L’Algérie, et les dessous de la colonisation
Shlomit
La dette contractée auprès de l’Algérie par la France se chiffre à 24 millions de pièces d’or de l’époque, a révélé hier à Médéa Dr Mohamed Amine Belghit, chef de département des sciences et de la civilisation islamique à l’université d’Alger.
22/02/2015
Intervenant lors d’une conférence sur le thème «les crimes coloniaux en Algérie» qu’il a animée à l’occasion de la journée du chahid, l’historien a indiqué que cette dette n’a pas été restituée à ce jour, affirmant que celle-ci représente une «partie infime des avoirs, sous forme d’argent ou de biens précieux, détournés par l’armée d’occupation, au cours des premiers mois de l’invasion». Il a estimé que le montant de ce préjudice financier est «plus important», eu égard, selon lui, au volume réel des biens et objets précieux transférés illégalement vers le continent européen, au lendemain de l’occupation.
L’universitaire a, à ce propos, cité le transfert «à bord de cinq navires français, de quantités importantes de pièces d’or, de bijoux, d’objets précieux et quelque trente mille fusils d’une valeur inestimable, sur ordre des officiels français de l’époque, dont une partie a été reversée au Royaume Uni pour son soutien à cette campagne coloniale». Il a indiqué qu’une première tentative a été menée, en 1955, à l’occasion du sommet des pays non alignés, à Bandung (Indonésie), en vue de la restitution de ces biens, mais la requête est restée «lettre morte en raison du contexte géopolitique de l’époque».
Des exemples de crimes abjects commis par l’armée coloniale au lendemain de l’invasion de l’Algérie ont été évoqués par le professeur Belghit, lors de cette rencontre, citant l’enfumade, en 1834, de près de 900 habitants du village d’El-Frachiche, dans la localité de Ténes, qui s’étaient réfugiés dans une grotte pour fuir la barbarie coloniale. D’autres atrocités, perpétrées par des officiers de l’armée coloniale, parmi lesquels les colonels Cavignac, Saint-Arnaud, de Rovigo ont été également rapportées par cet historien, telle que la tuerie de l’oasis des Zibans, en 1849, ou des centaines d’habitants furent exécutés de sang froid, ou encore, le massacre, quelques années auparavant, de 500 villageois de la région de Lakhdaria, par le colonel Saint-Arnaud, dans le cadre de la politique de la «terre brûlée» orchestrée par les autorités militaires coloniales en vue de mâter toute résistance populaire.