Pour les 500 ans de la Réforme
Luther a placardé 95 thèses à la porte de l’église de Wittemberg pour réfuter la doctrine catholique des indulgences. C’était un . Et pour les protestants, c’est le début de leur histoire.
Aujourd’hui, 500 ans plus tard, Luther est pris en otage dans une minable querelle de clochers. Les protestants historiques de France accusent les évangéliques « rétrogrades » (comprenez, soucieux d’obéir « bêtement » à l’injonction biblique ) de radicalisme.
Les illustrations me sont propres.
Shlomit
A Strasbourg, alors que les protestants célèbrent les 500 ans de la Réforme, les leaders évangéliques boycottent la grande fête pour cause de débats sur l’homosexualité.
La vie n’est pas non plus un long fleuve tranquille chez les protestants. Surtout quand il s’agit d’homosexualité… A Strasbourg, la grande fête, prévue ce week-end pour commémorer les 500 ans de la Réforme, commence par un gros bug. A cause de deux (petits) stands et d’un culte inclusif, lieu de débats et d’accueil sur les questions LGBT. En désaccord avec cette partie du programme, le chef de file des évangéliques, Étienne Lhermenault, président du Cnef (Conseil national des évangéliques de France) a décidé de boycotter la cérémonie officielle qui a lieu, vendredi en fin d’après-midi, en présence de Gérard Collomb, ministre de l’Intérieur, chargé des cultes.
«Nous regrettons que la direction du Cnef ait pris cette décision radicale, a commenté à Libération, le pasteur François Clavairoly, président de la Fédération protestante de France (FPF), organisatrice du rassemblement. Cela montre une radicalisation de la direction du Cnef. Sa position ne nous paraît pas fondée, si ce n’est par des motifs d’homophobie, ce que nous ne voulons pas croire.» Au dernier moment, la direction du Cnef a aussi décidé de retirer le stand qu’elle devait tenir pendant la manifestation. L’organisation ne souhaite pas communiquer à ce sujet, préférant que «son retrait reste discret». Selon un document interne qui a fuité, elle estime cependant avoir été piégée par la programmation du rassemblement.
«La situation est tendue»
«Leur attitude ne correspond pas à la tradition protestante», regrette, pour sa part, la théologienne Joan Charras-Sancho, l’animatrice de l’antenne inclusive de la paroisse Saint-Guillaume à Strasbourg, un groupe de réflexion et d’expérimentation sur les questions LGBT, également organisateur du débat théologique sur ces problématiques et du culte inclusif mis en cause. «On veut nous apparenter à un lobby LGBT. Ce n’est pas le cas, s’insurge-t-elle. Nous voulons seulement aider les personnes à dépasser les discriminations.»
Les tensions demeurent fortes au sein du protestantisme français sur la question de l’homosexualité. Il existe des divergences profondes entre la branche «historique», traditionnellement plus ouverte, et les courants évangéliques très conservateurs. Au nom d’une lecture littérale de la Bible, ceux-ci campent sur des positions très hostiles à l’ouverture des droits pour les personnes et les couples LGBT. En 2015, la principale église protestante en France (Epuf, Eglise protestante unie de France) avait décidé d’autoriser la bénédiction de couples homosexuels. La décision avait creusé la fracture avec la mouvance évangélique. «La situation est tendue, c’est vrai, avec certains courants. Elle se focalise là sur un événement particulier à Strasbourg», explique Christophe Kocher, le pasteur de la paroisse Saint-Guillaume.
Initialement, la commémoration des 500 ans de la Réforme devait avoir lieu à Lyon. C’était sans compter la levée de boucliers des milieux évangéliques très bien implantés dans la région lyonnaise. Leur refus de participer, lié notamment à la décision d’autoriser la bénédiction de couples homosexuels de l’Epuf, avait contraint les organisateurs à choisir une autre ville.