Qu’est-ce que la génération de rupture ?


Interview exclusive avec Maître N’dry Claver

Peut être une image de 1 personne et position debout


Depuis mi-juin 2020, un concept nouveau parcourt les réseaux sociaux : la Génération de Rupture. Maitre N’dry Claver, avocat au barreau de Côte d’Ivoire et avocat inscrit à la Cour Pénale Internationale en est le concepteur. Nous avons sollicité un entretien avec lui pour mieux comprendre ce que recouvre le concept de Génération de Rupture.
Est-ce un parti politique en gestation ? Est-ce un mouvement de la société civile ? L’homme ayant été un acteur clé de l’acquittement du président Laurent Gbagbo et du ministre Charles Blé Goudé par la Cour Pénale Internationale, nous avons profité pour faire un tour d’horizon de l’actualité socio-politique après le retour au bercail du président Laurent GBAGBO.
Maitre N’dry Claver nous vous remercions de nous accorder cet entretien. Comme nous l’avons dit dans notre lettre de demande. Nous voulons savoir ce que recouvre exactement le concept de Génération de Rupture ?
– La Génération de Rupture est un pacte nouveau que nous proposons aux Ivoiriens en particulier et aux Africains en général. Un nouveau contrat social. Ce contrat se caractérise par un revirement de notre façon de penser et de notre façon de faire. Il y a une urgence pour notre pays qui a atteint un point culminant de détérioration des mœurs dans tous les domaines de telle manière que si rien n’est fait, le navire Ivoire va couler.

Mais le concept de Génération de Rupture s’inscrit-il dans une organisation politique structurée ?
– La Génération de rupture n’est pas un parti politique. Nous nous adressons justement aux membres des partis politiques ivoiriens pour dénoncer leurs manières de faire la politique qui sont la cause du chaos.Je ne suis pas d’accord lorsqu’on fait de la politique une activité contraire à la morale. Si en politique, tous les coups sont permis, alors ce monde court inexorablement à sa perte. Si ceux qui doivent diriger la masse s’exercent à s’affranchir de la morale, il n’y a plus d’espérance. La Génération de Rupture appelle cette majorité d’hommes et de femmes vertueux à un réveil car c’est une minorité qui s’est accaparée de la politique et a travesti son contenu. Cela marche parce que la majorité vertueuse s’est cloitrée et pense que les murmures dans les salons peuvent changer une société. Il faut rompre avec cette façon de faire. Mais à qui la faute ? À ceux qui agissent mal ou à ceux qui regardent sans rien faire ? Nous appelons au réveil des hommes et des femmes de bonne volonté à occuper les domaines de prises de décision pour influencer la cité. Nous ne devons pas être des coauteurs ou des lâches complices de ce chaos garanti. Vous avez compris que nous sommes au-delà des partis politiques. Dans chaque parti, les vertueux, doivent se réveiller et prendre le pouvoir. Malheureusement les vertueux ont peur, ils abandonnent, ils subissent, ils abdiquent. C’est cette façon de faire que nous voulons changer par le concept de Génération de Rupture. Nous voulons dire qu’il ne suffit pas de confesser que vous aimez votre pays la Côte d’Ivoire. Que faites-vous pour éviter l’effondrement ? Les discussions de salon ? Arrêtez d’être les vrais assassins de la nation. Une lampe ne se met pas sous le boisseau. Quand les meilleurs sont silencieux, on entend la voie des médiocres. Et c’est malheureusement leurs discours que la masse retient.

Maitre, si l’on vous comprend très bien, il n’y a pas d’adhésion au sein de la Génération de Rupture comme on prendrait une carte de membre d’une organisation politique ou un mouvement de la société civile ?
-Non. J’ai un autre mouvement de la société civile. Très bientôt, nous allons le faire connaitre. Pour l’heure, sachez que la Génération de Rupture est un contrat social. Un pacte nouveau qui s’adresse aux hommes et aux femmes de bonne volonté. Peu importe leur religion, leur région, leur ethnie. Ce qui compte, c’est la valeur de l’âme car nous sommes fatigués du règne des méchants. Si vous partagez notre idéal, peu importe votre parti frères qui s’appelaient Kéita, Barry, Wassa, Kanté … je ne savais pas que c’était des étrangers. Je marchais avec Coulibaly, Soro, Bakayoko, Fofana… sans que l’origine régionale de mes camarades soit un obstacle. Les méchants ont introduit une division dans ma belle nation au nom de leur boulimie du pouvoir. J’appelle les Ivoiriens de toutes les régions, de toutes les ethnies, de toutes les religions, de tous les partis politiques à ne pas rester assis sans rien faire. Nous devons travailler pour une génération qui vient. Nous devons … (À suivre demain)
Interview réalisée par : VENANCE AKA 21/06/2021
Thèmes de la suite: Les propositions de la Génération de Rupture pour une sortie définitive de la crise en Côte d’Ivoire. Regard sur les circonstances du retour du président Laurent Gbagbo et les perspectives pour la Côte d’Ivoire. À quand le retour du ministre Charles Blé Goudé

