Bilan du contre-interrogatoire du mardi 3 octobre 2017 :
Dans notre développement du lundi 2 octobre dernier, nous avions mis un point d’honneur à la fonction juridique de la preuve testimoniale, c’est-à-dire l’administration de la preuve par voie de témoignage.
À l’occasion, nous avions montré que de la prise en compte d’un témoignage, dans le cadre de l’instruction d’une affaire par une instance judiciaire, dépend intimement la crédibilité de son auteur.
Or, dans l’œuvre de judicature, il suffise d’au moins une incohérence, relevée chez le déposant, pour que l’ensemble de ses déclarations s’écroule.
Cela étant, nous continuons, dès l’abord, à faire observer que, tant devant l’Accusation que pendant les deux premiers jours du contre-interrogatoire, Mangou n’est pas encore parvenu à satisfaire ses mandants, sur la substantielle question des crimes planifiés, à grande échelle, par le Président Laurent GBAGBO.
Pis, tout regard avisé ne saurait s’abstenir de constater irrésistiblement que l’ancien Chef d’état-major des armées de Côte d’Ivoire se déprécie, de jour en jour, au point même qu’il offre de constater que la Cour, elle-même, a fini par prendre acte de son manque de fiabilité .
Une telle situation s’est observée au travers de plusieurs types de déclarations invraisemblables du témoin Mangou, déclarations qu’il nous plaît de rappeler chronologiquement.
À la question, en effet, de la défense de savoir si lui Mangou avait démissionné lorsque le Président Laurent GBAGBO n’avait pas, selon lui, accédé à sa proposition de rendre le tablier, le témoin Mangou, se représentant un tribunal coutumier Atchan, agitera des menaces sur sa vie, et même sur celle de toute sa communauté villageoise, pour justifier sa carence.
Mais, Mangou a-t-il vraiment conscience qu’avec un tel argument spécieux, il invoque-là, ce qu’on nomme en droit, un cas de force majeure, ne prospérant qu’autant que celui qui s’en prévaut, eût justifié du triple motif tiré de l’irrésistibilité, de l’imprévisibilité et de l’insurmontabilité de l’obstacle ?
Or, Monsieur MANGOU s’est déjà vanté, devant cette même Cpi, qu’après l’attaque de sa résidence, il avait réussi à se réfugier tranquillement à l’Ambassade de l’Afrique du Sud, sans se heurter à une seule embûche.
En conséquence, la Cour ne peut que prendre acte du manque de sérieux d’un tel argument fantaisiste, tiré d’imaginaires menaces ayant fait obstacle à la volonté de Mangou de démissionner.
Ensuite, lorsque Me Altit, avec doigté, met à découvert les déclarations spéculatives de Mangou, en lui demandant s’il est en capacité de certifier le contenu, à vue d’oeil, des caisses qui seraient entreposées au sous-sol de la Présidence de la république, l’individu se hâtera de répondre que c’étaient des munitions.
Mais lorsque la défense lui demandera la spécification du moyen par lequel il était parvenu à savoir avec exactitude que ces caisses qu’il dit n’avoir jamais vues, contenaient «des munitions», la queue entre les jambes, Mangounexigera à la défense de montrer la suite du film exposant le contenu desdites caisses .
Pourtant, avant de répondre que ces caisses contenaient «des munitions», le général d’armée n’avait pas attendu qu’on lui présente l’entièreté du film.
L’épaisse vapeur de doute que dégageaient de telles affirmations spéculatives de MANGOU, conduisit irrésistiblement le juge-Président de la Cour à s’approprier la question pour interroger Mangou de dire à la Cour s’il était en capacité de deviner le contenu de telles caisses, à vue d’œil ?
Naturellement, l’homme répondit par la négative, en suggérant au juge-Président de faire dérouler la suite du film. Bien entendu, la Cour n’accèdera pas à une telle diversion, ayant d’ores et déjà intégré que Mangou était en pleine spéculation, loin du témoignage sur ce dont il avait connaissance.
Mû par la volonté de montrer à la Cour que Mangou n’est nullement crédible, Me Altit a encore attaché du prix à des détails, propres à apparaître à l’observateur lambda, comme anodins, alors que ces choses ont vocation à jauger la fiabilité de ce témoin atypique.
En effet, lorsque Monsieur MANGOU, malgré l’insistance de la défense, et allègue qu’il était en prison en 2005, donc sous Gbagbo, et non après 1995, et qu’il eût fallu l’interpellation du juge-Président, pour que Mangou se ravise, on ne peut mettre cela, ni sur le compte d’un oubli, ni sur celui d’un lapsus linguae. Car, cela a parfaitement montré à la Cour, la détermination du témoin, à charger mensongèrement Gbagbo.
Que dire aussi des suites appropriées que réserve la défense aux affirmations fantaisistes et répétitives de Mangou, proclamant Dramane OUATTARA, vainqueur des présidentielles du 28 novembre 2010 ?
Est-il envisageable qu’on laisse Mangou partir de là, sans lui exiger d’étayer les mécanismes électoraux et juridiques qui ont permis à son employeur Damane OUATTARA d’être vainqueur de cette élection ?
Y aura-t-il encore une voix pour s’élever, au niveau de l’Accusation ou de la Présidence de la Cour, pour objecter, lorsque nous avons, enfin, un individu pour dire au monde entier le nom de celui « QUI A GAGNÉ L’ÉLECTION DE 2010» ?
Comment l’a-t-elle remportée ? Et surtout, à quel moment Mangou a-t-il pris connaissance de ces résultats ?
Au total, au fil de ses mensonges grotesques, Mangou a fini par détruire son capital crédibilité, pourtant très déterminant dans la prise en compte d’un témoignage devant une instance judiciaire.
Tchedjougou OUATTARA
Roger Dakouri Ledj