Le flop iranien de Macron
Au moins, l’ambiance glamour de cette visite d’État aux USA n’aura pas éclipsé les dossiers sensibles. Trump veut dénoncer unilatéralement le traité sur le nucléaire iranien, signé en juillet 2015 par les 5 membres permanents du Conseil de sécurité, l’Union européenne, l’Allemagne et l’Iran. Il le fera à l’échéance du 12 mai prochain, car la pression du courant belliciste pro-israélien, puissamment représenté au Congrès, ne lui laisse pas le choix, surtout à l’approche des élections législatives de mi-mandat (novembre). Cette focalisation de la politique américaine sur la pseudo-menace iranienne pollue les relations internationales, et seule la détermination des six autres signataires a quelque chance de neutraliser les velléités guerrières de la Maison-Blanche.
Mais c’était sans compter avec notre Jupiter national. En proposant de négocier un “nouveau traité”, Macron a fait une concession de taille, même si elle est purement symbolique, au président américain. Après avoir plaidé pour le traité en vigueur, l’ex-“Young Leader” formé par la “French-American Federation” a manifestement viré sa cuti pour coller, une fois de plus, aux standards diplomatiques américains. Mais qu’attendait-il au juste du locataire de la Maison-Blanche ? Dans ses relations avec la France, ce dernier n’est pas demandeur. Il sait que la collaboration de son alliée lui est acquise, et c’est suffisant. C’est pourquoi Trump a laissé planer le suspense sur sa décision, quitte à se déterminer à la dernière minute en fonction du rapport de forces au Congrès.
L’initiative élyséenne est d’autant plus déconnectée du réel que l’Iran, la Russie et l’Union européenne, en réponse, ont aussitôt réitéré leur attachement au traité en vigueur. En clair, les autres signataires du texte de 2015 viennent d’envoyer Macron dans les cordes. Décidé à faire un coup politique, une fois de plus, le président français n’a convaincu personne. Il a fait à Trump une concession qui le laisse froid, il a irrité les autres Européens, et il a suscité la franche opposition de Moscou et Téhéran. Du grand art ! Certes, une rencontre au sommet à “White House” ne risquait pas de refaire le monde. Macron devait s’en douter, mais si l’on admet qu’il cherchait surtout à faire parler de lui, c’est réussi.
Le problème de Macron, c’est qu’il veut être le premier de la classe tout en jouant au dur dans la cour des grands. Il veut être l’allié préféré de l’Oncle Sam, et “en même temps”, il prétend incarner une France indépendante. Il a cru qu’un sommet bling-bling à Washington lui permettrait de réaliser la quadrature du cercle. C’est loupé. Expert en politique-spectacle, ce bonimenteur est rattrapé par la politique, la vraie. Pour passer à la postérité, Macron a tenté d’exploiter le filon iranien, et cette tentative qui devait être un coup magistral se transforme en coup d’épée dans l’eau. Macron, c’est l’insignifiance bavarde d’une présidence française qui s’imagine qu’on gagne le respect des puissants en leur faisant des courbettes.
Les médias britanniques se moquent de la «relation spéciale» de Trump et Macron.
Publiée par Claire Langoulant sur jeudi 26 avril 2018