Alassane Ouattara, sa vie, son pardon…
« (…) moi je peux vous dire que c’est parce que j’ai souffert que je comprends la souffrance. Et c’est pour cela que j’ai pris l’amnistie et que j’ai libéré Simone Gbagbo. Oui. Parce que si on peut éviter la souffrance aux autres, il faut le faire. Bien sûr nous ne pouvons pas oublier les victimes. Mais je veux que vous compreniez qu’Alassane Ouattara a tout pardonné » transcrit de Linfodrome, une petite confidence parmi d’autres, lâchée par un Ouattara chauffé par une foule de supporters, prête à applaudir à chaque phrase, en ce mémorable jour du Congrès Constitutionnel du RHDP.
La honte, est un sentiment que le bientôt ci-devant président du RHDP unifié ne connait pas. Aussi, naïvement, il n’est pas gêné d’affirmer devant son auditoire « si on peut éviter la souffrance aux autres, il faut le faire ». On croirait entendre un membre du personnel soignant d’un grand hôpital moderne, totalement dévoué à ses patients !
Alors là, chapeau, que vaut cette sortie, face à tous les prisonniers en CIV où même des gamins ne sont pas épargnés. Qui se soucie du mineur, Carton Noir sur les réseaux sociaux, arrêté, emprisonné, torturé, coupable juste d’avoir filmé avec son téléphone portable des exactions commises par des gens qui devraient être au dessus de tout soupçon, et de les avoir diffusées sur les réseaux sociaux.
Mais bien sûr Ado nous dira qu’il n’est pas au courant, pas plus que pour tous ces gens emprisonnés sans jugement depuis des années, ces militaires amnistiés, mais qui croupissent encore en prison, quand il ne sont pas déjà morts, aux familles abandonnées, méprisées, ignorées…
Ado le Magnifique a tout pardonné, la belle confession! Mais il n’oublie rien, sa souffrance, – je ne la remet pas en question-, s’apparente à une manière de pleurer sur soi, d’être blessé dans son orgueil et sa vanité. On quémande un amour qu’en face on ne nous donne pas.
Ado est un homme amer, il a la vengeance collée au corps. Cette générosité à l’égard de Madame Gbagbo, c’est contraint et forcé qu’il l’affiche. La réconciliation exigée par les parrains impliquait des actes, et maintenir madame Gbagbo en prison, permettait à la CPI de la réclamer, et cela aurait mis le peuple encore plus en colère, s’il avait du l’extrader. Alors, au lieu de souffler sur les braises de sa rencœur, on lui a demandé de ne plus alimenter le feu de sa rancune, et de donner des gages de bonne conduite à ses parrains de la Françafrique. Générosité, pardon? Il aurait même aidé financièrement madame Gbagbo, il aurait mis à sa disposition une voiture pour ses déplacements. Malheureusement pour lui, c’est elle-même qui dément cette rumeur; non, elle n’a jamais été « cadeautée », ni n’a reçu la visite de son épouse.
Qu’est-ce un pardon sans réparation? Si le pardon faisait courir Ado, la Côte d’Ivoire aurait changé de visage, car le pardon apaise, transforme, réconcilie, guérit, embellit, ouvre l’avenir, console, relève, envoie, bénit, délie, rassure, libère, illumine, réjouit, crée, ressuscite !
Au lieu de tout cela, la comédie continue, les émissaire du gouvernement ivoirien essaient d’infléchir et d’entraver la décision des juges de la Chambre 1 de la CPI de libérer Laurent Gbagbo et Charles Blé Goudé, sans contrepartie. Maitre Paolina Massida, le bras droit humanitaire de la procureure Fatou Bensouda n’était certainement pas en Côte d’Ivoire il y a trois jours, juste pour un safari photos dans la campagne ivoirienne!
Alors hier, au Félicia pour le lancement de son nouveau parti du RHDP unifié, il a joué le président près du peuple, à l’écoute du peuple, libérant les prisonniers, tendant la main de la réconciliation, expliquant même, toute honte bue, qu’il n’avait eu d’autre choix que d’embaucher sa famille au gouvernement, car ils avaient tous perdu leur emploi! Au mépris total des lois ivoiriennes et de la Constitution, il assume maintenant le rôle de chef du parti.
Ce même jour, Henri Konan Bédié avait convié ses troupes à Daoukro, manifestant publiquement et très concrètement son désaccord avec Ouattara. Soro Guillaume, pour éviter d’avoir à choisir entre son mentor de la Rébellion et Bédié, -son nouveau papa, celui qui le prend par la main, comme certaines photos récentes le révèlent-, a préféré jouer Caïphe se lavant les mains, et prétexter un urgent voyage aux States dans le cadre de ses nouvelles aventures de futur doctorant en Économie. Il n’a pas hésité à se prendre en photo à l’entrée du campus de l’Université, faisant sa rentrée d’étudiant sérieux et rangé, dans un processus de reconversion qui adoucirait son passé de rebelle criminel. Mais voilà, à Harvard il y a plusieurs filières, la vraie, celle des bons élèves, voire même des très bons, triés sur le volet, reçus sur dossier, et l’autre, le Harvard au service du secteur privé, sponsorisé par le privé. Une filière d’accès certainement plus aisée, pour notre nouveau bureaucrate aux mains en voie de blanchiment.
