Le chaos, c’est pas ma faute
Il en va ainsi de tous les gouvernements devant faire face à une insurrection soutenue par la population. Ils réagissent tous terriblement mal. Imaginons qu’à Paris et avec un ministre de l’Intérieur issu quand même de la pègre, il y ait des morts. Toute la province va alors s’embraser. Les préfets vont fuir les uns après les autres et Macrounet sera encore plus terré dans son Elysée bunkerisé. Et après ? Il devra obligatoirement dissoudre l’assemblée pour éviter le pire. Mais il ne le fera pas parce qu’il est soumis à des intérêts qui lui conseilleront de tenir. On est bel et bien en phase pré-révolutionnaire avec des élites qui, comme en 1789, sont incapables de lâcher du lest. Or il faut en lâcher beaucoup aujourd’hui pour calmer la fureur populaire.
Christian d’Alayer
Que signifie cet appel ?
D’abord, il ressemble beaucoup à une tentative d’Emmanuel Macron de se décharger un peu d’un poids, visiblement trop lourd pour lui. Une manière de faire reporter une part de la responsabilité du désordre actuel sur ses oppositions alors que c’est lui qui a allumé le feu (on ne va pas refaire, ici, le film). En clair, si l’on ne répond pas à cet appel d’Emmanuel Macron, cela signifie implicitement que l’on est du côté de l’insurrection. Que si les choses se passent mal samedi, ce sera leur faute. C’est pas moi, madame, dira le petit garçon à la maîtresse, c’est les autres qui font rien qu’à m’embêter. Et le Premier ministre, à la tribune de l’Assemblée, mercredi après-midi, ne dit pas autre chose en déclarant que les politiques et éditorialistes seront « comptables » de ce qui se passera dans les prochains jours. Qui, alors, est comptable des événements de samedi dernier ? Pas Emmanuel Macron, pas Édouard Philippe, pas Christophe Castaner ? Il ne semble pas qu’aucun parti d’opposition, de gauche comme de droite, aucun journal n’ait appelé à la violence, à piller et casser. Avouons que la ficelle est un peu grosse… et usée.
Mais cet appel jette aussi une lumière cruelle sur la perte totale d’autorité du chef de l’État. Comparaison n’est pas raison, mais imagine-t-on le général de Gaulle en appeler aux forces politiques et syndicales pour mettre fin à la chienlit ! En d’autres temps, la seule apparition du président de la République en majesté depuis le palais de l’Élysée, dans un face-à-face essentiel avec le peuple, aurait suffi pour ramener l’ordre et le calme. Pour l’heure, une allocution du président de la République n’est pas envisagée. Est-ce parce qu’il est conscient que sa parole est aujourd’hui démonétisée et qu’elle ne serait pas de nature à ramener le calme, tant est grand le rejet de sa personne ? Le chef de l’État doit désormais se terrer dans son palais et appeler au secours ceux qu’il méprise. Même s’il s’agissait sans doute d’une poignée de manifestants, l’épisode malheureux du Puy-en-Velay, où l’on a vu un Président se faire huer, en dit long sur cette perte d’autorité d’Emmanuel Macron.
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