Mamadou Ben Soumahoro pour les 55 ans de la Côte d’Ivoire
Ce soir je pense à l’honorable Mamadou Ben Soumahoro, le « Prophète des temps modernes », comme je m’amusais à l’appeler.
Encore une fois tu as eu raison trop tôt, papa Ben.
Claudus Kouadio
• Permettez moi de partager avec vous quelques morceaux du dernier texte qu’il m’avait demandé de publier sur les réseaux sociaux… C’était il y a 5 ans jour pour jour.
[ LETTRE DE L’HONNORABLE MAMADOU BEN SOUMAHORO À LA JEUNESSE CONSCIENTE DE COTE D’IVOIRE ]La Côte D’Ivoire a 55 ans aujourd’hui, soit 5 ans de plus que SINGAPOUR qui n’a jamais eu ni pétrole ni cacao. Allons droit au but : je ne m’excuserai pas de vous déplaire mais notre pays me désespère. Inutile de cacher notre honte et notre incurie généralisée derrière notre petit doigt. Je suis saisi d’une grande tristesse pour les jeunes et pour le temps perdu. Le pire, c’est que l’avenir aussi est compromis. Nous avions 20 ans au départ de cette grande et belle aventure nommée INDEPENDANCE avec un bon et grand chef Felix Houphouët-Boigny dont le seul nom, l’extraordinaire intelligence et l’expérience auraient pu être pour nous un levier inimitable. Mais nous n’avons pas su assumer notre part de responsabilité et d’action.
Aujourd’hui encore la Côte d’Ivoire continue de faire la promotion de discours creux d’imposteurs sans scrupules. Ceci ne laisse augurer rien de bon pour les prochaines 55 années.
Ce départ-ci est pire que celui de ma génération parce qu’il hérite en plus de situations dramatiques générées par l’incapacité des nouveaux dirigeants et leur manque cruel d’imagination créatrice. Nous sommes passés du générique « Indépendance cha-cha’ » à » Faut pas fâché, nous samizé » , de Charybde en Scylla et même du transfert du pouvoir régalien à la brutalité juvénile droguée, incontrôlée et dangereuse des ‘’ microbes d’Abobo ‘’.
Nous avons même obtenu en prime un État Policier qui a créé une suspicion et une méfiance généralisées soutenues par les cameras publiques et la technologie de la téléphonie mobile utilisées désormais contre des citoyens libres, mis sous surveillance permanente comme des terroristes.
[…]
Vraiment je suis profondément triste. 55 ans c’est long et l’échec est gravissime. Pas assez de larmes pour pleurer !
Au regard de ce que j’observe et que vous pouvez observer avec moi il est évident que je ne suis pas ivoiro-optimiste comme ce condamné à mort qu’on emmène à l’échafaud. Devant la guillotine dressée, l’administrateur-régisseur de la prison lui apporte une lettre de sa femme. Au moment de la découpe du col de sa chemise il se retourne et dit au régisseur : << Déposez-la dans le panier. Je la lirai tout à l’heure à tête reposée>>.
Le peuple ivoirien va-t-il se laisser écraser et spolier une nouvelle fois comme en 2011 par des escobars qui ne comptent que sur les armes, les dozos, les rebelles et les mercenaires introduits clandestinement et nuitamment dans notre pays pour l’empêcher d’user de ses droits constitutionnels ? De toutes manières même le désespoir a trois portes : l’Impasse, la solution Humaine ou la solution Divine.
Mamadou Ben Soumahoro.