Mais revenons à la journée d’hier. Monsieur Bédié a associé d’emblée son épouse Henriette Bomo à sa personne dans son allocution, à Daoukro, raflant encore quelques milliers de figurants à Ouattara qui aurait tellement désiré arriver à quelques deux cent mille adeptes, qui se seraient serrés sur les gradins et le gazon pour boire ses divines paroles, selon ses chargés de com sur les réseaux sociaux.
Dans les faits, l’unité prônée par Ouattara n’était que vent et poursuite du vent. S’il le voulait, il pourrait briguer un 3ème mandat, le premier de sa nouvelle constitution, nous disent ceux qui mangent à sa table. Et face à son immortalité légendaire, pourquoi pas enchainer avec un autre mandat, puisque le RHDP version RDR est appelé à engloutir encore une génération de jeunes sans travail qui plébiscitent notre héros et sa cour jusqu’en 2050?
Mais au fait, où donc est passée dame Ouattara, la conscience en temps réel de notre Pr’ado, le Jiminy Cricket de Pinocchio? La maman au cœur d’or, qui n’a de cesse de voyager pour secourir, visiter et gâter les enfants et les femmes dans le besoin ? Elle qui insuffle tant de vraie humanité à son mari par son sourire et sa douceur, comment pouvait-elle manquer cette réorientation de la Côte d’Ivoire, une, pardonnée, réconciliée, qui va certes vers des élections au résultat déjà connu, bouclé, scellé, mais tellement évident, au vu de la carrure du couple de bienfaiteurs de l’humanité que ce pays a le bonheur d’avoir à sa tête?
Le site Koaci affirme l’avoir vue quand elle est arrivée avec son époux, le matin. Moi je ne l’ai aps vu sur les images retransmises sur les réseaux sociaux. Après les soldes de janvier, elle a peut-être poursuivi son périple français pour rencontrer des autorités capables d’empêcher la diffusion des 36 minutes d’enquête d’Envoyé Spécial sur le travail des enfants dans les champs de café-cacao. Une exploitation, un esclavage qui ne dit pas son nom, dont aurait été responsable le président Gbagbo, selon les dires de ses détracteurs de l’époque. Mais qui n’a jamais été éradiqué, voire même s’est développé de manière exponentielle, constaté dès juin 2011 par la venue de convois entiers de cars amenant des enfants burkinabés, orphelins ou non, pour travailler durement en transportant des charges trop lourdes, et en manipulant des pesticides sans protection aucune.
Notre fondatrice de Children of Africa se révèle au mieux une charmante hôtesse de la cause des enfants maltraités, totalement incompétente, qui n’a rien su, n’a rien vu venir, n’a pas eu honte de chercher aux Etats-Unis en 2017 un prix pour récompenser son engagement de mère courage, se battant bec et ongles contre le travail des enfants. Incompétence, ou alors collusion avec les réseaux mafieux dénoncés dans le film?
Quoiqu’il en soit, je vous le rappelle, l’émission phare d’Élise Lucet sur le sujet doit repasser demain soir sur TV5 monde et être visible par tous en Afrique de l’Ouest. Si un incident technique devait intervenir encore une fois, ce sera la faute à pas de chance, ou alors…
Shlomit Abel, 27 janvier 2019
PS, un car convoyant des congressistes au Félicia depuis le Burkina, est rentré en collision avec un camion. Bilan 15 morts burkinabés. Triste, mais que faisaient ces étrangers au Congrès ? Ils venaient directement du Burkina, ils ne résidaient même pas en CIV !
C’est dans un stade Houphouët-Boigny plein à craquer que le chef de l’Etat et son épouse ont été accueilli par un public composé de jeunes et de vieux.
Le couple Ouattara n’oubliera pas de sitôt l’accueil triomphal que les militants et sympathisants du RHDP leur ont réservé hier à leur arrivée à 10 heures 45.
C’est donc dans une ambiance féerique que la cérémonie a démarré avec les allocutions, la lecture du rapport, les motions, les résolutions et sans oublié les prestations d’artistes.
Le public était très attentif lors de ces différentes étapes jusqu’à ce que le Président du RHDP prenne la parole.
L’on a constaté avant que le chef de l’Etat ne prenne la parole pour livre son message, le stade Houphouët-Boigny qui avait affiché complet, a commencé à se vider.
Le mouvement a commencé par les tribunes situées dernière le podium et a gagné petit à petit les autres tribunes et la pelouse.
Avant que le Président du RHDP ne finisse son discours, il s’est retrouvé en face d’un public qui avait considérablement maigri.
Des observateurs de la vie politique ivoirienne affirment que cette défection du public s’explique. Selon eux, la plupart des personnes qui ont effectué le déplacement d’hier, ne connaissent pas en réalité les raisons de leur présence au stade.
Par ailleurs, ce premier congrès ordinaire du RHDP très attendu a laissé la majorité des militants et sympathisants du RHDP sur leur faim.
Ceux qui ont effectué le déplacement du stade Houphouët-Boigny sont répartis sans être fixés sur le sort de leur partis d’origine, s’ils seront dissouts ou pas, puisque ce sujet a animé les pré-congrès éclatés.
Une chose est sûre le Président a annoncé qu’il travaillera pour mettre en place les instances de cette nouvelle formation politique dans le premier trimestre de cette année.
Wassimagnon, Koaci.com