Macron : La dureté du Président qui fâche
Monsieur le Président – puisqu’en effet c’est votre titre et qu’il faut que l’on s’en accommode -, votre réponse à ce jeune contient tout ce pourquoi une partie des citoyens de ce pays rejette en bloc le fond et la forme de vos discours et de votre politique.
La première partie, qui est un recadrage utile et sans doute pertinent, n’est pas forcément contestable.
La seconde, en revanche, transpire l’arrogance, le mépris et la morgue qui vous coupent du peuple que vous êtes censé représenter, de par la fonction même dont vous aimez visiblement rappeler à tous la hauteur.
Depuis quand, en effet, faudrait-il avoir un diplôme et les moyens de se nourrir soi-même pour nourrir quelque ardeur révolutionnaire ? Depuis quand la légitimité politique d’un citoyen (ou, en l’occurrence, d’un futur citoyen) ne se mesure qu’à l’aune de sa réussite sociale ?
À entendre votre réponse, d’ailleurs, nous pourrions presque croire que vous vous apprétiez à reprocher à ce jeune homme sa coupe de cheveux – puisque l’affaire des costards nous rappelle sans cesse votre hâte à juger les gens selon leur apparence.
En réalité, qui manque de respect à qui, dans cette histoire ? Est-ce ce jeune, qui a tenté à votre égard une blague potache et provoc – dont il s’est immédiatement excusé d’ailleurs – ou bien vous, qui bradez son avenir à court et à moyen terme, par exemple en fermant les portes de l’Université aux classes modestes ?
Qu’importe, dans le fond. Votre mépris de classe, ici encore révélé, se paiera – politiquement, s’entend – au prix fort. Et nous n’aurons nul besoin de diplôme pour venir botter les douces fesses des politicards libéraux de votre caste, qui détruisent depuis trente ans ce pays et sa jeunesse à grands renforts de mesures de régression sociale.
En 1789, en 1848, en 1871, en 1936 et même en 1968, la plupart des révolutionnaires n’étaient pas (ou pas encore) diplômés, et, dans certains cas, c’est précisément parce qu’ils ne pouvaient pas ou plus se nourrir par eux-mêmes qu’ils ont renversé le pouvoir en place.
Quand on veut donner des leçons d’histoire, Monsieur le Président, on s’assure au moins d’être bien informé.
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Après avoir corrigé un jeune au mont Valérien, Emmanuel Macron a souhaité faire connaître la scène filmée au plus grand nombre, ne tardant pas à la relayer sur les réseaux sociaux. La vidéo dépasse le million de vues, toutes plateformes confondues.
Présent aux traditionnelles commémorations du 18-Juin 1940, le président de la République a choisi de mettre en avant sur les réseaux sociaux un moment fort de son passage au mont Valérien. Pour ce faire, l’équipe de communication d’Emmanuel Macron a posté dans la journée du 18 juin une vidéo dans laquelle on observe le chef d’Etat recadrer un collégien l’ayant interpellé par son prénom.
Publiée sur les comptes officiels Facebook et Twitter d’Emmanuel Macron, la scène filmée a massivement été repartagée par sa communauté de followers. Et l’équipe de communication du président de la République, pas peu fière de ses compétences oratoires, a tout fait pour les mettre en valeur. Dans le texte accompagnant la scène filmée, elle se félicite du rappel à l’ordre du président et de l’art de celui-ci de néanmoins mener «une conversation détendue». De fait, l’accroche était ainsi rédigée : «Le respect, c’est le minimum dans la République – surtout un 18 juin, surtout en présence des compagnons de la Libération. Mais cela n’empêche pas d’avoir une conversation détendue – regardez jusqu’au bout.»
Recueillant plus d’un million de vues en moins de 24 heures à travers les comptes officiels d’Emmanuel Macron sur les réseaux sociaux, la vidéo n’a donc pas manqué de faire le buzz.
«Un concours de lèche chez les macronistes» et un collégien «de qui tout le monde se moque»
Une autre vidéo mentionnant le hashtag #18juin avait été postée dans la même journée sur le compte Twitter du président de la République : à titre de comparaison, celle de la scène dans laquelle il recadre un jeune a cumulé environ 10 fois plus de vues que l’autre, dans laquelle Emmanuel Macron se trouve en présence de «Daniel Cordier, compagnon de la Libération et ancien secrétaire de Jean Moulin».
Au vu d’une vidéo buzz largement commentée par les soutiens du chef d’Etat français, le magazine Marianne n’a pas manqué de dénoncer «un concours de lèche chez les macronistes».
Par ailleurs, la journaliste Camille Crosnier a déclaré le 19 juin sur Twitter avoir pris contact avec le jeune collégien mis en avant sur les réseaux sociaux à travers les comptes officiels d’Emmanuel Macron. Elle interpelle ainsi le président de la République : «Il est bien mal car tout le monde se moque de lui. Il vient de rentrer chez lui, ne veut parler à personne, il a même peur que ça lui porte préjudice pour le lycée.»
RT.com
Commentaire de la caricaturiste Emma à laquelle j’ai emprunté deux dessins:
Ça faisait longtemps que l’actualité m’avait pas inspiré de petits dessins mais là … chaque jour je me dis que je pourrai pas plus détester ce type, et finalement si.
Bref, toute ma sympathie au lycéen qui a subi cette horrible interaction, change rien !
A écouter jusqu’au bout ! beaucoup de sagesse chez ce jeune député du parti de Mélanchon !
"Ma question s'adresse aujourd'hui au Ministre de la Faïencerie…" – François Ruffin
Publiée par La France insoumise à l'Assemblée nationale sur mardi 19 juin 2018