Affi et le conflit au FPI, repris pour les Nuls
JEUDI: RÉUNION DE FAMILLE À BRUXELLES.
Selon les indiscrétions, effectivement ce jeudi, monsieur Pascal Affi Nguessan ancien président du FPI congédié du FPI en 2015 par le congrès de Mama à la tête d’une délégation d’un côté, et de l’autre côté le Secrétaire Général du FPI le Dr Assoa à la tête d’ une délégation seront en face du président Laurent GBAGBO Président du FPI.
Une proposition de quatre chefs d’États de ce monde pour que le Président Gbagbo règle quelques bobos aux seins de sa grande famille politique. En réalité, ce n’est pas une rencontre AFFI-GBAGBO, mais une réunion de famille politique entre les responsables du FPI et ceux qui se réclament de Gbagbo.
Restons donc à l’écoute pour le compte rendu qui naturellement sera fait par le Secrétaire Général du FPI le ministre Assoa Adou. Que Dieu nous bénisse et qu’ils dispose nos cœurs et esprits.
Gala Kolebi
FPI. RENCONTRE AVEC LE PRÉSIDENT GBAGBO OU DE LA NÉCESSITÉ D’UNE CLARIFICATION
Le jeudi 21 mars 2019, le président Gbagbo va recevoir Pascal Affi Nguessan et Assoa Adou, tous les deux accompagnés chacun d’une petite délégation, et on imagine qu’au cœur de cette rencontre se posera le problème du FPI écartelé entre d’un coté Pascal Affi Nguessan qui est l’interlocuteur du régime Ouattara et de l’autre Assoa Adou qui lui, est porté par les militants dans leur grande majorité mais qui éprouve des difficultés à exister officiellement, ceci expliquant cela. Mais revenons un peu aux sources du problème qui a conduit à cette situation que connaît aujourd’hui le Front Populaire Ivoirien(FPI), pour que ceux qui n’ont pas forcément suivi cette affaire puissent savoir de quoi nous parlons.
Au Front Populaire Ivoirien (FPI), les militants sont incontournables. Ce sont les militants qui, lors du comité central extraordinaire du 14 août 2014 proposé par le comité de médiation mis en place à la suite de la crise née du remaniement du Secrétariat général opéré par Pascal Affi Nguessan le 04 juillet 2014, ont exigé qu’il soit débattu de la question de la Commission Électorale Indépendante (CEI) où le président du FPI d’alors, avait désigné malgré la position du Comité central, Alain Dogou pour représenter le parti du président Laurent Gbagbo. Pascal Affi N’Guessan avait expliqué que Alain Dogou y était à titre provisoire et qu’il en sortirait si le FPI n’obtenait pas un bureau consensuel de la CEI. Mais le nombre de personnes ayant désapprouvé cette décision lors de ce comité central du 14 août 2014 et leur insistance, ont conféré à cette préoccupation exprimée un caractère d’urgence au point où un autre Comité Central a été programmé pour le 30 août 2014, pour vider cette question. Il n’aura pas lieu, ou plutôt il aura lieu mais se terminera dans la confusion, sans que la question à l’ordre du jour ne soit tranchée.
Cet organe de direction du FPI finira quand même par se réunir le 13 septembre 2014, et ce jour-là, Pascal Affi Nguessan sera mis en minorité, désavoué par les militants sur la question du maintien d’Alain Dogou dans la CEI.
Malgré cette décision des militants obtenue à l’issue d’un vote, Pascal Affi Nguessan maintiendra quand même Dogou à la CEI en le faisant passer pour le représentant de l’Alliance des Forces Démocratiques ( AFD), un groupement de partis politiques qu’il avait mis en place en tant que président du FPI.
Le FPI entrera alors en crise, une crise qui éclatera complètement quand dans la perspective du congrès proposé par le Groupe de Médiation, des militants ont désigné le fondateur du FPI, c’est-à-dire le président Gbagbo, comme candidat au poste de président du parti. Affi niera la réalité de cette candidature. Interrogé par Jeune Afrique qui lui demandait s’il voulait tuer le père, il répond : » Celui que vous appelez le père n’est pas candidat à la présidence du parti. «
Dans la foulée, il saisira la justice du régime Ouattara pour faire invalider cette candidature et reporter le 4ème congrès ordinaire du FPI qui devait se tenir du 11 au 14 décembre 2014, sans requérir l’avis du Secrétariat exécutif et du Secrétariat général. Il fera aussi fermer le siège du parti sans préavis, ni consultation des autres membres de la direction.
Dès lors, ce fut une bataille pour pouvoir s’expliquer en interne mais Pascal Affi N’guessan usera de tous les moyens possibles pour ne pas convoquer de session extraordinaire du Comité central régulièrement demandée par deux instances du parti. Ce refus de convoquer les Secrétariat exécutif et général statutaires durera même six mois, c’est-à-dire que ces instances ne se réunissaient plus bien avant le report du Congrès en décembre 2014.
