FPI, on est loin de la réconciliation !
Les jours passent et se ressemblent au FPI. Aucun signe de décrispation ne pointe à l’horizon entre les deux tendances rivales qui se regardent en chiens de faïence et s’affrontent sur tout et rien.
Ainsi, un mois après la libération de Simone Éhivet-Gbagbo qui a bénéficié d’une ordonnance d’amnistie du chef de l’État, la rencontre entre l’ex-Première dame et Pascal Affi N’Guessan, président de la faction légale du FPI, n’est même pas à l’ordre du jour.
Comme à la prison de Scheveningen, à La Haye, où Affi est autorisé à rendre visite à Laurent Gbagbo mais sous des conditions qui n’ont pas encore été remplies, le protocole de Mme Éhivet-Gbagbo le fait poireauter.
À sa sortie de prison le 8 août 2018 et le 1er septembre, lors du 1er secrétariat général de la tendance dite dissidente du FPI auquel elle a assisté, l’ex-Première dame a émis un vote de censure contre Affi, déclaré exclu du parti.
Dans la crise au FPI, Simone Éhivet-Gbagbo a toujours clairement pris position. Déjà, depuis sa résidence surveillée d’Odienné (chef-lieu de la région du Denguélé, au Nord-ouest) en juillet 2014, elle a démissionné du nouveau secrétariat général du FPI élaboré par Affi. Elle est entrée en dissidence pour rejoindre, dès la fracture interne en 2015, la faction conduite par le canal historique du parti déchu le 11 avril 2011 où elle est la 2è vice-présidente.
Aussi, ne cesse-t-elle d’un côté, de rendre un vibrant hommage à Abou Drahamane Sangaré, président intérimaire de la tendance du FPI dirigée par Gbagbo, et de l’autre, de dénoncer les trahisons et « les tentatives de déviation par certains de nos propres militants ».
C’est donc le duel à mort au grand dam de tous ceux qui espéraient un lobbying, boosté par la libération de Mme Éhivet-Gbagbo, en faveur du rapprochement entre les belligérants.
Car, de son côté, Affi ne se laisse point démonter et croise le fer. Le 8 août, il a choisi d’organiser une conférence de presse, en signifiant bien qu’il n’est nullement concerné par la ferveur de l’accueil réservé à Mme Éhivet-Gbagbo.
Dans le rapport des forces, Affi est droit dans ses bottes et ne se fait aucun complexe face au leadership de l’ex-Première dame. « Nous avons organisé deux grandes manifestations, la fête de la liberté et le 4è Congrès ordinaire, qui ont montré notre ancrage sur le terrain », a-t-il déclaré dans Jeune Afrique du 16 août 2018.
Et sûr de son fait, il prévient, afin que nul n’en ignore au FPI. « Tout ce qui se passe dans notre parti, ce ne sont que des épiphénomènes. (…) Tout responsable politique du FPI qui se mettra en dehors de l’unité, sera abandonné par les militants », a-t-il mis en garde.
Dans le jeu du pourrissement qui se joue ainsi sous nos yeux, la seule issue possible que les protagonistes se laissent apparaît de plus en plus comme la reddition de l’une des parties. Avant ce drapeau blanc pour sonner la fin de la confrontation politique, le fossé, chaque jour, s’agrandit, et risque de devenir irréversiblement infranchissable entre les camarades d’hier.
F. M. Bally
Bally Ferro