Cérémonie de pardon à Bouaké : Quand les ex-mutins se moquent des Ivoiriens
Des ex-mutins ont organisé mercredi à Bouaké une cérémonie de pardon. Une action salutaire surtout lorsqu’on a commis des erreurs mais la mutinerie était-elle justifiée ?
Les 6 et 7 janvier, des soldats mécontents, réclamant 12 millions FCFA comme primes Ecomog et une villa chacun, se sont mutinés. Après plusieurs rencontres d’échanges entre le ministre chargé de la Défense, Alain Donwahi, le chef d’Etat-major et les représentants des soldats, un accord définitif est trouvé et les militaires se sont engagés à retourner dans les casernes. Depuis quelques jours, les mutins sont pour la plupart entré en possession d’un premier acompte de 5 millions de leurs primes. Se disant lésés, d’autres soldats d’autres corps armées ont manifesté aussi de leur côté pour réclamer les mêmes faveurs que leurs frères d’armes. Au niveau des fonctionnaires, une grève qui avait débuté un peu plutôt mais passée inaperçue, s’est muée en une fronde générale. Depuis presque un mois, l’administration publique est paralysé. C’est dans un tel contexte qu’une cérémonie de pardon est organisée par ceux là mêmes qui ont ouvert la boite de pandore.
« La ville de Bouaké a connu dans la nuit du jeudi 5 au vendredi 6 janvier 2017 dernier, un soulèvement d’éléments des Forces armées de Côte d’Ivoire (FACI) pour réclamer de meilleures conditions de vie et de travail (…) Cet événement s’est propagé et a contaminé l’ensemble du territoire national, causant ainsi de nombreux désagréments au détriment de l’Etat et de la population. A l’occasion de ces tristes événements à Bouaké notre comportement vous a choqué avec ses corolaires d’entraves à la libre circulation des personnes et des biens, fermeture des magasins et des boutiques, brutalités et de violences, confiscation de biens d’autrui, menaces verbales et physiques, utilisation d’armes à feu dans la ville », a tenté de se repentir le sergent Yacouba Diallo, porte-parole des mutins. « Au nom de mes camarades, je voudrais sincèrement me confondre en excuses et demander du très profond de mon cœur pardon pour ce manquement à la discipline militaire, au nom respect du droit d’autrui ainsi qu’aux dégâts incalculables causés à la population », dit-il.
La question que se pose nombre d’Ivoiriens actuellement est celle de savoir pourquoi maintenant. « Pourquoi est-ce que c’est après avoir encaissé les 5 millions d’avance de leurs primes que les mutins demandent pardon ? S’ils veulent qu’on leur pardonne pour ce qu’ils ont fait, qu’ils retournent l’argent qu’ils ont encaissé. A cause d’eux, les fonctionnaires ont durci leur mouvement de grève. Tout le monde est en grève partout dans le pays. Chacun demande qu’on augmente son salaire. Le pays est paralysé depuis trois semaines. Et c’est maintenant qu’ils viennent demander pardon», s’insurge un ressortissant de Bouaké. En tout état de cause la cérémonie de pardon organisée par les ex-mutins ne changera rien dans la grave crise sociale qu’ils ont entrainée.
David YALA, Linfodrome