Le 27 février 2015, Pascal Affi N’guessan met en place un nouveau Secrétariat Général alors que c’est le Secrétariat Général mis en place le 04 juillet 2014 qui avait mis le feu aux poudres et déclenché la crise.
Pour le contraindre à convoquer un comité central, 2/3 des membres du comité central, c’est-à-dire l’organe qui vient après le Congrès et la Convention, demandent une session du Comité Central pour certainement le sanctionner pour avoir fait reporter le Congrès par la justice de Ouattara mais aussi pour avoir ignoré la décision du Comité Central du 13 septembre 2014 de retirer Alain Dogou de la Commission Electorale Indépendante de Youssouf Bakayoko (CEI). Pascal Affi Nguessan ruse, tantôt en prétextant qu’il fallait d’abord attendre que la justice se prononce sur les questions pendantes, tantôt en voulant imposer son ordre du jour à un Comité Central alors que ce n’est pas lui qui l’a demandé. C’est d’ailleurs sur cette base qu’il convoque un comité Central pour le 07 mars 2015, et comme cette instance du parti peut se réunir dès lors qu’il est demandé par les deux-tiers des membres, ce qui était déjà le cas, un comité Central, présidé par le doyen d’âge, se réunira le 05 mars 2015. Ce Comité Central suspendra Affi Nguessan.
Malgré cela, Affi Nguessan réunira un comité central avec on ne sait quels membres puisque les 2/3 des membres du Comité Central qui réclamaient la réunion de cet organe de direction n’ont pas dû participer aux deux réunions tenues en l’espace de deux jours, surtout que le premier Comité Central a pris la décision de suspendre le président du parti pour non respect des textes, statuts et règlement intérieur, et que cette décision est censée s’imposer à tout militant du parti.
Deux mois plus tard , le 30 avril 2015, c’est le congrès de Mama, et Pascal Affi Nguessan est cette fois exclu du parti, mais il se maintiendra malgré tout dans le jeu politique en confisquant les attributs du parti grâce à Ouattara qui le désigne comme son interlocuteur et envoie en prison Danon Djédjé, le président du Comité d’organisation du Congrès, Hubert Oulaye, le président du Comité de Contrôle, et Assoa Adou, le directeur de campagne du président Gbagbo pour la présidence du parti, ainsi que d’autres personnes impliquées dans l’organisation de ce congrès..
Malgré ce soutien de Ouattara, Pascal Affi Nguessan ne parvient pas à drainer derrière lui les militants et les sympathisants du FPI. Cela ne l’empêchera cependant pas d’aller à l’élection présidentielle de 2015 avec Ouattara qui dira : » L’adversaire qui a une base politique, c’est M. Affi, président du FPI, le seul parti qui a un candidat de poids »
Pascal Affi Nguessan sortira de cette élection présidentielle un peu plus affaibli avec un score dérisoire de 09%. Plus tard, il ira aussi aux législatives en présentant plus de 180 candidats mais il en sortira avec trois députés dont lui-même. Il ne parviendra pas à former un groupe parlementaire à l’Assemblée Nationale alors que le FPI a toujours eu un groupe parlementaire depuis sa première participation aux élections.
On pourrait donc dire Pascal Affi Nguessan a perdu son pari. Cependant, malgré ce désaveu massif , malgré cette exclusion et les échecs électoraux répétés, l’homme s’accroche, avec le soutien constant du régime Ouattara à son titre de » président du FPI » et aux attributs du parti qui l’a fait, et donc auquel il doit sa carrière politique. Et il espère que ses anciens camarades finiront par se soumettre à la décision de justice et viendront le rejoindre. En tout cas, il n’a pas montré qu’il est disposé à céder sur la question de ce statut que lui reconnaît Ouattara. Voilà donc où en est aujourd’hui le FPI et ça fait cinq ans que ça dure.
ALORS, QUE FAIRE ? DEVAIT-ON CONTINUER A IGNORER PASCAL AFFI NGUESSAN ?
Devait-on continuer à ignorer Pascal Affi Nguessan en se contentant de dire que c’est un homme politiquement fini, politiquement mort alors qu’il continue d’avoir une capacité de nuisance non négligeable ? En témoigne d’ailleurs entre autres ce qu’il s’est passé sur la question de la CEI où il avait feint de s’opposer à elle dans sa forme qui était décriée par tous alors qu’en réalité, il était dans une autre disposition d’esprit comme l’avait révélé le journaliste Bally Ferro qui avait rapporté une confidence d’un des commissaires de la CEI qui avaient refusé d’obtempérer alors qu’il leur était demandé par leurs mandants de rendre leur démission “ Ont-ils été sanctionnés (blâme, suspension ou autre) ou était-ce, comme l’un d’eux me l’avait confié, une mise en scène pour se mettre au diapason ? “ avait écrit le journaliste . Tout ça n’était donc qu’une mise en scène ! Mise en scène certainement aussi quand, alors qu’il avait programmé un sitting devant l’assemblée nationale pour protester contre le projet de constitution Ouattara, Pascal Affi Nguessan avait dû y surseoir à la demande d’Hamed Bakayoko, avant de demander aux Ivoiriens de voter massivement non quand les autres appelaient au boycott. Une position qui convenait parfaitement à Ouattara car l’enjeu tenait plus au taux de participation qu’au résultat lui-même qui de toute façon est l’affaire du seul Bakayoko, président de la CEI.
