Petite biographie de Jerry Rawlings
Le Ghana plonge alors dans une crise économique, qui vire au recul de civilisation à la fin des années 70. On ne trouve plus rien dans le pays, ni médicaments, ni lait ni sucre, il faut faire la queue pendant des heures pour acheter deux pains de savon tant les militaires au pouvoir n’ont cessé de piller les caisses de l’état.
Le 15 mai 1979, un jeune lieutenant de l’armée de l’air tente un coup d’état avec une vingtaine de ses partisans. Les putschistes mal préparés doivent se rendre. 15 jours plus tard ils passent au tribunal pour atteinte à la sécurité de l’état et risquent la peine de mort.
À la surprise générale, durant le procès le chef des putschistes Rawlings défie les juges. Il déclare ne pas reconnaitre la légitimité de ce tribunal ajoute que ce sont les juges et les ministres qui devraient être poursuivis . Il finit par dire que s’il s’en sort il leur fera payer leurs crimes au prix fort.
Le public prend fait et cause pour les inculpés, et le 4 juin des militaires viennent les libérer de leur cellule, des rumeurs circulant sur un imminent assassinat de Rawlings.
Dans les jours qui suivent sa prise de pouvoir politique le flight-lieutenant fait exécuter trois ex-chef-d’état, les généraux Akuffo Acheampong et Afrifa tous impliqués dans le renversement du président N’Krumah. Sont aussi exécutés les principaux officiers ayant eu à gérer l’état-major des forces armées depuis plus de 10 ans, des juges de la cour suprême. Rawlings devient le chef d’ orchetre d’une vaste épuration politique et purificatrice. Elle a lieu dans le sang.
Au total et en moins d’un mois environ 300 hauts responsables ghanéens sont passés par les armes. La première dame de Grande-Bretagne, Margaret Thatcher s’alarme, alerte le conseil de sécurité de l’ONU sur la dérive Kmer qui a cours au Ghana. Rawlings lui répond: » shut up !!! It’s an african thing »
Rawlings déclare qu’il s’est donné pour mission de nettoyer les écuries d’Augias. Il veut purger et purge le Ghana de cette corruption et de ce népotisme qui ont conduit des centaines de milliers de ghanéens à s’exiler dans les pays de la sous-région pour y vivre comme des damnés de la terre.
Contrairement au régime frère sankarisre du Burkina-Faso, la révolution de Rawlings était bien plus morale qu’idéologique. Une fois les institutions nettoyées, en 1984, Rawlings fait appel au FMI afin de stabiliser l’économie du pays.
En 1992 il rétablit un régime de démocratie remporte les deux élections auxquelles il se présente avant de restituer le pouvoir et se retirer de la vie politique tout en restant au pays la personnalité la plus populaire de ces 35 dernières années et la plus consultée par les pouvoirs politiques démocratiques en place.
Djôlo Ligui