C’est la suite de l’Interview réalisée avec Maître Kouadio N’dry Claver.
Il faut arrêter de se considérer comme des enfants. J’appelle à un réveil.
Journaliste : Maitre selon vous, qu’est-ce qui explique l’état de dégradation de la société ivoirienne ?
– J’ai répondu à cette question. Le pays est fondé sur le faux. Tout est faux. Tout est mensonge. Quand une société est basée sur le mensonge, on ne peut assister qu’à cela. J’ai connu beaucoup de pays africains. Je ne dis pas que tout est rose là-bas. Mais le mensonge en Côte d’Ivoire est l’élément central du système. Monsieur quand je vous dis que tout est faux, vous n’imaginez pas le degré d’infestation. Non, je vous en prie, faisons quelque chose. La situation est trop grave. Monsieur, réfléchissons un peu. Mettons de côté notre mésintelligence d’appartenance aveugle à nos différents partis politiques et posons-nous la question : Comment un pays comme la Côte d’Ivoire peut être incapable de produire des pièces d’identité pour ses citoyens ? C’est une catastrophe. C’est méchant. C’est calculateur. Je vais à la banque et je dois produire une attestation d’identité en lieu et place d’une carte nationale d’identité. Pourtant, cela fait un an que je me suis fait enrôler pour avoir ma carte nationale d’identité. Ma situation n’est pas un cas isolé. Il y a assez de choses à revoir. Nous politisons tout. On peut appartenir à un parti politique sans jamais cesser d’être intelligent. Depuis plus de trente ans, nous sommes en otage. Le mal ivoirien est terrible. Il faut guérir ces maux avec une Génération de Rupture. La situation va être sciemment entretenue à des fins électoralistes. On modifie la loi fondamentale pour servir ses ambitions politiques. Depuis 1993, la situation se dégrade progressivement. Nous avons atteint un point culminant. Il faut sauver le navire Ivoire par un revirement de nos mentalités.

Maitre, le président Laurent GBAGBO est rentré en Côte d’Ivoire le jeudi 17 juin 2021 après près de dix ans d’absence liée à son procès devant la Cour Pénale Internationale (CPI). Pour vous, quelles sont les perspectives que ce retour nous offre?
– Pendant dix ans, une partie de la population ivoirienne a vu dans le procès de la CPI contre le président Laurent GBAGBO et du ministre Charles Blé GOUDÉ l’expression d’une injustice nationale et internationale. Tout est bien fini avec un acquittement historique sans que la défense ne présente ses témoins. Pour moi, il y a une occasion de réconciliation. Mais je vais vous surprendre : Je n’attends rien de nos hommes politiques qui s’aiment tellement qu’ils ne restent pas de place pour le peuple. Le peuple est un alibi. Il faut une société civile forte avec des hommes et des femmes capables de mettre l’intérêt de la collectivité au-dessus des ambitions personnelles. Je n’attends rien de nos hommes politiques actuels. Ils ne poseront des actes que lorsqu’ils seront les premiers bénéficiaires. Ils sont incapables de s’oublier au profit du grand nombre. Il faut une Génération de rupture. Ils ne poussent aucun pion par amour pour la nation. À présent, ce qui les intéresse, c’est 2025. Les calculs personnels. Ils sont au-dessus du peuple. Je n’attends rien de ces hommes politiques.

Maitre, s’il vous plait, nous voulons finir cette interview avec cette question d’actualité. La demande de divorce présentée par le président Laurent GBAGBO qui veut se séparer de madame Simone GBAGBO. Quel est votre avis sur la question ?
– Au mois de mai, j’étais dans un village et j’ai vu des élèves assis pratiquement dehors pour être formés. J’observe que les autorités sont évacuées à l’étranger pour aller se faire traiter alors que le pauvre attend toujours l’effectivité de l’assurance maladie. Je pense aux détenus qui ne sont pas jugés depuis des années… J’ai tellement de choses dans la tête que les affaires privées de ce genre ne peuvent pas focaliser davantage mon esprit. Je veux rester concentré.

Interview réalisée par VENANCE AKA