Ouattara a des ennuis…, si, si…
Alors qu’il n’a pas encore digéré les mutineries dejanvier (Adiaké et Abidjan) et mai 2017 (Bouaké,Daloa, Abidjan, Korhogo…)et les conséquences des échauffourées des 4 et 9 janvier 2018, à Bouaké entre anciennes Frci(Forces républicaines de Côte d’Ivoire) et l’unité du Centre de coordination des décisions opérationnelles (Ccdo) une composante de cette même armée rebaptisée Forces armées de Côte d’Ivoire (Faci), que Ouattara devra revoir ses plans, pour espérer dormir sur deux oreilles avant 2020. Le chef suprême des armées de Côte d’Ivoire devra en effet, faire face à l’épineuse question de l’identification de ses propres soldats, en même temps, qu’il piaffe d’impatience de voir des départs volontaires. Il s’agit pour la haute hiérarchie militaire, à défaut d’une réforme fondamentale de sa doctrine, de savoir qui est réellement ivoirien et qui ne l’est pas. Une opération voulue par l’Etat-major, mais qui ne sera pas sans conséquences.
L’intitulé même de la problématique pose question. Comment
les autorités sont-elles amenées à douter une seule seconde, de la nationalité de leurs soldats ? Il est clair que pour l’Ivoirien lambda, l’esprit nationaliste a déserté les casernes, depuis avril 2011. Mais la situation est-elle surprenante pour le régime ? Pas vraiment. En prenant ‘’l’option militaire’’ pour s’attaquer aux institutions républicaines qu’incarnait lePrésident Gbagbo, Ouattara avait besoin de légions de mercenaires étrangers. Le cas
d’Amadé Ouérémi, un ressortissant burkinabé à la tête d’une cohorte de chasseurs traditionnels dozos recrutés dans la sous-
région ouest-africaine, est encore présent dans les esprits. Après la victoire sur les forces régulières ivoiriennes, grâce aux soutiens de l’armée française et des soldats de l’Onu, il fallait assurer le service après vente à Ouattara qui venait de s’installer. Ce travail a été confié aux mercenaires étrangers. En retour, rubis sur ongle, certains ont touché leurs primes de mercenariat puis sont retournés dans leurs pays d’origine ou à la vie civile.
D’autres, le gros lot du contingent étranger, ont préféré intégrer l’armée de Ouattara où l’on avait encore besoin de leurs services. En retour, ils entrevoyaient un avenir radieux avec promesse de l’octroi à eux de la citoyenneté ivoirienne. Sept années après sa guerre contre Laurent Gbagbo, Ouattara n’est toujours pas rassuré de la loyauté de certains de ses soldats. Mutineries à répétition faisant foi. C’est la raison qui le pousse à vouloir savoir qui fait partie de son armée, d’où l’opération d’identification qu’il diligente à travers l’Etat-major. Cette démarche cache mal les inquiétudes du chef de l’Etat sur la sécurité de son Pouvoir. En même temps que l’opération d’identification relève la grosse suspicion vis-à-vis de Guillaume Soro avec qui, Ouattara et ses fidèles sont en bisbille, n’arrivant pas à s’accorder sur certaines questions dont la brûlante succession à la présidence en 2020.
Guillaume Soro, ancien Secrétaire général de la rébellion des Forces nouvelles continue d’avoir un contrôle sur ses éléments bien que ceux-ci soient éparpillés, dans toutes les unités et casernes du pays. L’opération d’identification pourrait débusquer tous les fidèles de Soro et permettre à l’exécutif ivoirien, de s’en débarrasser, pour espérer éloigner une éventuelle menace de subversion. L’indiscipline est le facteur mis en avant, pour chasser del’armée, les brebis galeuses. Cette idée a germé dans la tête des officiers généraux à la suite des vagues de mutinerie qui ont sérieusement affaibli le régime Ouattara, tout en montrant ses faiblesses. Pour l’Etat-major, il n’était pas question de négocier avec des soldats mutins. Mais que face à tout manquement, il fallait plutôt être intransigeant, opposer la force de la loi, la discipline militaire. Au besoin, procéder à la radiation. Cette option n’a pas été privilégiée par le politique qui a préféré verser dans un premier temps, 5 millions sur les 12 millions Francs cfa que réclamaient les 8400 mutins. Même après le versement de cette première tranche, la hiérarchie militaire continuait d’être intransigeante. Mais le politique était passé outre et face à la révolte qui s’intensifiait dans les casernes du pays, ont payé les 7millions Francs cfa de reliquat. Dans l’esprit des mutins et de nombreux soldats de rang, le général Sékou Touré qui est leur patron, n’est pas prêt à défendre leur cause. Au plus fort de cette
mutinerie du 11 mai 2017, certains mutins ont même exigé sa révocation. Voici, comment la démarche du politique a ruiné l’autorité de la hiérarchie militaire sur les soldats. Le Cema Sékou Touré qui est sorti très affaibli de son bras de fer avec ses soldats, aurait, selon nos sources, tenté de rendre sa démission. Après plusieurs mois de froid entre ces deux entités politiques et hiérarchie militaire, le chef de l’Etat ivoirien a préféré entre deux maux, le moindre mal. C’est-à-dire choisir entre se mettre à dos, la chaîne de commandement en plus de Guillaume Soro et ses soldats qui lui sont restés loyaux, et les mercenaires étrangers qui de toutes les façons, ont été largement payés. Ouattara choisit donc l’option de responsabiliser le Cema, en lui confiant la nouvelle réforme. Une façon pour le chef de l’Etat d’améliorer ses rapports avec le patron de son armée. Depuis décembre 2017, le général Sékou Touré a établi un plan de départ volontaire au sein de ses troupes. Avec ses pleins pouvoirs renouvelés et reçus du chef suprême des Faci, le Cema Sékou Touré a l’occasion de procéder à des radiations sinécessaires. Cela, à commencer par des soldats qui ne donneront pas la preuve de leur nationalité ivoirienne, dans le cadre de l’opération d’identification. Mais y-a-t-il vraiment une potion magique, pour sauver le régime Ouattara ?
Attendons …
Simplice Allard
Ange Coulibaly