France 2 : l’info sacrifiée ?
La direction pourrait diviser par trois la diffusion des magazines d’information.
À chaque semaine son séisme à France Télévisions. Après les réformes en profondeur en termes de structures, place aux programmes. Sous la pression de Bercy et l’obligation de faire des économies, la direction de l’information envisagerait de supprimer les magazines « Complément d’enquête » et « Envoyé spécial », respectivement présentés par Thomas Sotto et Élise Lucet.
Plus précisément, le projet entend faire passer ces magazines de trois jeudis par mois à un seul, en prime time, à partir du mois de février ou mars. De fait, ce serait trois fois moins d’informations sur France 2. Moins d’enquêtes, moins de reportages, moins d’investigation. Pas de portrait de Vincent Bolloré par exemple, ni d’enquêtes sur l’affaire Bygmalion, de reportages en Birmanie ou en Libye.
Des pistes radicales formulées donc la direction de l’info auprès du comité exécutif du groupe public, qui ont sonné la rédaction, d’autant qu’il y a encore quelques semaines, la direction avait fait savoir que l’info serait « la priorité ». Pour les JT, ce sont déjà moins de tournages, de déplacements, un temps légèrement réduit. Et toujours au détriment d’une information de qualité.
À cette réduction de temps d’antenne s’ajouterait une baisse des effectifs, au-delà du non-remplacement déjà effectué d’un départ à la retraite sur deux. Dans une lettre adressée à Delphine Ernotte, la société des journalistes (SDJ) note « la suppression pure et simple des 33 CDD de reporters des magazines », constituant 80 % des effectifs. Avant de déplorer apprendre « par accident que notre propre direction vous propose de supprimer jusqu’à 30 ETP (équivalents temps plein) dans les magazines – dont les effectifs s’élèvent à moins de 100 personnes, hiérarchie et production comprises ».
Si la direction acte la suppression de CDD, « il ne restera plus que deux reporters à “Complément d’enquête”, et cinq à “Envoyé Spécial”. Autant le dire franchement : cela reviendrait à faire disparaître ces émissions. […] Avant de faire votre choix, ponctue cette lettre adressée à la présidente de France Télé, gardez à l’esprit que derrière cette décision comptable, c’est la survie des derniers magazines produits par le service public qui est en jeu ». Si la direction promet une décision « dans les prochains jours », une assemblée générale des journalistes est prévue cet après-midi pour décider, entre autres, « d’éventuelles actions pouvant aller jusqu’au vote de plusieurs motions de défiance », selon la CGC médias.
par Jean-Claude Renard 23 novembre 2017