Petite histoire capturée sur la toile
Demain, mon vieil oncle Glawlou caterpilar rentrera de son exil libérien, il trouvera que son champ est toujours occupé, sa forêt aux mains d’inconnus, sa maison decoiffée, ses fils éparpillés aux 4 coins de la planète, sans aucune nouvelle d’eux, son village autrefois beau et propre, méconnaissable, ravagé par la broussaille.
Que va t-il manger?
Où va t-il dormir? Dans cette maison sans toiture, à la merci de la pluie et du soleil? Pire à la merci de ces inconnus nouveaux maîtres de la terre de ses ancestres qui verraient en lui un élément pertubateur à abattre!
Que va t-il boire? Certainement pas l’eau de ce puit en plein milieu de sa cour dans lequel fut jeté mains et pieds liés un membre de sa famille par des assaillants.
Bon, avec tout ce triste décor ainsi planté, il n’y aura ni caméras, ni journalistes, ni micro, ni curieux, ni ministres, ni pdg, ni députés, ni notables, ni internet, ni Facebook, ni Tweeter, ni bfm, ni itele.
Il n’y aura personne, la majorité de ses connaissances est restée dans les camps de fortune, sous leurs misérables tentes.
Mon oncle Glawlou Caterpilar tournera un moment sur lui même et retraversera le fleuve Cavally retrouver ses parents, compagnons de souffrance, compagnons de misère pour ne pas être traîné jusqu’à la gendarmerie du coin, menottes aux poignets, brutalisé, accusé d’être milicien, lui le vieux Glawlou du haut de ses 80 ans.
Ainsi va la vie de mon oncle Glawlou Caterpilar, ce vieil inconnu, cet exilé anonyme.
Kioubia Severin
la suite, improvisée par un lecteur:…quand il eut traversé le fleuve, le vieil octogénaire jeta en arrière un regard meurtri. Comme si une voix lui eut dit qu’il ne reverrait plus jamais la terre de ses ancêtres. Il essuya du revers de la main une larme qui avait sèche sur sa vieille joue. «Dieu n’est pas sans colère. Il est juste lent.», murmura-t-il en s’éloignant, le dos voûté…
Guéadjiby C. Doh