guerre.
Le verdict définitif sera prononcé ce jeudi 15 Avril 2021.
(ALG TV)

Affaire le Ministère public contre Amadé Ouédraogo Rémi

Amadé Ouremi connaîtra son sort ce jeudi 15 avril 2021. Le Procureur de la République a requis la perpétuité. Le tribunal va donner sa decision

Le Procureur requiert la perpétuité
Ce Mercredi 14 avril 2021 s’est tenue la septième audience du procès du prétendu responsable des exactions de la crise post électorale à Duekoué. L’audience du jour a été meublée par la plaidoirie de la partie civile, le réquisitoire du procureur puis la plaidoirie du conseil de l’accusé.
Le juge président a appelé à la barre Amadé Ourémi puis a donné la parole à l’avocat de la partie civile.

A l’entame de ses propos Me Sangare Pongatié a affirmé représenter des organisations de défense des droits de l’homme que sont la LIDHO, le MIDH et le FIDH ainsi que les 34 victimes sur les 82 annoncées. Selon lui,en juin 2013, M. Amadé Ourémi a déclaré devant le juge d’instruction que Coulibaly de Kouibly dit “Coul” l’aurait sollicité alors qu’il était déjà à la tête de 126 hommes. Pour le représentant de la partie civile « ces propos révèlent que l’accusé n’était pas qu’ un simple élément mais plutôt l’un des chefs. Par ailleurs le massacre de Duékoué serait une réponse au slogan utilisé par Laurent Gbagbo lors de la campagne présidentielle de 2010 à savoir « il y a rien en face c’est maïs » slogan auquel M. Amadé aurait répondu en ces termes « je vais descendre au quartier Carrefour, je vais le brûler et y planter du maïs », à la suite de quoi, les Guérés du quartier carrefour ont été massacrés.

Pour l’avocat de la partie civile, le fait que M. Amadé ait reconnu sa participation aux massacres, suffit pour établir sa culpabilité. Il requiert donc une condamnation solidaire de M. Amadé ainsi que de celui de l’Etat de Côte d’ivoire qui aurait échoué dans son rôle régalien de protection de sa population. Pour ce faire, il réclame pour ses clients des dommages et intérêts allant de 10 à 150 millions de francs CFA.

A sa suite Me Assa, membre de l’Association des Femmes Juristes de Côte d’Ivoire (AFJCI) agissant au nom et pour le compte de deux victimes, a basé sa plaidoirie sur les violences sexuelles et la cruauté dont a fait preuve l’accusé envers les femmes. Elle soutient que M. Amadé a reconnu sa culpabilité devant toute l’assemblée à travers ces propos : « Pourquoi suis-je le seul accusé ? Nous tous on a fait mauvais ». Poursuivant, elle a interpellé le tribunal sur le rôle des forces en présence à savoir l’ONUCI et la LICORNE qui auraient assisté avec passivité aux massacres des populations du quartier carrefour de Duékoué. Elle requiert pour les victimes qu’elles représentent, 1 francs symbolique pour l’une et 100 millions de francs CFA pour l’autre.

A son tour, le Procureur Kouassi Ernest dans ses propos liminaires a décliné les chefs d’accusation qui pèsent sur l’accusé. Il a ensuite fait référence aux rapports accablants produits par les organisations des Droits de l’Homme qui retracent les exactions commises par M. Amadé. Il a souligné également, par peur de représailles, certaines victimes auraient refusé de comparaître. Poursuivant son réquisitoire, le Procureur s’est appesanti sur le témoignage des femmes violées dont les maris et les enfants de sexe masculin auraient été tués. En s’appuyant sur l’article 137 du code pénal qui définit le crime contre l’humanité, le Procureur s’est efforcé de démontrer au tribunal la culpabilité de l’accusé. Selon lui, M. Amadé a été un chef de « jure et de facto » et cela, depuis 2005, donc bien avant les exactions de 2011.

Sa stratégie visant à encercler le quartier Carrefour de Duékoué avant la perpétration des crimes, répondait à son intention de ne laisser aucun survivant. Pour preuve, les tueries ciblant les Guérés ont été systématiques. Par conséquent, sa responsabilité en tant que chef devrait être retenue pour les massacres de Duékoué. Comme sanction, il a requis la condamnation à perpétuité ainsi qu’une amende d’un (1) milliard de francs CFA. Toutefois sa condamnation doit être solidaire de l’Etat de Côte d’Ivoire.

A l’opposé du Procureur, Me Roseline Serikpa avocate de la Défense a déploré le fait que les personnes nommément citées par son client en l’occurrence les sieurs Losséni Fofana et Coulibaly de Kouibly, n’aient pas fait l’objet d’une comparution lors des différentes audiences ce qui aurait pourtant contribué à la manifestation de la vérité. Elle a également souligné le fait que son client n’ait jamais nié les faits mais ait plutôt soutenu avoir été depuis le début un simple élément qui aurait été instrumentalisé, sacrifié durant cette guerre au profit d’intérêts politiques de certaines personnalités du pays. Poursuivant sa plaidoirie, l’Avocate de M. Amedé a affirmé que le Commandant Losseni Fofana ainsi que Coulibaly de Kouibly lui aurait été demandé de protéger sa communauté burkinabé qui serait victime d’exactions de la part des Guéré.
Pour elle, les bonnes questions n’ont pas été posées :
● Qui a fourni à Amadé les armes de guerre ainsi que les tenues de FRCI qu’il portait ?
● A qui profitent ses exactions ?
● Pourquoi la LICORNE et l’ONUCI n’ont pas arrêté ces massacres ?
Ce sont autant de zones d’ombres qui continuent de planer sur ce procès. Elle a aussi présenté des photos au tribunal sur lesquelles on voit son client arborer fièrement la tenue militaire des FRCI, soit aux côtés des forces Onusiennes soit au côté de Losseni Fofana qui pourtant a nié lors de son audition ne pas le connaître.

Selon Me Roseline son client devrait pouvoir bénéficier de circonstances voire même d’excuses atténuantes. Aussi, a-t-elle invoqué la responsabilité solidaire de l’Etat de Côte d’Ivoire, L’ONU et même de la France.

Le procès a pris fin à 17h25 et a été reporté pour le verdict au jeudi 15 Avril 2021.
L’OIDH félicite le tribunal ainsi que le Ministère de la Justice pour la dextérité et l’efficacité avec laquelle ce procès a été mené.
L’OIDH déplore toutefois le rejet de la requête formulée par la défense visant la comparution du colonel Losseni Fofana et de Coulibaly de Kouibly pour la manifestation de la vérité.
L’OIDH exhorte donc le gouvernement ainsi que le Ministère public à fournir plus d’efforts afin de permettre la manifestation de la vérité.
Sercom OIDH Fernand Dédeh