Kouadio Konan Bertin assure que le RHDP aura son candidat issu du PDCI

UN ARTICLE POUR VOUS . Interview de Kkb…

K.K.B catégorique : « Le candidat Rhdp sera un candidat du Pdci…Notre allié, le Rdr, doit l’accepter »
Incisif et explosif, Kouadio Konan Bertin alias K.K.B, ancien député, ex-candidat à la Présidence de la République, membre du bureau politique du Pdci-rda, l’a été tout au long de cette interview qu’il nous a accordée. Il a abordé, sans fard, des questions qui fâchent, liées notamment à la présidentielle de 2020, au découpage électoral, à la Commission électorale indépendante (Cei), avant d’inviter les militants « à aller au charbon ». Il a dénoncé « une pendaison électorale » qui se profile à l’horizon.

La Côte d’Ivoire a célébré, dans le cadre de la 3ème République, sa première fête de l’indépendance. Quel sentiment vous inspire cette célébration ?
Je voudrais vous remercier encore une fois. C’est toujours un sentiment de fierté qu’éprouve un peuple quand il retrouve sa dignité naguère bafouée. Dès lors, la fête de l’indépendance est toujours un bon moment pour les Ivoiriens. C’est un grand événement. C’est aussi un grand moment dans la vie du peuple de Côte d’Ivoire. Chacun doit la célébrer à sa façon. Puisque cette année, elle intervient dans un contexte particulier où les Ivoiriens sont éparpillés à travers le monde. Après la crise post-électorale jusqu’à présent, le contexte est là. La Côte d’Ivoire se cherche. Comme je l’ai dit tout à l’heure, les Ivoiriens ne sont plus un peuple uni. Ils vivent côte-à-côte, ils ne vivent plus en bonne intelligence. Ils se regardent en chiens de faïence. Ça a été aussi l’occasion pour le chef de l’État, Alassane Ouattara, comme à l’accoutumée, de délivrer un message à la Nation. Dans ce message, il a fait une précision de taille. À savoir qu’en 2020, tout citoyen qui le désire, peut se présenter à l’élection présidentielle.

Quelle lecture faites-vous d’une telle annonce ?
Le mérite que cette déclaration a, c’est d’éclaircir au moins les choses qui ont eu lieu dans les débats. Il me semble que par cette déclaration, Ouattara a clos définitivement le débat sur la question de l’alternance en 2020. Alors que le Pdci et le président Bédié étaient en droit d’attendre du Rdr et d’Alassane Ouattara, au nom de la paix pour laquelle Bédié a consenti le sacrifice suprême, en retirant le Pdci de l’élection présidentielle de 2015, au nom de la paix et par amour pour le peuple, que notre allié respecte sa parole, en faisant la passe au Pdci-Rda, c’est dans l’attente d’une telle décision, qu’on nous informe, qu’on nous répond, que chaque citoyen peut être désormais candidat. Qu’à cela ne tienne !

Est-ce dans cette dynamique que s’inscrit la sortie de Bédié, à Paris, dans Jeune-Afrique ?
Le Pdci, je l’ai dit, ne doit compter que sur lui-même. Il faut que nos militants le comprennent. Le président Bédié, depuis Paris, a lancé un appel clairement dans Jeune Afrique. Il a dit, dans le cadre du Rhdp, puisqu’il tient à sa parole, qu’en 2020, le candidat unique du Rhdp, sera un cadre du Pdci-Rda. Que ceci est non-négociable. Et ce cadre-là, c’est le Pdci et Bédié qui le désignent. Et notre allié, le Rdr, doit l’accepter, comme Bédié l’a fait en 2015. De retour de Paris, le président Bédié a lancé le même appel à l’aéroport international Félix Houphouet-Boigny. Je précise que la pensée du président Bédié a été claire et sans équivoque. Il a parlé en sa qualité de président du Pdci-Rda. Il s’est adressé aux militants du Pdci-Rda. Qui, eux, ont compris son message cinq sur cinq.

