où en est-on du paiement des primes de rébellion?

Malgré les démentis sous forme de menaces et d’arrestation de journalistes, le paiement des primes aux ex-rebelles rattrape Alassane Ouattara comme un sticker infalsifiable.

Hier, les médias étrangers, précisément RFI, ont largement rendu compte d’un accord intervenu entre les émissaires d’Alassane Ouattara et les mutins de Bouaké. Ils ont convenu d’un paiement différé du reliquat des primes versées à ces ex-rebelles. N’ayant pu tenir sa promesse de fin février, c’est-à-dire le versement de la première mensualité d’un million de francs CFA à chaque mutin,  Alassane Ouattara obtient de justesse un rééchelonnement de sa dette. Les créanciers, eux, acceptent de patienter jusqu’en mai, en réussissant néanmoins à arracher aux négociateurs commis par le chef de l’État, la promesse d’un paiement cumulatif.
Le premier, certainement, à tirer satisfaction de cet accord devrait être Alassane Ouattara, car depuis le week-end dernier, veille de l’échéance du paiement de la première annuité, les soldats avaient engagé la pression sur lui en remobilisant les médiateurs que sont l’archevêque métropolitain, Mgr Siméon Ahouana et l’imam Badjawari de la grande mosquée de Sokoura (Bouaké).

Contrairement aux voeux de leur hiérarchie qui, déplorant la méthode utilisée par les insurgés pour exposer leurs revendications en janvier dernier, attendait d’eux un renoncement, les militaires ont maintenu comme acquises les promesses du chef de l’État et espéraient être satisfaits à la date convenue.
La mission a-t-elle été menée comme prévu ? toujours est-il que l’impatience faisant monter la température, et les rumeurs avec la peur d’une nouvelle mutinerie, la hiérarchie militaire et les collaborateurs du chef de l’etat se sont vite activés pour éviter l’inflammation en perspective de la poudrière. On peut dire que le chef de l’État, quoique l’accord avec les mutins intervienne au-delà de la date butoir, a réagi à temps pour s’épargner une énième humiliation.

Cependant, l’accord qui vient ainsi soulager Alassane Ouattara et son régime est  révélateur de la gouvernance par le mensonge et le mépris de l’opinion des citoyens, mais surtout de la presse dont des acteurs ont été mis aux arrêts pendant des jours pour avoir révélé l’existence d’un accord financier dans le cadre du dénouement de la mutinerie des forces spéciales. Certes tous les émissaires du gouvernement et la hiérarchie militaire ont voulu le faire avaler aux Ivoiriens en activant la justice, mais ils n’ont pu convaincre sur la sincérité de leurs arguments. Parce que la preuve pour que cet accord n’eût jamais existé ne saurait se résumer au simple fait que les officiels ne l’aient pas annoncé. Qui peut-on encore convaincre sur l’inexistence de cette promesse financière à l’élite de l’armée quand, coup sur coup, leurs frères d’armes obtiennent satisfaction en brandissant la menace ?

La presse n’ayant pas ses sources à la fontaine officielle des gouvernants, il est vain de vouloir intimider les journalistes qui, par les révélations des deals secrets, ne font que leur travail comme le président de la République au palais, le juge au tribunal ou le soldat au front. Au lieu donc de persister dans la signature de ces accords secrets qui ne tarderont pas à être révélés, il serait plutôt utile, dans l’intérêt de la gouvernance des affaires publiques, que la vérité soit dite une fois pour toute sur cette dette qui, malgré son caractère privé non démenti, éprouve les caisses de l’etat. Surtout que le délai indiqué pour satisfaire prochainement les mutins de Bouaké n’est que de trois petits mois.
LeCridAbidjan