L’acquittement de Madame Gbagbo, un coup de tonnerre pour les médias…
L’annonce de l’acquittement de Simone Gbagbo, requis par le jury populaire des Assises d’Abidjan, est depuis hier repris en boucle par la quasi totalité de la presse internationale. On parle de coup de tonnerre. Cette presse qui l’avait, durant une décennie entière, vouée aux gémonies, clouée au pilori, et livrée à la vindicte populaire, en dehors du respect du principe de la présomption d’innocence, au fur et à mesure que les « affaires » s’enchaînaient: escadrons de la mort, Guy-André Kieffer, tuerie des femmes d’Abobo, etc.
C’est cette même presse qui, dans un revirement spectaculaire, est en train de la blanchir, de la réhabiliter dans son intégrité morale et son honneur, aux yeux du monde entier, la lavant totalement des graves chefs d’accusation de crimes contre l’humanité et crimes de guerre. Bien sûr, on est loin de l’idylle parfaite, de la contrition sincère d’avoir nui à Simone Gbagbo, mais désormais, elle n’est plus présentée aux yeux de l’opinion internationale, comme la « sorcière noire » qui s’est illustrée dans la commission de ces crimes. C’est un énorme gain pour les Africains engagés dans le combat pour leur souveraineté.
L’heure n’est certes pas au tressage de lauriers mais je ne puis m’empêcher de manifester ma gratitude à l’endroit du conseil de la Première dame et au collectif des avocats commis d’office pour leur parfaite conduite dans ce procès.
Mention spéciale aux jurés qui se sont illustrés par leur courage de dire la vérité. Pourtant, selon Me Ange Rodrigue Dadje, avocat principal de Simone Gbagbo, ces jurés sont composés à 95% de personnes issues du Nord alors que Mme Gbagbo est accusée d’avoir fait massacrer des ressortissants de cette région de la Côte d’Ivoire. Certes, l’accusation a eu bien du mal à convaincre, à présenter des preuves irréfutables et des témoins au-dessus de tout soupçon. Mais la décision du jury d’acquitter la première dame peut-elle être interprétée comme une volonté réelle des ivoiriens de donner une chance à la réconciliation et à la paix? Du coup, la fameuse thèse du « plan commun » échafaudée par le bureau du procureur de la CPI tombe à l’eau. L’Institution doit en tirer toutes les conséquences…
A toutes les femmes et à tous les hommes épris de justice et de paix, à vous qui œuvrez sans relâche pour l’avènement d’un monde de concorde, je vous exhorte au courage. Une victoire est obtenue aujourd’hui, mais il y a la guerre à gagner. Redoublons d’effort car la victoire définitive est possible.
Ohouochi Clotilde Yapi
ancienne ministre de la santé
Nous entendons ici et là quelques gesticulations sur l’acquittement logique de Mme Simone Ehivet Gbagbo. Les défenseurs de la Justice des vainqueurs se consolent de ce que la justice n’avait rien à gagner en la condamnant. Car déjà condamnée à 20 ans pour atteinte à la sûreté de l’Etat.
1. S’il est vrai que la Justice n’avait rien à gagner à la condamner, elle avait tout à perdre: sa crédibilité
2. Dans un procès ce n’est pas à la Justice – le régime veut-on insinuer – de gagner mais la vérité de triompher.
3. Une condamnation pour atteinte non avérée à la sûreté d’un État qu’on « incarnait » à l’époque des faits est hautement moins déshonorante qu’une condamnation pour crimes contre l’humanité.
4. Le reste n’est que commentaires libres, et qui ne sauraient gêner les combattants des droits de l’homme et des Libertés que nous sommes.