Mais quand le président Alassane Ouattara dit que tout le monde peut se présenter, est-ce qu’au fond, cette idée n’implique-t-elle pas lui-même sa propre candidature ?
Je l’ai déjà suspecté. Souvenez-vous lors du débat sur le referendum constitutionnel. Alors que le peuple entier s’attendait à une révision constitutionnelle, Ouattara a proposé au peuple une nouvelle Constitution.

Pensez-vous qu’il a dit en périphrase, « tout le monde peut se présenter, y compris moi Alassane Ouattara », d’autant plus qu’il n’a pas dit qu’il ne se représenterait pas ?
Ses intentions à peine voilées, on devait les lire déjà. Je ne suis pas surpris. Et tout ce qui se passe aujourd’hui, n’est que la suite logique de ce qui se tramait déjà en filigrane à travers cette nouvelle Constitution. Dès lors qu’on nous a obligés à rentrer dans une autre République, il fallait s’attendre à ça. Et ça vient doucement.

Avez-vous donc la conviction que cette phrase d’Alassane Ouattara impliquerait sa propre candidature ?
C’est ma conviction. J’attends d’avoir tort.

Comment expliquez-vous les deux sorties contradictoires de Bédié et du porte-parole du Pdci, le ministre Kobenan Adjoumani ? Qu’est-ce qu’on retient ?
On retient que le porte-parole d’un chef de parti, c’est fait pour porter la parole du chef. À la limite, l’amplifier au besoin. Le porte-parole, ce n’est pas fait pour recadrer la parole du chef. La parole du chef a été explicite, claire, et les militants l’ont entendue. Il n’y avait plus besoin de recadrer cette parole. À moins que ceux qui s’adonnent à cet exercice aient pour eux, un autre agenda qui n’est pas celui du chef. Mais les militants du Pdci-Rda n’avaient pas besoin d’un recadrage de la pensée du chef. Ils l’ont compris ; Et quand on est militant discipliné, et qu’on prétend aimer le chef, Bédié en question, on s’organise pour donner force à ses idées et à son appel. Et ici en l’occurrence, l’appel de Bédié est un mot d’ordre que les militants doivent exécuter tel qu’il est. Parce que c’est un mot d’ordre qui ne souffre d’aucune ambiguïté. Nous n’avons donc pas besoin de le clarifier. Si ce n’est de semer le trouble dans l’esprit de nos militants.

Kobenan Adjoumani a-t-il donc, semé le trouble dans l’esprit des militants ? A-t-il manqué de révérence au président Bédié ?
Je ne peux pas le dire ainsi. Mais, sa sortie a semé le trouble et la confusion dans l’esprit de certains militants. Comment peut-il recadrer la parole, très limpide de Bédié ?

Le Pdci travaille-t-il aujourd’hui à une candidature en 2020 ? Ce n’est pas négociable ?
C’est clair. Le président Bédié l’a dit. De la même façon en 2015, quand il a dit que le parti soutient monsieur Ouattara. Il n’a pas fait marche arrière. En 2020, Bédié dit que le Pdci doit avoir son candidat. Il ne va pas faire marche arrière. Ce n’est pas négociable. Et les militants sont enthousiastes. Ils s’organisent à la base, justement pour faire triompher la position du chef.

Mais, aujourd’hui, des observateurs relèvent des sons discordants au sein du Pdci. On parle de Pdci pro-Bédié et Pdci pro-Ouattara. Quelle est votre idée sur cette façon de voir les choses ?
Pour l’instant, je n’ai pas connaissance qu’il existe au sein du Pdci, une base pro Ouattara. Le Pdci est entier. Et le moment venu, il démontrera aux Ivoiriens qu’il a plus de 70 ans de vie. Il a survécu à toutes sortes de vicissitudes. Voyez-vous, il est comparable au roseau. Il plie, mais il ne rompt pas. Même les armes n’ont pas eu raison du Pdci. Rarement des partis ont survécu après les coups que nous avons reçus. Après le coup d’État de 1999 et tout ce qu’on a connu, le Pdci a survécu. Croyez-moi, le Pdci n’est pas un mouvement, il sert la Côte d’Ivoire.

