In memoriam:Simone Veil
Serge Bile
Parce que sa présence a accompagné, et de quelle façon, ma vie d’homme, la disparition de Simone Veil provoque ce pincement appuyé qui révèle que ce départ est quelque chose de fort.
Les réseaux comme l’État vont, je l’espère, lui rendre les honneurs qu’elle mérite. Et sans illusion, qu’il ne se trouvera personne pour salir sa mémoire.
Je ne vais pas ajouter aux louanges méritées, simplement rappeler le premier souvenir qui m’est revenu lorsque j’ai appris sa disparition.
En 1944 Simone Jacob avait 16 ans lorsque la trahison de ces Français indignes, la livra aux nazis, comme le reste de sa famille. Trahison qui ne fut pas payée du véritable prix à la Libération, puisque quelques-uns de ces ignobles purent encore aider Jean-Marie Le Pen a créer le Front National 30 ans plus tard. Cela, il faut ne jamais l’oublier.
Déportée à Auschwitz, en mentant sur son âge, elle échappera au gazage, et en janvier 1945 elle participa, comme Henri Krasucki à peine plus âgé, aux terribles marches de la mort organisées par les SS pour évacuer Auschwitz face à l’avancée de l’Armée Rouge. Jusqu’au camp de Belsen où était morte Anne Frank. Dont elle fut libérée le 15 avril 1944 épargnée par l’épidémie de typhus qui décimait les survivants. Son frère et ses parents eux aussi déportés, ne revinrent pas.
Lorsqu’elle présenta à l’automne 1974 devant l’Assemblée nationale son projet de loi autorisant le recours à l’avortement, elle subit dans la presse, mais aussi dans l’hémicycle des attaques particulièrement infectes. Un parlementaire, dont comme l’Histoire, j’ai oublié le nom, se permit de lui reprocher dans le débat : « d’organiser un génocide » avec sa loi.
Je me souviens de la réponse terrifiante et glacée, de celle qui portait le numéro 78651 sur la peau de son bras gauche. Qui disait en substance au déshonorable parlementaire qu’elle connaissait bien le sens du mot « génocide ».
Instantanément pulvérisé, l’imbécile disparut sous son pupitre, où le ménage récupéra la poussière, direction les poubelles de l’Histoire. Où sa trace est perdue pour toujours.
En revanche, celle que nous laisse Madame Simone Veil est simplement magnifique.
Merci Madame.