Les Tirailleurs sénégalais où l’envers du décors
Les premières campagnes de recrutement des tirailleurs sénégalais en vue d’aller combattre en Europe au cours de la première guerre mondiale se sont faites, en Afrique dans la violence. Des administrateurs coloniaux rapportent avoir vu des convois d’hommes noirs nus et enchainés acheminés vers le camp de conscription de Bouaké ( Côte d’Ivoire) sous le soutien de femmes chantant des oraisons funèbres. Il ne s’agissait ni plus ni moins que de campagnes de rapts et de chasse à l’homme, identiques à celles qui avaient eu cours durant l’époque des traites négrières.
Les chefs de village firent de la résistance en ne proposant aux Blancs que des hommes malades et des criminels ou en organisant la fuite des hommes les plus valides loin de leur région d’origine. Devant l’intensification des campagnes de conscription forcée, les Africains entrèrent en rébellion. La plus connue est celle que mena Diocé Traoré en janvier 1915 dans la région du Bélédougou. La révolte fut réprimée dans le sang après 9 mois de combat, les français ayant finalement acheminé plus de 300 soldats dans la zone où le chef Bambara s’était replié. Ce dernier préféra se donner la mort dans son tata ( camp fortifié) plutôt que de se rendre. Mais les révoltes continuèrent à s’étendre après lui, en Haute Volta, et en Atakora (actuel nord Bénin). Elles furent réprimées par le pouvoir colonial avec la plus grande des violences : Des centaines de rebelles ont été, torturés, d’autres fusillés sans procès ni jugement, d’autres ont été emprisonnés et déportés à des milliers de km de chez eux, on ne les revit jamais. Des dizaines de villages ont été incendiés, des terres brûlées, les cheptels exterminés.
Les violences furent telles que le gouverneur du Soudan (actuel Mali) écrivit à sa hiérarchie pour que cessent ces campagnes : » Il ne faut pas couvrir les crimes et les violences quand ils sont érigés en système d’administration ». Clozel n’avait aucune empathie pour les Africains, il s’inquiétait plutôt pour les fondations du tout nouveau régime de colonisation qui avaient commencé à vaciller du fait des violentes répressions en cours.
En Côte d’Ivoire 5 colons passèrent en jugement pour actes de torture, ils furent tous acquittés.
Mais Paris avait compris qu’il fallait changer les méthodes de conscription.
Fin 1917, Clémenceau charge Blaise Diagne du recrutement de tirailleurs en AOF.
Noir et député français, Blaise Diagne entouré de 3 officiers noirs s’acquittera de sa tâche au delà de ce que le gouvernement aurait pu espérer. En quelques semaines 63000 tirailleurs sont recrutés.Mais les promesses que Blaise Diagne leur avait fait pour parvenir à les enrôler (acquisition de la nationalité française, droit à la démobilisation en France, versement régulier de leurs soldes) ne seront jamais tenues.
Les tirailleurs sénégalais n’ont pas seulement été instrumentalisés pour servir de chair à canon en Europe, ils ont d’abord subi, eux et leur entourage de violentes campagnes de répression qui se sont traduites par des actes d’exécutions sommaires des actes de torture de déportation et de destruction des lieux de vie des Africains qui relèvent tout le caractère barbare du régime de colonisation.
Bayere Arnaud Gobli SAUVONS L’AFRIQUE