Affi Nguessan est donc présent dans le paysage politique, et est dans la posture d’un homme qui, par ses actes, gêne l’opposition, soutenu par Ouattara et ses soutiens qui l’invitent, comme cela s’est vu au Congrès du PS français, à un congrès d’un parti en Allemagne. Des ambassadeurs le visitent même et tout cela lui permet d’exister médiatiquement. Michel Gbagbo, avait résumé cette situation en disant que » Affi est un intrus entre Ouattara et Gbagbo « . Pour Bamba Moriféré, un chef de parti, » le régime de Ouattara utilise Affi N’guessan pour diviser le FPI » alors que Cissé Bacongo, ministre et cadre du RHDP Unifié , le parti d’Alassane Ouattara, n’a pas hésité à dire que “ Pascal Affi N’guessan et son groupe sont déjà au RHDP”. Alors , devait-on continuer d’ignorer un tel homme ?
CE QUE JE PENSE
Pour moi, le FPI ne devait plus continuer d’ignorer Pascal Affi Nguessan car le tout n’est certainement pas de dire qu’il a été exclu, de décrier son attitude et d’espérer qu’il tirera lui-même les leçons de son aventure et de ses échecs répétés qui étaient prévisibles. Encore faut-il trouver le moyen de l’amener à mettre fin à son aventure politique et à rendre les attributs du FPI à ses militants. A propos du brevet sur le nom FPI, l’affaire du logo, c’est aujourd’hui silence radio alors qu’on assurait avec une grande sérénité que le problème serait réglé assez rapidement. Des dates avaient même été données, et maintenant, on ne sait plus où on en est.
Pour régler le problème du FPI, peut-être aurait-il aussi fallu saisir à nouveau la justice car il n’a jamais été prouvé que la signature du président Gbagbo était fausse. La plainte pour faux en écriture n’a jamais connu un dénouement alors que c’était le seul motif sur la base duquel était fondé le rejet de sa candidature et le report du Congrès mais personne n’a confiance en cette justice qui a pourtant renvoyé dos à dos les deux parties en se déclarant incompétente alors que Pascal Affi Nguessan voulait empêcher le président Sangaré d’utiliser le logo du parti.
Mais la meilleure solution est évidemment cette rencontre en Belgique car la question Affi doit être réglée bien avant le retour du président Gbagbo en Côte d’Ivoire et non quand il sera là. Après tout, le secrétaire général actuel du FPI Assoa Adou disait qu’il avait proposé à celui qui se présente encore comme le président du parti d’envoyer une délégation conjointe chez le président Gbagbo alors que Pascal Affi Nguessan avait déclaré dans Soir Info du 26 juillet 2018 que c’est plutôt lui qui avait proposé au président Abou Drahamane Sangaré d’envoyer conjointement chacun deux émissaires chez le président Gbagbo. C’est aussi ce que le président lui-même avait demandé: rencontrer les deux parties en même temps.
Pour moi en tout cas, il était incompréhensible d’attendre tranquillement en espérant que Pascal Affi N’guessan alait se casser la gueule et revenir à la raison alors qu’en réalité, il s’est déjà cassé la gueule et n’est plus porté qu’à bout de bras par le régime Ouattara qui l’utilise, malgré ses discours, pour gêner l’opposition dans ses actions comme dans le cas de la CEI dont j’ai parlé plus haut. Il ne serait d’ailleurs pas étonnant, si rien n’est fait qu’il se présente à nouveau malgré tout à la prochaine élection présidentielle pour laquelle il a déjà annoncé sa candidature à la candidature.
CONCLUSION
Il fallait donc faire quelque chose pour clarifier définitivement les choses car les difficultés s’accumulent sans qu’il n’y ait en face de Ouattara aucun adversaire qui donne véritablement le change alors que le peuple de Côte d’Ivoire a besoin de faire entendre sa voix, et c’est son droit. Dès lors, il faut tout faire pour que la question que pose la situation du FPI soit réglée, pour que cette partie importante du peuple dont la voix est étouffée, se fasse entendre.
BONNE CHANCE
Voilà, j’ai fini de parler
Alexis Gnagno