Aird-Alliance Côte d’Ivoire
« L’acquittement de Simone GBAGBO est un Signe de Victoire et Un pas vers la LIBÉRATION Prochaine de notre pays. Il y a un temps pour avoir peur et un temps pour ne plus avoir peur. Nous ne sommes plus au temps où il faut avoir peur. La peur a changé de camp. Depuis sept (07) ans qu’ils sont là, que s’est-il passé ? Au contraire il se passe de mauvaises choses. On voulait être président de la République. Voilà, tu es président et puis y a quoi ? Il se passe de mauvaises choses dans notre pays. Aujourd’hui, on est arrivé à gazer les planteurs, c’est-à-dire ceux qui font la richesse de la Côte d’Ivoire. Ça veut dire que tout est fini. Tout est accompli. Nous sommes à la fin .
Il faut apprendre à lire les signes qui se présentent à nous aujourd’hui. Les signes sont clairs. On ne peut pas cacher le soleil avec la main. On ne peut pas empêcher le soleil de se lever. Nous voyons que Laurent Gbagbo va revenir. Ce n’est pas pour faire plaisir à quelqu’un qu’on le dit mais les signes sont là. Ils ne peuvent pas faire autrement que de le relâcher. Il n’y a pas de preuve de tout ce qu’on lui reproche. Les témoins qu’on envoie là-bas ne peuvent pas raconter autre chose que ce qui s’est passé. Si tu ne peux pas, il faut quitter. Tu ne peux pas, si tu ne peux diriger le pays, donne la Côte d’Ivoire à son propriétaire. Ce n’est pas lui qui s’est déclaré comme le propriétaire mais c’est le peuple de Côte d’Ivoire qui lui a confié sa destinée. Laurent Gbagbo va revenir pour continuer ce qu’il a commencé. Il ne reviendra pas dans un esprit de vengeance. Il revient pour que la Côte d’Ivoire aille de l’avant. Gbagbo n’aura pas un esprit revanchard, mais il revient pour que la Côte d’Ivoire se réconcilie. Le combat de la mobilisation doit se poursuivre et nous devons rester debout. >>
Dakoury Tabley
Mme Gbagbo acquittée – Son avocat Dadjé Rodrigue salue une décision courageuse de la Cour d’assises mais…
L’avocat de l’ex-première Dame a réagi après le verdict rendu par la Cour d’assises présidée par M. Kouadjo Boiqui. Me Dadjé Rodrigue nous avons pu joindre dans la soirée du mardi 28 mars 2017 a « salué une décision courageuse », celle de l’acquittement de Mme Simone Gbagbo, poursuivie pour crimes de guerre et de crimes contre l’humanité.
« Mes premiers sentiments sont des sentiments de remerciement à l’endroit des avocats principaux et des avocats commis d’office, des sentiments de remerciement à Mme Gbagbo pour sa sérénité. Je voudrais saluer aussi la Cour d’assises et les jurés, qui ont pu rendre une telle décision dans un environnement sociopolitique qui n’est pas évident. Il faut être courageux pour rendre une telle décision qui était la seule à rendre, parce que Mme Gbagbo n’a pas commis de tels crimes. Mme Gbagbo n’est pas libre puisqu’elle purge une peine de prison de 20 ans. Mais, cette décision la condamnant à 20 ans a été rendue sur la base de rien, il n’y avait aucun élément de preuves contre elle. Le procès le plus important pour nous, c’était celui de crimes contre l’humanité et de crimes de guerre. Le plus important c’était de remporter ce procès. Pour l’autre condamnation, on appréciera. Il y a toujours des choses à faire, mais je ne vous donnerai pas plus de détails. On est moins soucieux pour cette condamnation que pour ce procès de crimes contre l’humanité. La prime à l’impunité c’est que la personne ne fait l’objet d’aucune poursuite, comme c’est le cas pour le camp Ouattara qui n’est poursuivi de rien. C’est cela la prime à l’impunité. Mais quand vous êtes en prison depuis 2011, qu’on vous juge et que la justice dit que vous êtes non coupable, ce n’est pas une prime à l’impunité ».
Par OD, L’Intelligentd’Abidjan