Au pays du western ivoirien…
06.05 – Abidjan: Des tirs entendus au camp d’Akouédo très tôt ce matin
06.00: Bouaké: Reprise des tires sporadiques
06.00 – Abidjan: Le proviseur du Lycée Francais Blaise Pascal d’Abidjan (Leroy Lusson) demande à tous les parents de ne pas envoyer les enfants à l’école. Idem pour l’école américaine.
Plusieurs établissements bancaires, financiers ainsi que la Bad recommandent à leur personnel de rester à domicile ! La Situation sécuritaire étant très instable !
L’Association Professionnelle des Banques et Établissements Financier s de Côte d’Ivoire ( APBEFCI) demande aux banques de ne pas ouvrir par mesure de prudence.
Voies barrées à l’INSP et à l’État major des armées. Tirs sporadiques…impossible d’entrer au Plateau….piétons et véhicules sont obligés de se retourner. Il parait que Les mutins progressent vers le Forum d’Adjame.
Tirs entendus a la base navale locodjro.
Les militaires ont barré la voie de Faya et le rond point du nouveau camp d’Akouedo
18h45 : Les commandants Wattao et Shérif Ousmane ont discuté avec une délégation des mutins à l’entrée de la ville de Bouaké. Pendant ce temps, certaines forces loyalistes sont en position sur l’axe Tiebissou-Sakassou et d’autres près du corridor de Bouaké. En attendant, des soldats mutins patrouillent sereinement avec leurs armes dans la ville de Bouaké. Ils sont maîtres et il n’existe plus aucune force de sécurité (police, gendarmerie) dans la ville. La population livrée à elle-même est victime d’actes de pillage, de racket et de vol, surtout de véhicules. Plusieurs maisons dont celle du directeur de N’Sia Bouaké ont été pillées. Dans la journée, des militants courageux du RDR se sont faits tabassés et blessés par balle. Le premier adjoint au maire de la ville de Bouaké a également été tabassé. On dénombre 1 mort et 26 blessés. La rébellion n’est pas une bonne chose.
Daniel Nessemon
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Certains de nos gouvernants ne cesseront pas de nous surprendre sur leur perception de la République. C’est pour cela que nous n’arrêterons pas de leur rappeler ce qu’est une république car leurs actes constituent une menace pour nous tous.
Eric Kahe
Ils veulent leur part du gâteau. Et ça peut durer. Même ceux qui ont été démobilisés ont conservé leurs armes. Ils ne veulent pas être exclus des bénéfices ou du butin à partager. Donc, les démobilisés eux aussi attendent leur tour. Même les chasseurs traditionnels, les dozos, comme on les appelle ici, estiment qu’ils ont aussi aidé Ouattara et qu’ils ont droit aux indemnisations. On ne donnera pas douze millions aux uns et rien aux autres. Alors, ils vont venir par vagues successives.
Ils ont aidé un homme à accéder au pouvoir, ils sont conscients que sans eux, ce monsieur n’aurait jamais été au pouvoir, mais en même temps ils sont aussi conscients qu’il n’y a que lui qui soit capable de détourner les deniers publics pour satisfaire leurs différentes revendications. Ils sont conscients que Ouattara est le seul à le faire parce que sans eux il se sent très affaibli.
Quand on arrive au pouvoir par les urnes, on est redevable aux électeurs, aux populations. Quand on arrive au pouvoir par les armes, on est redevable à ceux qui ont pris les armes.
Mamadou KOULIBALY
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En Côte d’Ivoire, une mutinerie militaire est en train de se transformer en rébellion armée alors que le nouveau président français Emmanuel Macron est « intronisé » et que le pouvoir est « en l’air » à Paris. Et la question qui se pose naturellement est « à qui la faute ? ». Bien entendu, Alassane Ouattara est, comme dans un récit biblique ou un épisode de la tragédie grecque, en train d’être dévoré par ses propres péchés. Il ne peut s’en prendre qu’à lui même.
Ce qui arrive aujourd’hui est la conséquence d’un choix fait dès 2011 par l’actuel numéro un ivoirien et ses « partenaires », la France et les Nations unies. Ouattara et ses alliés ont voulu remodeler le champ politique ivoirien sans prendre en compte les équations majoritaires et les vrais rapports de force politiques. Le premier tour de la présidentielle de 2010 a montré que le RDR ne représentait même pas un tiers du corps électoral ivoirien. Mais le parti ouattariste et ses soutiens étrangers ont voulu construire une hégémonie politique artificielle.
C’est pour cette raison qu’il était hors de question de profiter de la dynamique de l’après 11 avril 2011 pour encaserner les différents groupes armés qui se sont affrontés, se donner les moyens de bâtir une véritable armée républicaine, et par voie de conséquence, un processus de sortie de crise respectueux des vaincus, en l’occurrence de l’ancien président Laurent Gbagbo. La France et l’ONU auraient pu imposer cette voie de sagesse. Mais il fallait à Ouattara une force de répression sauvage capable de maintenir toute éventuelle opposition (FPI ou PDCI d’ailleurs) dans la terreur absolue.
Naturellement conscients de ce rôle systémique, les FRCI en ont profité pour infléchir le rapport de force qui doit exister entre militaires et civils en République. En refusant de créer un dialogue réel avec une opposition dont l’affaiblissement consécutif à la perte du pouvoir le mettait naturellement en position de force, Ouattara rendait inéluctable un tête à tête avec des hommes en armes qui l’ont toujours considéré comme en position de faiblesse. Et le moins qu’on puisse dire est que ce tête à tête est violent.
Théophile Kouamouo