Quelle est votre opinion sur les récents limogeages touchant bien évidemment Jean-Louis Billon, Niamien N’goran et beaucoup d’autres cadres du Pdci. Pensez-vous que ce sont des actes de nature à saborder le Rhdp ?
Je ne veux pas aller sur cet angle-là. Je vais plutôt tirer les leçons de cet acte. La leçon que tout militant du Pdci doit tirer de cette façon d’agir, c’est de dire : « apprenez à vous battre ». C’est le message que Ouattara nous a porté. C’est le message de Ouattara au Pdci et à Bédié : « Apprenez à vous battre ». C’est d’ailleurs le message que Ouattara et les cadres du Rdr nous envoient à chacune de leurs sorties publiques : « ne comptez pas sur le Rdr pour revenir au pouvoir ». Je l’ai si bien compris. Et j’invite les Ivoiriens et singulièrement les militants du Pdci à comprendre l’idée qu’il y a derrière ces messages de Ouattara et de son parti, le Rdr. Houphouet-Boigny et nos devanciers se sont battus. On n’obtient rien dans la vie sans se battre et sans souffrir.

Le Rassemblement des houphouetistes pour la démocratie et la paix (Rhdp), pour vous, existe-t-il encore fondamentalement ?
Je voudrais dire aux Ivoiriens, si on veut porter loin le combat de nos anciens et de nos devanciers, acceptons d’accomplir notre part de sacrifice. Allons-y au charbon. Battons-nous auprès des populations, pour sortir la Côte d’Ivoire de l’ornière. Les Ivoiriens nous attendent. C’est une responsabilité que le Pdci a vis-à-vis du peuple de Côte d’Ivoire. Car, ne le perdons jamais de vue, c’est le parti fondé pour servir le peuple de Côte d’Ivoire. Le vaillant peuple de Côte d’Ivoire a besoin du peuple du Pdci. Nous ne devons reculer devant rien pour ce peuple. Si tant est que nous l’aimons comme Houphouët l’a aimé.

Aujourd’hui, le Pdci n’est pas en divorce avec le Rdr. Mais, avec ce parti, êtes-vous au bord de la rupture ?
Je pense que comme tout le monde se réclame d’Houphouët Boigny, la raison va nous habiter. Pour que nous puissions comprendre tout simplement que de part et d’autre, nous devons respecter notre engagement. Que nous devons faire preuve d’amour pour notre peuple, en posant des actes qui vont dans ce sens. Je reste donc convaincu que tout est encore possible. Qu’on va consolider l’alliance en écoutant la parole de Bédié. En lui renvoyant l’ascenseur. Pour que nous sortions, comme je l’ai dit plus haut, de l’ornière.

Avez-vous le sentiment que le Rdr trahit l’Appel de Daoukro… en refusant de faire la passe au Pdci?
C’est trop tôt de le dire. Puisque Ouattara a dit que tout le monde peut être candidat. C’est un processus. Sait-on jamais. Je voudrais simplement rappeler que le débat sur l’alternance, pour moi, n’est pas l’essentiel.

L’essentiel se trouve où, pour vous ?
L’essentiel, si nous voulons gagner ces élections, le débat est ailleurs. Le débat porte sur la question de la Commission électorale indépendante (Cei). Le dernier séminaire du Pdci, tenu à Bingerville, a mentionné clairement que cette Cei-là doit être révisée. Nous ne devons pas attendre la veille des élections pour poser le problème. C’est maintenant qu’il faut poser le problème de la Cei. La Cei, telle qu’elle est, si elle n’est pas révisée, les mêmes causes produisant les mêmes effets, nous risquons encore de les avoir. Il faut donc dès à présent poser le problème de la Cei et le résoudre, pendant qu’il est encore temps. Après, il faut s’attaquer à la révision du découpage électoral. C’est catastrophique le découpage actuel qui donne une avance confortable au Rdr, tant à l’Assemblée nationale que dans les municipalités et les régionales. C’est inacceptable.

