Décret élargissant la provenance des animaux de laboratoire : « La porte ouverte au pire »
Chiens de chasse et animaux vendus par leur maître pourront, eux aussi, subir l’enfer de l’expérimentation animale. ©Thomas Loire /Flickr
Les élevages de chiens de chasse, d’animaux de compagnie ou encore les particuliers peuvent désormais… vendre leurs animaux à des laboratoires ! Jusqu’à présent, les « cobayes » provenaient exclusivement de fournisseurs agréés, sauf dérogation exceptionnelle. La Fondation 30 Millions d’Amis dénonce un recul inadmissible, alors même que 86 % des Français souhaitent l’interdiction totale de l’expérimentation animale.
La République en marche… arrière ! Alors que les Français vivaient leur tout premier jour de confinement, le 17 mars 2020, le gouvernement profitait du contexte de crise sanitaire pour passer – en toute discrétion – un décret « modifiant certaines dispositions relatives à la protection des animaux utilisés à des fins scientifiques ». Jusqu’à présent, les animaux utilisés dans des procédures expérimentales devaient « avoir été élevés à cette fin et provenir d’éleveurs ou de fournisseurs agréés ». Des dérogations n’étant possibles que « lorsque la production des éleveurs agréés est insuffisante ou ne convient pas aux besoins spécifiques du projet » (art. R. 214-90 du code rural)… une condition désormais supprimée !
« N’importe qui peut vendre son chien à un laboratoire »
Un retour en arrière de plus de 30 ans !
Reha Hutin
D’apparence faussement anodine, ce changement législatif correspond en fait à un terrible recul en matière de protection animale. « Depuis la réglementation de septembre 1986, les animaux destinés à la vivisection doivent provenir uniquement de fournisseurs agréés et connus, explique Christiane Laupie, secrétaire générale et fondatrice du Comité scientifique Pro Anima, partenaire de la Fondation 30 Millions d’Amis. Ce décret, c’est la porte ouverte au pire ! Élevages de chiens de chasse, particuliers, n’importe qui peut vendre son animal à un laboratoire. » Une régression totale, qui s’avère en outre contraire à la directive 2010/63/UE de l’Union européenne encadrant la provenance des animaux promis à l’expérimentation.
« Le gouvernement nous impose un retour en arrière de plus de 30 ans, s’indigne Reha Hutin, présidente de la Fondation 30 Millions d’Amis. Ce décret montre le manque de volonté politique pour chercher des méthodes substitutives à l’expérimentation animale, préférant la solution de facilité : celle de gaspiller des vies ! Non seulement cela va à l’encontre de l’opinion d’une majorité de citoyens, favorables au renforcement de la protection des animaux et à une retraite systématique pour les cobayes en état d’être adoptés, mais cela risque aussi d’encourager un énorme trafic de chiens volés à leur maître pour être revendus à des laboratoires, comme c’était le cas jadis. »
La Fondation 30 Millions d’Amis soutient depuis plusieurs années le développement du test « Valitox », réalisé sur des cellules humaines en culture afin de déceler l’éventuelle toxicité aiguë d’une substance sans utiliser d’animaux. 86 % des Français réclament l’interdiction totale de l’expérimentation animale, lorsque des alternatives sont disponibles (baromètre de la Fondation 30 Millions d’Amis /Ifop – 2020).
Signez notre pétition pour interdire l’expérimentation animale