Acquittement Bemba/Gbgabo : la version du Gouvernement
La version du Patriote, pour rassurer les Ivoiriens qui craignent une prochaine sortie de prison de LGbagbo et CBG.
La situation de Laurent Gbgabo n’est pas similaire à celle de Jean-Pierre Bemba qui vient d’être acquitté par la CPI.
Comparaison n’est pas raison.
L’annonce faite hier de l’acquittement en appel par la Cour pénale Internationale( CPI) de l’ancien vice-président Jean-Pierre Bemba, condamné en première instance à 18 ans de prison pour crimes de guerre et crimes contre l’humanité commis en centre Afrique, et qui est détenu à La Haye depuis 2008, a suscité une vague de joie chez les partisans d’un autre prisonnier célèbre de la CPI: Laurent Gbgabo.
En ce verdict, ils trouvent un motif d’espoir de voir leur mentor recouvrer la liberté. Ils jubilent et n’hésitent même pas à annoncer la libération prochaine de l’ex-chef d’état ivoirien. Pour eux, si Bemba a été acquitté, c’est qu’il en sera autant pour Laurent Gbagbo.
Naturellement, c’est assez simpliste de faire un tel parallèle. Même si Gbagbo est aussi poursuivi pour crimes contre l’humanité et, bien entendu, d’autres chefs d’accusation, sa situation n’est en aucun cas similaire à celle de Jean-Pierre Bemba, qui est certes acquitté mais ne sera pas libéré parce qu’il est poursuivi dans une seconde affaire pour subornation de 14 témoins.
Trois des cinq juges d’appel de la CPI ont décidé d’annuler la décision de la Chambre de première instance après avoir relevé de sérieuses erreurs dans le jugement. Ils estiment, comme le souligne RFI « surtout que la responsabilité pénale de JP Bemba n’est pas établie de manière irréfutable et que les juges de 1ere Instance auraient du tenir compte de circonstances atténuantes comme le fait que l’ancien vice-président congolais ait écrit au premier ministre centrafricain de l’époque pour lui demander d’agir ou qu’il n’avait pas tous les moyens d’enquête en Centrafrique pour savoir ce qu’il se passait ou même punir les responsables».
C’est justement là que réside toute la différence entre le cas de Laurent Gbagbo et celui de Jean-Pierre Bemba. Contrairement à l’homme politique congolais, l’ex-président ivoirien est pénalement responsable des crimes pendant la crise postélectorale en Côte d’Ivoire, puisqu’il a planifié sa tentative de confiscation du pouvoir et jouer à fond la carte du pourrissement jusqu’à l’affrontement.
D’ailleurs, la procureure de la CPI, Fatou Bensouda détient des éléments de preuves irréfutables de l’existence d’un plan commun élaboré qui montre que Laurent Gbagbo était au parfum des violences perpétrées par ses troupes (soldats et supplétifs libériens notamment) et qu’elles ont été commises avec son assentiment.
D’ailleurs, lors de son témoignage à la CPI, le général de brigade Philippe Mangou, chef d’Etat-major des armées au moment des faits l’a confirmé, toute la hiérarchie militaire des Forces de défense répondait directement de Laurent Gbagbo.
Dernière précision et non des moindres : Jean-Pierre Bemba avait déjà été condamné. Or Laurent Gbagbo est encore loin, pour le moment d’un verdict. Après l’audition des témoins de l’accusation, ceux de la défense doivent maintenant passer à la barre. Ensuite, ce sera le réquisitoire de la procureure, qui sera suivie de la plaidoirie des avocats de Laurent Gbagbo, avant que les juges de la CPI ne livrent leur verdict. Pour en arriver là, il faudra attendre encore au moins deux ans, sinon plus.
Ceux qui croient donc que parce que Jean-Pierre Bemba a été acquitté, Laurent Gbagbo le sera aussi, se trompent lourdement. Pour ne pas dire qu’ils rêvent debout. Car, Gbagbo n’est pas Bemba.
LE PATRIOTE – N°5545 – DU SAMEDI 09 AU LUNDI 11 JUIN 2018