Le jeu électoral serait-il, pour vous pipé à l’avance ?
Avec ce découpage, ce serait aller à une « pendaison électorale » et non à une compétition électorale. Le Pdci a demandé lors de son séminaire, que ce découpage soit revu et corrigé. Jamais, le Pdci n’acceptera d’aller à une « pendaison électorale ». Ensuite, il faut demander aux Ivoiriens d’aller se faire enrôler massivement. Le changement ne viendra de personne d’autre que des Ivoiriens. Qu’ils détiennent les cartes d’électeurs. L’enrôlement ce n’est pas l’affaire des autres. C’est l’affaire des Ivoiriens. Enfin, le recensement électoral. Voici des questions qu’il va falloir régler. Après, je parle dans un contexte où on agresse les commissariats. On veut organiser des élections sécurisées. La question du désarmement doit être résolue pour un environnement électoral serein. Voici des questions qui restent encore entières. Il va falloir maintenant qu’on se penche sur ces questions essentielles ; Et pour moi, c’est là tout l’essentiel.

Comment cette révision va se faire ? Youssouf Bakayoko doit-il partir ou, alors, faut-il opérer une refonte totale de cette Cei ?
Ce serait là une des réponses. Mais, pour moi, la question ne se pose pas en termes d’individu. Vous changez Youssouf Bakayoko par un autre à la tête de la même structure, vous allez aboutir au même résultat. Donc ne donnons pas l’impression que nous sommes contre l’individu Youssouf Bakayoko. C’est tout le système qu’il faut changer. Il faut une refonte totale et entière de cette structure en charge des élections en Côte d’Ivoire. Après la refonte, peu importe qui on met à la tête. Dès lors que tout est fait sur les bases claires et équitables, maintenant qui va la diriger ça ? Ce n’est pas un problème. Il y a beaucoup d’Ivoiriens qui ont la compétence pour le faire.

Quel type de Cei voulez-vous pour la Côte d’Ivoire ? Une Cei politique comme celle en place ou une Cei administrative avec des compétences de la société civile ?
Une Cei tout de même au moins consensuelle. Le moment venu, nous présenterons le modèle de Cei aux Ivoiriens.

Réalisée par Armand B. DEPEYLA – LINFODROME
mis en ligne par Olivier Gnongoue

Samedi 19 Août 2017 –Daniel Kablan Duncan a été nommé jeudi dernier par Henri Konan Bédié vice-président du Pdci en charge de la coordination des activités.

Une nomination qui intervient au moment où la position de l’ex premier ministre est jugée d’incongrue, sur le débat de l’alternance en 2020 qui secoue la famille du Rassemblement des Houphouetistes pour la Démocratie et la Paix (RHDP) depuis des mois.

Pour certains observateurs, le vice-président du pays qui est très proche de Ouattara jouerait à un double jeu dans le débat politique d’où sa nomination par le sphinx de Daoukro afin d’avoir un œil sur ses actions.

Maurice Kacou Guikahué dans une interview accordée aux médias proches de son parti, révèle les attentes de Bédié en nommant le natif de Grand-Bassam à un poste qui n’existait pas dans l’organigramme du PDCI-RDA.

« Le président n’attend pas seulement des résultats du vice-président Duncan », indique d’entrée l’ex ministre de la santé, avant de poursuivre. « Si vous constatez bien, à travers toutes les décisions qu’il prend, le président Bédié est en train de faire un rassemblement dynamique. C’est-à-dire comment regrouper toutes les structures du Pdci et les rendre dynamiques pour atteindre l’objectif commun qui est la présidentielle de 2020. »

En attendant d’en savoir plus dans l’avenir, la nomination de Duncan n’a pas encore livré son véritable secret.

Donatien Kautcha, Koaci.com

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